Le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso, le premier ministre canadien Stephen Harper  et le président de du Conseil européen Herman Van Rompuy.

Le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso, le premier ministre canadien Stephen Harper et le président de du Conseil européen Herman Van Rompuy.
Photo Credit: PC / Adrian Wyld

Un vol de retour aux frais des Canadiens offert à deux hauts dirigeants européens

Parce qu’il a ajouté une réception à Toronto à l’horaire chargé des délégués européens au sommet qui se tenait la semaine dernière à Ottawa, le premier ministre conservateur Stephen Harper leur a offert une envolée gratuite vers Bruxelles, au frais des contribuables canadiens .

Cette réception torontoise ajoutée à l’horaire faisait que les Européens ne pouvaient pas prendre un vol commercial comme prévu en partance d’Ottawa, ce qui leur aurait permis d’être à temps à une réunion prévue à Bruxelles samedi.

L’estimation des frais de ce vol offert serait de plus de 300 000$.

Le porte-parole du premier ministre Harper, Jason MacDonald, a déclaré que le vol aux frais des contribuables offert aux délégués s’est présenté comme étant une solution qui permettait au sommet d’Ottawa d’aller au bout de son agenda.

Soit, mais le sommet en question se tenait à Ottawa et le seul événement torontois était une réception ajoutée par le premier ministre Harper à laquelle ont participé monsieur Harper, les délégués de l’Union européenne et plusieurs centaines de représentants de la communauté d’affaires de la métropole canadienne.

Herman Van Rompuy, président du Conseil européen et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne étaient à Ottawa vendredi afin de signer l’entente de libre-échange négociée entre L’Union européenne et le Canada.

Reçus par une garde cérémonielle militaire sur la Colline Parlementaire, les deux leaders européens voyagent normalement par vols commerciaux. Ils sont arrivés à Ottawa à bord d’un vol d’Air Canada venant de New York où ils avaient participé à une autre rencontre officielle.

Par contre, à peine quatre jours avant le sommet d’Ottawa pour la signature du traité de libre-échange Canada-UE, le gouvernement Harper a ajouté à l’horaire une réception avec des représentants de la communauté d’affaires de Toronto, ce qui a eu pour effet que la délégation européenne aurait raté son vol de retour vers Bruxelles.

C’est pour cette raison que monsieur Harper leur a offert un passage sur l’Airbus des Forces canadiennes qu’il utilise à ses fins officielles lorsqu’en déplacement au pays ou à l’étranger.

Comme une visite royale britannique

Ces changements de dernière minute ont forcé les officiels canadiens à se lancer dans un branle-bas de combat : réservés des limousines, assurer la sécurité des visiteurs  au-delà de ce qu’il est convenu d’appeler un « niveau 3s » dans les dossiers protocolaires et sécuritaires. Messieurs Van Rompuy et Barroso n’ont pas une désignation de niveau de sécurité exigée aussi élevé que celle des chefs d’État en visite au Canada.

Par contre, selon un courriel envoyé aux Services de police de protection de la Gendarmerie royale du Canada et dont nos collègues de CBCX News ont obtenu copie, il y avait « une exigence de services complets » de la part du bureau du premier ministre.

On peut lire dans la note: « It is a ‘British royal tour/visit equivalence’ from the Centre’s perspective »  (trad.: c’est l’équivalence d’une visite royale dans la perspective du Centre.)

« Le Centre » est l’appellation donnée par les fonctionnaires au bureau du premier ministre.

C’est donc dire que les deux leaders européens ont été « surclassés » et qu’ils ont reçu le traitement royal.

L’Airbus A310 des Forces canadiennes coûte 22 5374/heure si l’on se fie aux données de 2012.  Un aller-retour Toronto-Bruxelles de quinze heures coûterait donc 338 055$.

Cela ne comprend pas les frais de réception à Toronto au cours de laquelle le quatuor canadien The Tenors et un ensemble de jazz composé de musiciens des Forces canadiennes faisaient les frais du divertissement.

Pour le vol Ottawa-Toronto, messieurs Van Rompuy et Barroso ont voyagé à bord de l’Airbus A310 avec le premier ministre Harper.

Un tour d’honneur à grands frais

Parmi les invités à l’événement qui se déroulait à l’hôtel Royal York au cœur de Toronto, on retrouvait Greg Thomas, directeur de la Canadian Taxpayers’ Federation  (trad.: Fédération des contribuables canadiens). Monsieur Thomas a affirmé que son organisation enverrait un chèque au gouvernement canadien pour couvrir les frais de sa participation à la réception tout en soulignant que l’aller-retour à bord de l’Airbus était tout simplement un cadeau au frais des contribuables canadiens.

« Tour d’honneur ou pas, rien ne justifie de dépenser 300 000$ à si court avis pour ce qui, en somme, n’est qu’un spectacle politique.»

Il a ajouté: « De nombreux Canadiens peuvent comprendre que ça coûte si cher quand le pays accueille la famille royale. Mais, d’offrir un traitement royal à des bureaucrates européens, ça ne passera pas vraiment bien au Canada, peu importe où au pays. Une réception comme celle-là aurait très bien pu se tenir à Ottawa; ils auraient épargné 300 000$ et auraient eu le même effet.»

Le néo-démocrate Don Davies, député de la circonscription de Vancouver Kingsway, abonde dans le même sens.

« Ce n’est qu’une tentative de dernière minute de la part du gouvernent Harper de se servir de ces hauts responsables européens comme accessoires de scène dans sa perpétuelle mise en scène pour les Canadiens. C’est, je crois, une mauvaise allocation de fonds publics. »

Le porte-parole du premier ministre Harper, Jason MacDonald a déclaré : « Le voyage en Airbus a été offert à nos invités de l’Union européenne à titre de courtoise de sorte qu’aucun dossier du sommet de vendredi ne soit mis de côté. »

Catégories : Économie, Politique
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