Des feux de forêt et de brousse en Sibérie ont été si intenses qu’ils ont fait fondre le pergélisol. Une inondation en Alberta a paralysé la capitale canadienne du pétrole, Calgary. La présence d’algues toxiques a augmenté de 1 000% dans le lac Winnipeg au Manitoba depuis 1990.
Tous ces événements et plusieurs autres sont intimement reliés affirment les auteurs – dont l’ancien premier ministre canadien, Jean Chrétien – d’un livre publié sous l’égide des Nations unies et intitulé « Water, Energy and the Arab Awakening » (trad. : L’eau, l’énergie et le réveil arabe) et publié le 16 octobre dernier.
On y affirme que le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui ne peut plus se permettre d’ignorer les effets des changements climatiques sur les pluies sur Terre et leurs conséquences pour l’humanité entière.
« Il y a corrélation entre la sécurité aquatique, la sécurité alimentaire et la sécurité énergétique », affirme l’éditeur Zafar Adeel. « Nous avons dépassé le point où nous pouvions encore considérer ces réalités séparément. »
Robert Sanford, un des plus éminents chercheurs canadiens sur l’eau et coauteur du livre souligne : « Songez à ce qui s’est produit en 2013. Une inondation majeure s’est produite à Calgary. Deux semaines plus tard, Toronto a reçu en deux heures plus de pluie qu’elle n’en reçoit en moyenne en un mois. »
Pendant ce temps, le Global Nature Fund a déclaré que le lac Winnipeg était « le lac le plus menacé de 2013 » depuis que des pluies de plus longue durée et de plus grande intensité s’abattaient sur la région, entraînant avec les eaux de ruissellement des tonnes de fertilisants chimiques et de déchets animaux.
Et dans le nord de la Sibérie, des centaines de feux de forêt ont été suivis de pluies tellement abondantes qu’un million de kilomètres carrés ont été inondés.
Le Dr Sanford souligne que de nombreux épisodes d’inondation au Canada sont semblables à ce qui s’est produit dans le nord de la Sibérie.
Il semblerait que les orages et les systèmes météorologiques de perturbations atmosphériques tendent à faire du sur place plutôt que de poursuivre leurs routes. Leur dynamique interne se rapproche beaucoup plus de ce qu’on trouve dans les orages tropicaux que dans les orages des régions tempérées.
Des recherches récentes émettent l’hypothèse que le déclin de la couverture glacière en Arctique soit aussi une conséquence de ces effets. Bien que cette théorie demeure controversée, le Dr Sandford affirme qu’il y a un fil conducteur entre un Arctique plus chaud, un courant-jet plus faible et des épisodes météorologiques extrêmes.
Ces effets sont cumulés dans ce qu’il est convenu d’appeler dans le jargon scientifique de « rivière atmosphérique », les grands courants d’air en haute altitude qui transportent l’humidité, l’hydratation, autour du globe, comme le Pineapple Express qui transporte l’humidité le long de la côte ouest de l’Amérique du Nord.
C’est la collision de trois de ces courants de haute altitude qui ont causé les inondations en Russie.
Ces changements se produisent partout sur l’hémisphère nord. Souligne Zafar Adeel.
« Dans le monde arabe, nous avons constaté une convergence d’impacts sur les populations, des changements et des défis sociaux, le tout combiné à la rareté de l’eau et à la sécurité alimentaire. Quand vous avez une telle convergence d’événements, des situations explosives ne peuvent que se produire. »
Le livre propose la construction d’un pipeline de 180 kilomètres pour amener de l’eau de la Mer Rouge vers la Mer Morte afin d’améliorer les perspectives environnementales, énergétique et de paix de la région.
« Pour les Canadiens, il est fort probable que des réalités ont une incidence sur leur quotidien, de dire le Dr Sandford. Par contre, nous devons prendre sérieusement en compte le fait que notre hydrologie est en mutation et que l’hydrologie de tout l’hémisphère nord tel que nous le connaissons change complètement.
« Tout ceci aura des effets sur le Moyen-Orient. Bien que ce ne soit pas à nos portes, il y aura des effets ici également.»
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