Photo Credit: Associated Press

Estuaire du Saint-Laurent : Ottawa délaisse-t-il les bélugas ?

Des références à la création d’une zone de protection marine (ZPM) dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent, dans l’est du Canada, disparaissent du site de Pêches et Océans Canada.

Cette zone devait être créée pour protéger les bélugas et autres mammifères marins qui fréquentent le secteur. Ce projet était à l’étude depuis 15 ans.

Le directeur général de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP), Patrick Nadeau, craint que ce projet de créer une aire marine protégée dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent au Québec soit maintenant abandonné par Ottawa.

La zone envisagée s’étendait sur 6000 kilomètres carrés, soit de L’Isle-aux-Coudres à Métis-sur-Mer au Québec, en passant par Cacouna, où la compagnie TransCanada souhaite implanter un port pétrolier.

Patrick Nadeau soutient que le gouvernement fédéral a modifié les mentions au projet de zone protégée sur son site Internet et aussi modifié le mandat du groupe de travail affecté à ce projet.

Sur le site de Pêches et Océans, la zone de l’Estuaire est maintenant désignée comme site d’intérêt pour la création d’une ZPM.  Pêches et Océans Canada indique qu’il s’agit d’une modification terminologique et que le projet est toujours à l’étude.

Le directeur général de la Société pour la nature et les parcs du Canada s’inquiète de ce recul possible, notamment en raison du projet de la pétrolière TransCanada à Cacouna.

« Clairement, il y a un conflit qui s’installe, commente Patrick Nadeau, le ministère de Pêches et Océans est le même ministère qui a autorisé le permis pour permettre à TransCanada d’effectuer les travaux à Cacouna. Le Ministère est carrément en conflit d’intérêts. Il a le mandat à la fois de délivrer les permis, mais aussi de protéger la zone. Malheureusement, la notion de protection semble avoir disparu. »

La raison principale de la création de cette zone est vraiment la protection des mammifères marins, rappelle M. Nadeau, et c’est une protection légale et assez musclée.
« C’est le Ministère qui poussait ce projet, c’est donc d’autant plus étrange qu’il semble aujourd’hui l’avoir abandonné », ajoute le porte-parole de la SNAP.

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Bélugas © Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM)

Zones de protection marine au Canada

Les zones de protection marine sont des territoires marins assujettis à une réglementation en fonction des objectifs visés. Par exemple, un objectif de protection des mammifères marins peut entraîner une mesure relative à la vitesse des cargos qui traversent la zone.

Au Canada, à peine 1,3 % des zones marines sont protégées. Il devrait y en avoir 10 %, selon les engagements internationaux du pays, souligne le porte-parole de la SNAP. « On trouve incompréhensible que Pêches et Océans supprime un de ses projets alors que ce bilan est bien triste », ajoute M. Nadeau.

Professeur en écotoxicologie marine à l’Université du Québec à Rimouski, Émilien Pelletier croit qu’il faut attendre une explication valide de Pêches et Océans Canada.

M. Pelletier souligne toutefois que la zone de protection marine n’empêcherait en rien l’établissement du port pétrolier à Cacouna. « Il n’y a pas de réglementation dans une zone de protection marine qui ferait une chose pareille, mais il pourrait y avoir des mesures pour réglementer la circulation », explique le chercheur.

Il existe huit zones de protection marine au Canada, dont deux au Québec, soit celle située à l’embouchure de la rivière Manicouagan et celle du parc marin du Saguenay. La création de la ZPM de l’estuaire du fleuve Saint-Laurent viendrait compléter la protection d’une zone considérée comme la pouponnière des bélugas.

RCI avec Radio-Canada (selon un texte de Joanne Bérubé)

Catégories : Environnement et vie animale, Politique
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