Une femme est extirpée des décombres de l'édifice Rana Plaza au Bangladesh
Photo Credit: AP Photo/Kevin Frayer

L’industrie textile secouée par la tragédie au Bangladesh

L’effondrement meurtrier d’une usine textile à Savar au Bangladesh il y a une semaine provoque une onde de choc dans une industrie mondialisée où les responsabilités sont souvent diffuses.

Plus de 400 personnes ont trouvé la mort quand l’édifice de huit étages s’est écroulé alors que le personnel de cinq manufactures de vêtements était au travail. 149 personnes sont portées disparues. Près de 3000 ouvriers se trouvaient sur les lieux au moment de la tragédie.

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Corinne Gendron © Nancy Lessard UQAM

Pour Corinne Gendron, professeure à l’Université du Québec à Montréal et titulaire de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable, la tragédie nous oblige à nous demander jusqu’où va la responsabilité sociale des marques occidentales.

Selon elle on ne peut pas externaliser cette responsabilité sociale en prétextant qu’on est en présence d’une compagnie distincte sur le plan juridique.

Elle rappelle qu’il y avait eu une forte mobilisation il y a quelques années autour des conditions de travail de ces ouvriers et qu’ils étaient nombreux à croire que plusieurs choses avaient été réglées du côté des sous-traitants du textile.

L’effondrement du Rana Plaza vient nous rappeler qu’il y a encore beaucoup de travail à faire de ce côté selon elle.

Elle répond aux questions d’Adrien Lachance.

Écoutez

Le drame survenu au Bangladesh pourrait faire craindre aux détaillants occidentaux une dégradation de leur image.

En ce premier mai, jour de la Fête du Travail, des dizaines de milliers de manifestants, criant «Pendez les tueurs ! Pendez les propriétaires d’ateliers !», ont défilé dans les rues du pays et réclamé justice pour les victimes du drame.

Depuis l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza, les entreprises donneuses d’ordre sont sous pression, avec le lancement des premières indemnisations et les multiples appels à la transparence du circuit d’approvisionnement de la filière du textile.

Le groupe canadien de grande distribution Loblaw, qui est lié au drame à travers sa filiale d’habillement bon marché Joe Fresh, a promis une aide «significative». La marque britannique Primark avait été la première à se manifesté dès lundi, sans préciser le montant des aides financières à venir.

A ce jour Loblaw et Primark sont les seules enseignes à avoir confirmé s’approvisionner auprès des ateliers du Rana Plaza. La responsabilité du propriétaire de l’immeuble, Sohel Rana, inculpé d’homicide volontaire par négligence, est établie dans ce drame. L’immeuble avait été construit sans autorisation légale.

Le drame renvoie aussi à la responsabilité des consommateurs occidentaux. Seraient-ils prêts à payer plus cher leurs vêtements, afin d’assurer que les travailleurs des pays en développement soient bien traités? Des initiatives comme le Collectif Éthique sur l’étiquette tentent en tout cas depuis plusieurs années de les conscientiser à ce sujet.

Catégories : Économie, International, Politique, Société
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