Denis Lortie s'assoit sur la chaise du président

Denis Lortie s'assoit sur la chaise du président de l'Assemblée nationale à Québec le 8 mai 1984.

Québec : La fusillade de l’Assemblée nationale en 1984 vue de l’intérieur

Le 8 mai 1984 dans la ville de Québec, le caporal Denis Lortie faisait irruption à l’Assemblée nationale. Il tira plusieurs rafales de mitraillette qui feront trois morts et treize blessés. Une histoire, qui a fait le tour du monde, et qui est restée gravée dans la mémoire de ceux qui ont vu les événements de près.

Yves Gaboury, aujourd’hui à la retraite, travaillait alors au Bureau du directeur général des élections. Il se souvient de l’homme armé qui a surgi, il y a trente ans aujourd’hui, dans l’antichambre du Salon bleu où il se trouvait. Ce jour-là, l’équipe du Directeur général des élections était sur place pour participer à une commission parlementaire.

« C’est là qu’est arrivé Lortie à la porte, comme ça. Il dépose son sac et sort sa mitraillette. Je voyais mes collègues de travail qui paniquaient et qui allaient se cacher, qui se sauvaient et quand j’ai vu qu’il chargeait son arme et commençait à tirer, mon réflexe a été de monter sur la chaise et me mettre à crier au lieu d’aller me protéger », se rappelle avec précision M. Gaboury.

« C’est une de mes collègues qui m’a repris par le bras, m’a ramené en dessous d’une table et pendant ce temps, les balles fusaient. Je me demande encore comment ça se fait que je n’ai pas été touché. »

Dans la salle, deux de ses collègues sont grièvement blessés. La peur s’installe alors que Lortie continue son chemin vers le Salon bleu de l’Assemblée nationale.

Une fois rendu dans le Salon bleu, Denis Lortie essaie de démolir, par de multiples rafales de mitraillette, la caméra télécommandée qui sert à enregistrer les débats. Les employés sur place qui s’affairent à préparer la salle pour la commission parlementaire tentent de se cacher entre les pupitres des députés.

Les événements se bousculent et c’est finalement le sergent d’armes René Jalbert, un ancien militaire, qui, après quatre heures de négociations, amène le tireur à se rendre.

Denis Lortie va finalement accepter de se rendre après avoir discuté longuement avec René Jalbert.
Denis Lortie va finalement accepter de se rendre après avoir discuté longuement avec René Jalbert.

Un enfer s’est créé autour de moi

Gaétan Gingras, qui travaillait aussi pour le DGE, parle publiquement pour la première fois de l’événement qui a changé sa vie.

« Je me souviendrai toujours, il [Denis Lortie] dit : « là, je fais le ménage ». Et là, la mitraillette part et ce que j’ai vu, ce qu’on ne croit pas dans les films, le fameux feu qui sort du canon, ça existe et là, on court un peu partout, Moi, je cours sur les chaises pour me sauver », relate-t-il.

Gaétan Gingras , témoin de la fusillade du 8 mai 1984
Gaétan Gingras , témoin de la fusillade du 8 mai 1984

S’il a évité les blessures physiques lors des événements, Gaétan Gingras a souffert pendant de longues années de blessures psychologiques.

« Il y a comme eu un enfer qui s’est créé autour de moi : la peur de sortir, la peur des rassemblements de foules et j’ai développé ce qu’on appelle la phobie des sorties, des portes d’urgence. Ça a duré environ 6, 7 ans cette chose-là. »

L’Assemblée nationale va se rappeler

Hier en après-midi, le président de l’Assemblée nationale, Jacques Chagnon, a annoncé la production d’une plaque à la mémoire des victimes pour commémorer le 30e anniversaire de la fusillade.

La plaque commémorative sera installée dans l’hôtel du Parlement et la date du dévoilement sera annoncée ultérieurement.

Camille Lepage, Georges Boyer, deux messagers de l’Assemblée nationale, et Roger Lefrançois, du DGE, sont disparus lors de cette journée funeste du 8 mai 1984.

RCI et Radio-Canada

Catégories : Politique, Société
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