Les arguments en faveur et contre le droit à l'aide médicale à mourir

La Cour suprême juge qu'un médecin peut aider à mourir
Photo Credit: CBC

Un médecin peut aider un Canadien à mourir

Un médecin pourra aider à mourir tout Canadien adulte souffrant de problèmes de santé graves et irrémédiables lui causant des souffrances physiques ou psychologiques persistantes qui lui sont intolérables.

Ainsi en a décidé la Cour suprême dans un jugement historique non signé (pour en souligner l’unanimité) rendu vendredi.

Les magistrats du plus haut tribunal du Canada estiment que le fait de ne pas venir en aide à une personne qui répond à l’ensemble de ces conditions et qui veut mettre fin à ses jours contrevient à l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés. Une charte qui protège le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité des personnes.

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Membres de la Cour suprême du Canada © PC/Adrian Wyld

La Cour suprême s’adapte à l’air du temps

Selon la Cour, la prohibition actuelle de l’aide à mourir a une «portée excessive» considérant qu’une personne, qu’elle soit handicapée ou âgée, peut vouloir se suicider tout en étant «capable, bien renseignée et libre de toute coercition» et qu’il est possible pour un médecin qualifié et expérimenté d’évaluer sa capacité de prendre une décision volontaire.

Cette décision intervient plus de vingt ans après  l’affaire Sue Rodriguez qui avait défrayé la chronique au Canada.

Atteinte de la maladie de Lou Gehrig dont l’issue est fatale, Sue Rodriguez s’était lancée dans une longue bataille juridique en novembre 1992 pour obtenir le droit de mourir dans la dignité avec l’aide d’un médecin.

La Canadienne Sue Rodriguez, qui se battait pour le droit de mourir
La Canadienne Sue Rodriguez, qui se battait pour le droit de mourir © PC/Presse canadienne

La requête de Sue Rodriguez fut rejetée par la Cour suprême du Canada, mais son histoire,raviva les débats sur l’euthanasie et le suicide assisté.

Ce vendredi, la Cour suprême revient sur sa décision. Elle constate que «le portrait législatif en matière d’aide médicale a changé» et que l’expérience de certains pays (Pays-Bas, Belgique et Luxembourg) en cette matière permet d’apprécier l’efficacité des mesures protégeant les personnes vulnérables et de disposer de données concernant les encadrements pratiques et juridiques  de l’aide médicale à mourir.

Le gouvernement fédéral dispose d’une période 12 mois pour élaborer un projet de loi balisant la pratique, mais il n’a pas l’obligation de le faire.

Des dizaines de personnes ont manifesté contre l'euthanasie devant l'Assemblée nationale.

Des personnes manifestant contre l’euthanasie devant l’Assemblée nationale.

Réactions contrastées

Les premières réactions à cette décision sont contrastées. Positives, notamment au Québec où le ministre de la santé, Gaetan Barrette, note que la Cour suprême entérine une position unanime de la classe politique québécoise en faveur de l’aide médicale à mourir.

Négatives chez les représentants des organismes hostiles à l’euthanasie comme «Toujours vivants». Ils critiquent une décision de la Cour surprême qualifiée de «naive» et qui met en danger la vie des Canadiens.

Selon eux, une personne vulnérable peut, dans un moment de détresse, prendre une décision qui justement n’est pas éclairée. En situation de détresse, disent-ils, ce dont les gens ont besoin, c’est de la protection du système.

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Catégories : Politique, Santé, Société
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