IGA

Photo Credit: Martin Labbé

Interdiction de parler anglais. Le gérant d’une épicerie québécoise se transformerait en justicier de la langue

L’espagnol aussi et d’autres langues ne seraient pas les bienvenues

Des employés d’une épicerie à quelques kilomètres au sud du centre-ville de Montréal affirment que leur gérant a décidé de leur interdire de parler anglais entre eux.
Une jeune employée de 17 ans a alerté les médias anglophones de sa ville pour dénoncer le fait que le gérant d’une épicerie IGA dans la petite municipalité de Saint-Lambert aurait décidé de manière unilatérale, et illégale d’interdire à tous ses employés d’échanger en anglais non pas uniquement en présence des clients, mais aussi lorsqu’ils sont en période de repos.

Meaghan Moran, 17 ans, affirme que lorsqu’elle a obtenu un emploi à temps partiel pour travailler dans une épicerie IGA sur boulevard Sir-Wilfrid-Laurier à Saint-Lambert tout ce qu’elle voulait, c’était un travail à temps partiel, mais que cela s’est plutôt changé en une dure leçon sur l’usage de langue au Québec et le climat de restriction de plus en plus prévalent qui règne dans cette province depuis l’élection il y a neuf mois d’un gouvernement du Parti Québécois.

Une anglophone parfaitement bilingue, Meaghan Moran, a déclaré au réseau de télévision CTV à Montréal, affirme qu’elle a d’abord été prévenue par un ami dans la salle à manger des employés de faire attention ce qu’elle disait et de diminuer son utilisation de l’anglais parce que la direction ne l’aimait pas. Puis elle a reçu un avertissement.

Meaghan Moran affirme : « si je veux parler à mon ami sur ma pause en anglais, je devrais être autorisé. Ça devient trop restrictif. »

La langue anglaise ne serait pas la seule qui dérange

La propriétaire du magasin, Louise Menard, a refusé d’accorder une entrevue à la caméra, mais elle a expliqué son raisonnement dans un entretien téléphonique. Elle dit qu’elle pense que lorsque les employés parlent leur propre langue entre eux, que ce soit en anglais, espagnol ou russe, même sur leur propre temps dans la salle des professeurs, cela crée des tensions et des malentendus dans le lieu de travail.

Menard souligne toutefois que parler uniquement le français dans son établissement n’est pas nécessaire, c’est plutôt demandé.

Ce n’est pas ce que disent certains employés de son magasin de Saint-Lambert cependant. D’autre part, Meaghan Moran a enregistré selon le réseau CTV cette conversation avec deux de ces supérieurs : « Si nous permettons à d’autres langues que le français soit parlé, ce qui va se passer dans la chambre de ses employés? Nous aurons un ghetto. Nous aurons un petit groupe d’Espagnol, un petit groupe d’Anglais »

Opinions légales

Le spécialiste du droit constitutionnel et des droits de l’homme Julius Grey estime que toute cette situation représente une violation flagrante de la liberté d’expression et du principe d’égalité entre citoyens au Canada.

« C’est une demande qui n’a tout simplement pas de justification suffisante pour aller à l’encontre des droits fondamentaux », a déclaré Grey.

L’Office québécois de la langue française et sa porte-parole Martin Bergeron affirment qu’il n’y a aucune disposition dans la Charte de la langue française qui empêche les employés de parler anglais entre eux au cours d’une journée de travail.

Meaghan Moran, entre-temps, est à la recherche d’un autre emploi d’été, et envisage de déposer une plainte auprès de la Commission des droits de la personne du Québec.

Catégories : Immigration et Réfugiés, Politique, Société
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