Suicide

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Photo Credit: IS / iStock

Étudier l’évolution du suicide au Québec depuis 1763

Depuis maintenant quelques années, le sociologue et criminologue Patrice Corriveau et son équipe de chercheurs de l’Université d’Ottawa lisent, annotent, classent des lettres laissées par des Québécois qui ont commis l’irréparable, le suicide.

Un exemple :

Je n’ai rien vu venir. Tout allait bien, en apparence du moins. Et puis là, elle me l’a annoncé. Entre deux sanglots, j’ai entendu le mot de dix lettres que tous les couples redoutent : séparation. Je ne sais pas si le monde s’est écroulé sur moi, si cela venait de l’extérieur ou de l’intérieur, si j’explosais ou si j’implosais, ce que je sais c’est que j’ai eu mal à en mourir.

Longtemps considéré comme un crime, le suicide est devenu au fil des années un problème de santé mentale. Au cours des prochaines années, les chercheurs colligeront plus de 5 000 lettres écrites ou répertoriées, qui, l’espèrent-ils, nous permettra d’en apprendre sur l‘évolution du suicide au Québec depuis 1763.

Des événements éprouvants du XXe siècle

La Première Guerre mondiale, la grande dépression économique qui a suivi le krach boursier en 1929 et qui a perduré jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, les vagues d’immigration de Canadiens français (qui s’appelaient eux-mêmes « des Canayens») vers les usines de la Nouvelle-Angleterre au nord-est des États-Unis, voilà trois événements majeurs qui auraient poussé les Québécois au suicide. Dans de nombreuses lettres, on s’adresse à Dieu, on demande pardon » dit le professeur Corriveau.

Les années 50

Autre charnière dans l’évolution du suicide au Québec, celle des années 50. Le Québec est à l’aube de « la Révolution tranquille », terme qui décrit le changement en profondeur qu’aura connu la société québécoise à parti de cette période : création du ministère de l’Éducation, nationalisation de l’électricité, marginalisation de l’emprise de l’Église sur l’ensemble de la vie sociale, montée en puissance du sentiment nationaliste, etc.

Si le Québec d’avant les années 50 était une des sociétés où l’on se suicidait le moins, c’est tout le contraire par la suite. De 1950 à 2000, le nombre annuel de suicides est multiplié par 9, passant de 145 à plus de 1 300 cas par année. Triste palmarès, au sein des pays membres de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), le Québec d’aujourd’hui est en tête.

 Patrice Corriveau, Université d'Ottawa
Patrice Corriveau, Université d’Ottawa © www.uottawa.ca

Le professeur Patrice Corriveau de l’Université d’Ottawa parle de cette recherche et de la banque de données à être montée au micro de Raymond DesmarteauÉcoutez

Catégories : Santé, Société
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