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Le Québec veut sa propre agence d’aide internationale

Non au virage commercial de l’aide internationale canadienne effectué par Stephen Harper.

Dans la province du Québec, le ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur, Jean-François Lisée, désapprouve la façon de faire du gouvernement canadien de Stephen Harper en matière d’aide internationale. Il jongle donc avec l’idée que le Québec devrait faire cavalier seul dans ce domaine et créer sa propre agence d’aide internationale.

À Montréal, lundi, Jean-François Lisée a donc appuyé dans leur ensemble les conclusions d’un rapport de 66 pages de son ministère qui après avoir consulté une soixantaine d’intervenants et d’experts suggère la création d’une agence québécoise de solidarité internationale (AQSI).

Le document mentionne que le Québec devrait continuer de mettre l’accent sur l’Afrique francophone, l’Amérique latine ainsi qu’Haïti dans les secteurs de l’éducation, de la coopération, de l’économie sociale, des droits de la personne, de l’agriculture ainsi que de la santé.

Aide-mémoire…

  • Les intérêts économiques canadiens sont une considération clé depuis un bon moment déjà dans les décisions que prend le gouvernement conservateur canadien de venir en aide ou non à des pays en voie de développement.
  • Le nouveau Plan d’action diplomatique du Canada dévoilé formellement l’automne dernier prévoit accroître de 29 % à 50 % d’ici 2018 la présence des PME canadiennes sur les marchés étrangers et de faire passer le nombre de PME canadiennes sur les marchés émergents de 11 000 à 21 000 entreprises.
Jean-François Lisée
Jean-François Lisée © PC/Jacques Boissinot

Une critique fondamentale de la nouvelle approche canadienne tournée vers le commerce

Jean-François Lisée estime que le Canada commet une erreur en soumettant sa politique de solidarité internationale à des critères de rendements économiques pour les entreprises canadiennes : « La solidarité, ça ne doit pas être soumis aux intérêts commerciaux. »

M. Lisée ne croit pas qu’il soit possible de remplacer l’Agence canadienne de développement international (ACDI), dont l’orientation a été transformée par les conservateurs l’an dernier, mais il estime que le Québec est capable de mettre sur pied son propre organisme. « On aimerait bien la remplacer (l’ACDI), mais nous n’avons pas les budgets pour le faire, a dit le ministre. On va se donner une structure légère à l’intérieur du ministère des Relations internationales avec un comité de gens de tous les horizons du développement qui vont nous conseiller. »

Le budget initial de l’agence serait d’environ 6 millions de dollars, mais il pourrait rapidement doubler. Son budget idéal, selon M. Lisée, serait d’environ 50 millions de dollars.

Une initiative menacée par la tenue prochaine d’élections provinciales?

Le ministre des Relations internationales a expliqué qu’il serait possible de déposer un projet de loi dès le printemps afin de créer l’AQSI, et ce, en dépit des rumeurs d’élections qui circulent. « Notre mandat n’est pas terminé, a rappelé M. Lisée. Je souhaite que l’initiative soit non partisane. Nous avons été en consultations avec les libéraux, la Coalition avenir Québec et Québec solidaire.

Le ministre conclu : « Quoi qu’il arrive, j’ai l’intention de convaincre les autres parlementaires d’appuyer le projet. »

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Le Canada est-il encore capable d’aide humanitaire désintéressée? Écoutez

La nouvelle maxime du Canada en matière d'aide internationale.
La nouvelle maxime du Canada en matière d’aide internationale. © http://www.acdi-cida.gc.ca

La petite histoire du virage économique de l’aide internationale canadienne

Les Canadiens ont senti qu’un nouveau vent soufflait dans la manière dont notre pays allait concevoir son aide internationale il y a 5 ans.

À cette époque, affirmant vouloir revoir l’efficacité de notre aide internationale, le gouvernement du Canada annonçait qu’il allait dorénavant investir 80 % de ses ressources bilatérales dans seulement 20 pays ciblés en conformité avec les priorités de la politique étrangère du Canada. Restait alors à définir plus ouvertement ce qu’étaient ces nouvelles priorités de notre politique étrangère.

En septembre 2013, dans un geste perçu comme un abandon des principes de l’Agence canadienne de développement international I au profit d’intérêts commerciaux, le gouvernement annonçait que ses diplomates et ambassades devraient dorénavant travailler au service de l’industrie canadienne.

C’est aussi en 2013 que le gouvernement de Stephen Harper a annoncé que l’Agence canadienne de développement international allait se fondre au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, créant ainsi un super ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement.

Liens externes

Solidarité internationale: le Québec veut sa propre agence – LaPresse

Association québécoise des organismes de coopération internationale

Aide internationale canadienne: dangereux virage – Le Devoir

Des ONG québécoises accusent Harper de détourner des fonds destinés à l’aide internationale – Radio-Canada

Catégories : Économie, International, Politique, Société
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