Campagne « Sans papiers, je ne suis personne » d’Amnistie Internationale Canada francophone

« Être apatride, ça veut dire que les enfants ne peuvent pas aller à l’école, ne peuvent pas s’instruire; être apatride, ça veut dire ne pas pouvoir aller à l’hôpital, ne pas pouvoir se marier légalement et … ne pas pouvoir travailler légalement. C’est également toute la stabilité de la région qui est en danger avec cette décision de la Cour constitutionnelle de la République dominicaine.»

Pascale Leblanc, Amnistie internationale francophone (Canada)

En fait, la décision de 2013 de la Cour constitutionnelle de République dominicaine a fait de quatre générations de Dominicains des apatrides sur leur propre sol.

Ces gens, essentiellement venus d’Haïti – qui partage l’île d’Hispaniola avec la République dominicaine – sont les descendants de ces gens venus d’Haïti travailler dans les bateyes de la florissante industrie sucrière.

Un batey est un campement où vivent les coupeurs de cannes. On rencontre des bateyes en République dominicaine et à Cuba. Les bateyes dominicains sont généralement de vrais bidonvilles qui accueillent misérablement des travailleurs haïtiens.

Avec la chute des cours du sucre vers la fin des années ’90, les travailleurs se sont tournés vers d’autres emplois alors que, cette fois, c’est l’industrie touristique qui prenait son envol.

Pourquoi la décision?

Parce que les Dominicains de souche – on y revient n’est-ce pas? – voyaient d’un très mauvais œil ces coupeurs de canne à sucre, prendre des emplois qui, à leurs yeux, devaient leur être réservés.

Pression politique et de la rue oblige, la Cour constitutionnelle a tranché, en défaveur de citoyens d’origine, lointaine, haïtienne.

Presque qu’un délit de faciès.

Le rapport d’Amnistie Internationale de novembre dernier

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Ce rapport, intitulé « Sans papiers, je ne suis personne » : les personnes apatrides en République dominicaine, dément les déclarations des autorités qui affirment que personne n’est privé de nationalité dans le pays.

On y analyse le labyrinthe juridique mis en place par les autorités depuis les années 1990 et par une décision rendue en 2013 qui prive de nationalité de manière arbitraire des dizaines de milliers de personnes nées de parents ou de grands-parents étrangers.

Témoignage d’une sage-femme ou encore de sept témoins pour garantir la nationalité … et encore

Le programme de naturalisation d’une durée de six mois, qui a expiré le 1er février 2015, s’est avéré dans son ensemble inefficace. Des centaines de personnes affirment n’avoir jamais reçu d’informations à ce sujet et n’avoir appris son existence qu’après son expiration. De nombreux parents se sont vu refuser des actes de naissance pour leurs enfants. La majorité de ces enfants demeurent apatrides.

Mouvements migratoires et no man’s land frontalier

L’intensification des comportements et pratiques discriminatoires s’inscrit dans le contexte de changements dans les mouvements migratoires vers la République dominicaine, principalement depuis Haïti, au cours des dernières décennies.

Pascale Leblanc

Pascale Leblanc

Aujourd’hui, le long de la frontière entre les deux pays, des gens, Dominicains dans l’âme, Haïtiens de couleur de peau, apatride de statut s’entassent dans un imbroglio juridico-constitutionnel sur fond de racisme.

Voilà pourquoi la pétition d’Amnistie internationale est toujours d’actualité.

Pascale Leblanc est bénévole et membre du CA d’Amnistie internationale francophone (Canada). Elle y est également responsable du dossier coordination Haïti. Madame Leblanc est l’invitée au micro de Raymond Desmarteau.Écoutez

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