Le premier ministre Stephen Harper lors de son arrivée à Erbil, en Irak.

Le premier ministre Stephen Harper lors de son arrivée à Erbil, en Irak au début mai.
Photo Credit: Azad Lashkari / Reuters

Pas de stratégie canadienne à long terme contre le terrorisme en Irak et on exagère la menace

Selon l’Institut de la Défense canadienne et des Affaires étrangères, le Canada a déployé beaucoup de ressources militaires en Irak mais il a peu d’influence à Bagdad.

Le rapport de cet institut indépendant affirme que la guerre du Canada contre l’État islamique en Irak et depuis peu en Syrie (ISIS) s’appuie sur une menace extrémiste qui est réelle, mais peut-être exagérée, tandis que le gouvernement Harper ne tient pas compte d’autres préoccupations politiques importantes.

« La menace à la sécurité intérieure du Canada est réelle, mais elle ne doit pas être surestimée », a déclaré Thomas Juneau, professeur adjoint à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales à l’Université d’Ottawa.

« Selon le gouvernement, quelques douzaines de Canadiens ont voyagé en Irak ou en Syrie pour se battre ou s’entraîner avec le groupe armé de l’État islamique et d’autres groupes extrémistes. Certains d’entre eux ont été ou seront tués, tandis que la majorité sera de retour à la maison sans mauvaises intentions. Cela ne laisse qu’une poignée de gens qui pourraient effectivement tenter des attaques ».

L’appui du Canada à des frappes aériennes et la formation des forces de sécurité locales ne seront pas suffisants pour vaincre ISIS, et une vision à plus long terme doit être mise au point, a-t-il ajouté.

Selon M. Juneau, le gouvernement Harper n'a pas su clarifier sa position dans le dossier de la réconciliation entre chiites et sunnites, et il ne jouit pas d'une grande influence à Bagdad, où le Canada ne dispose même plus d'une ambassade.
Selon M. Juneau, le gouvernement Harper n’a pas su clarifier sa position dans le dossier de la réconciliation entre chiites et sunnites, et il ne jouit pas d’une grande influence à Bagdad, où le Canada ne dispose même plus d’une ambassade. © Université d’Ottawa

Une action militaire sans solution diplomatique

« Ottawa n’a pas clairement énoncé ses vues sur une stratégie à long terme pour vaincre le mouvement islamique, bien que les fonctionnaires ont fait un certain nombre de déclarations suggérant que le Canada appuie largement la stratégie des États-Unis », peut-on lire dans le rapport de l’Institut de la Défense canadienne et des Affaires étrangères

Selon l’institut, le gouvernement Harper n’a pas été clair sur sa politique par rapport à la réconciliation des musulmans chiites et sunnites sectes en Irak et a peu d’influence à Bagdad sans une ambassade là-bas.

« Ottawa a certainement fait des déclarations dans ce sens » vers la réconciliation, dit le rapport. « Pourtant, ses actions – notamment son absence diplomatique de Bagdad et son désengagement relatif de la Syrie, où il ne reconnaît pas l’opposition – suggèrent une certaine passivité envers l’importance cruciale de parvenir à des solutions politiques à long terme, en dépit de son soutien rhétorique. »

Réactions du gouvernement canadien au rapport

Un porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Rob Nicholson, a déclaré que le rapport note bien que la mission de combat est dans l’intérêt national du Canada et que les critiques « souvent manquent la marque. »

« À la suite de menaces de l’État islamique contre le Canada et les Canadiens, nous avons travaillé étroitement avec nos alliés pour aider à se dégrader et perturber la capacité d’ISIS d’infliger des dommages », a déclaré Johanna Quinney.

« Alors que nous avons connu un certain succès, comme le rapport le note, la menace demeure. Voilà pourquoi nous avons élargi et étendu notre mission, car elle est la bonne chose à faire. »

Aide-mémoire…

  • Le rapport de l’Institut de la Défense canadienne et des Affaires étrangères est publié tout juste une semaine après que le premier ministre Stephen Harper ait fait une visite éclair en Irak, où il a rencontré le premier ministre Haider al-Abadi et a livré une enveloppe budgétaire de 167 millions de dollars pour de l’aide humanitaire et de l’équipement militaire.
  • La guerre canadienne en Irak et en Syrie devrait coûter 528 millions $ l’année prochaine.
    Le premier ministre Stephen Harper lors de sa visite surprise en Irak rencontre le premier ministre irakien Haider Al-Abadi.
    Le premier ministre Stephen Harper lors de sa visite surprise en Irak rencontre le premier ministre irakien Haider Al-Abadi. © Chris Wattie / Reuters

Pour en savoir plus...

Canada lacks long-term strategy in ISIS fight, according to report – CBC News

La menace extrémiste au Canada est réelle, mais peut-être exagérée, selon une étude – Radio-Canada

Visite surprise de Stephen Harper en Irak – Radio-Canada

Catégories : International, Politique
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