François (à droite) avec son employé Jason, pour qui il représente une sorte de père adoptif.

François (à droite) avec son employé Jason, pour qui il est devenu un père adoptif.
Photo Credit: Brad Rothschild

Un Québécois tisse des liens à New York, un arbre de Noël à la fois

Il s’appelle François, préfère ne pas donner son nom de famille.  Car pour ses clients, c’est François, tout simplement.

Depuis neuf ans, aux alentours de l’Action de grâce américaine, à la fin novembre, il prend la route à bord de son autocaravane et conduit de la région des Laurentides, au nord de Montréal, jusqu’à New York.

Là, depuis neuf ans, il vend des arbres de Noël sur Broadway.

« Ce n’est pas le Klondike », mais…

Cet emploi saisonnier n’est pas pour tout le monde et d’ailleurs, c’est presque à se demander pourquoi François revient d’année en année.

Il doit laisser derrière lui son épouse et quatre enfants, dont un bébé né avant son dernier départ.  S’il les voit tous les jours grâce à Skype, il ne les embrassera que tard le jour de Noël.

francois

Crédit photo: Brad Rothschild

C’est un boulot exigeant, très physique.  Les journées passées au froid, à la pluie ou à la neige, sont longues.

Et puis, il ne s’enrichira pas avec ses sapins, car il paie chèrement l’espace sur le trottoir, l’électricité pour son kiosque, le service de collecte des ordures.

Mais François explique, de façon pragmatique, qu’il « faut bien que quelqu’un le fasse ».

Écoutez

Une autre sorte de famille

Ce qu’il faut savoir, c’est que François revient parce qu’on l’attend dans le quartier Upper West Side.  Il fait aujourd’hui partie des meubles.

Brad Rothschild rend visite à François tous les jours.  Rothschild est juif et n’a donc jamais acheté d’arbre de Noël de sa vie, mais son ami Jon Reiner est marié à une chrétienne et vient chercher l’arbre de Noël familial tous les ans au kiosque de François.  C’est grâce à lui qu’ils se sont connus.

« François est un homme foncièrement intelligent, » dit Rothschild.  « Il est charmant, responsable et sa famille est très importante pour lui, mais il est aussi devenu très important pour des centaines de personnes ici.  Il fait partie de leur Noël, de leurs traditions des Fêtes. »

Par contre, ceux qui sont sans doute les plus anxieux de le revoir sont Jason et Nelson, deux jeunes hommes qu’il emploie depuis leur plus tendre adolescence pour effectuer les livraisons et surveiller la marchandise la nuit.

Issus de familles monoparentales, élevés dans des quartiers défavorisés, ils ont trouvé chez François un modèle masculin, un mentor, un père.

« C’est la personne qui a apporté le plus de stabilité à leurs vies, » explique Jon Reiner.  « Pendant le mois qu’il est ici, les garçons sont en sécurité, ils ont un toit, un revenu, un but, une identité et ils reçoivent de l’affection.  C’est remarquable. »

Et plus encore

François a tissé un autre lien unique.

Lorsqu’il a mis les pieds à  New York pour la première fois il y a neuf ans, il ne savait pas où se doucher, ni faire son lavage.  Une survivante de l’Holocauste, aujourd’hui septuagénaire, lui a vu la mine et a voulu l’aider.  Elle lui a confié sa clé d’appartement.

François explique que Jill Chase est devenue plus qu’une grande amie.

Écoutez

Tree man

L’histoire de François a profondément ému l’auteur primé Jon Reiner et son ami cinéaste Brad Rothschild qui en ont fait le sujet d’un documentaire.

Écoutez

Le montage du film est presque terminé et  Tree Man devrait sortir cette année.

Quel leçon veulent-ils que les spectateurs en tire?

« Qu’il existe toutes sortes de familles, » dit Jon Reiner.  « Et elles se forment lorsque les gens partent à la recherche d’eux-mêmes. »

Catégories : International, Société
Mots-clés : , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.