Le directeur du Centre d’intégration pour immigrants africains, Paul Mulangu, reçoit Mami Williams arrivée en C.-B. le 25 septembre 2015 depuis un camp de réfugiés en Côte d’Ivoire .  Photo :  Geneviève Milord/ICI Radio-Canada

Le directeur du Centre d’intégration pour immigrants africains, Paul Mulangu, reçoit Mami Williams arrivée en C.-B. le 25 septembre 2015 depuis un camp de réfugiés en Côte d’Ivoire . Photo : Geneviève Milord/ICI Radio-Canada

Galvanisé par les réfugiés syriens le Canada aurait oublié les immigrants africains

Selon des informations recueillies par Radio-Canada en Colombie-Britannique sur la côte ouest canadienne, la mission humanitaire canadienne auprès de 25 000 réfugiés syriens ces trois derniers mois aurait éclipsé l’attention des autorités envers les demandes d’immigration et les dossiers de candidats africains à l’immigration en particulier.

Le directeur du Centre d’intégration pour immigrants africains en Colombie-Britannique (CIIA), une association d’aide aux nouveaux arrivants de la Colombie-Britannique, dénonce le fait que l’accueil de 25 000 réfugiés syriens a eu pour effet de repousser les dossiers de réfugiés originaires d’autres pays.

De s’indigner Paul Mulangu : « Le Canada a bien servi les Syriens, mais a oublié l’Afrique ». Le centre d’aide reçoit en moyenne cinq nouvelles familles par mois depuis son ouverture en 2014, mais depuis l’annonce du plan d’accueil des 25 000 Syriens par le gouvernement Trudeau en novembre, Paul Mulangu révèle qu’aucun réfugié francophone ne s’est présenté.

Le dernier groupe de réfugiés francophones à avoir sollicité les services du CIIA, est une famille de six en provenance de l’Ouganda, qui est arrivé le 30 octobre 2015.

Le CIIA est en contact avec des camps de réfugiés en Afrique et selon son directeur « plusieurs y ont reçu leur statut de réfugié de la part du Canada, mais n’ont pas encore été invités à venir ». Il conclut que « le Canada a barré l’Afrique pour désservir les Syriens ».

D’affirmer Paul Mulangu, «C’est une insulte. Les Africains souffrent peut-être même plus que les Syriens. »

Réaction du ministre canadien de l’immigration

Le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, John McCallum assure que même si beaucoup d’attention est portée aux réfugiés syriens, les migrants provenant d’autres pays ne sont pas négligés pour autant.

Il reconnaît, toutefois, que ces derniers doivent malheureusement s’armer de patience puisque son équipe et lui-même doivent composer avec d’interminables listes d’attente.

«Un de nos principaux défis est de les réduire et de diminuer les délais de traitement. C’est que nous nous efforçons de faire mais ça ne se réglera pas du jour au lendemain», précise-t-il.

Le ministre de l’Immigration du Canada, John McCallum.
Le ministre de l’Immigration du Canada, John McCallum. Selon lui, la faute en incombe au gouvernement précédent. «Les gens attendent tant de choses depuis de si nombreuses années», a-t-il déclaré. © Radio-Canada

Le saviez-vous?
Selon des données de Citoyenneté et Immigration Canada, le temps moyen d’attente pour un réfugié africain ou venant du Proche-Orient et bénéficiant d’un parrainage privé était de 45 mois en 2015.
Dans certains cas, l’attente pour obtenir le visa d’entrée peut même atteindre 69 mois, soit un peu moins de six ans.

Le Canada barre le passage aux Africains

Germain Tanoh qui travaille au sein du Programme d’immigration francophone de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) croit pour sa part que ceux qui accueillent les réfugiés francophones en Colombie-Britannique doivent tirer une leçon de l’initiative du gouvernement fédéral, « pour qu’on fasse quelque chose de spécifique pour les communautés de réfugiés francophones », dit-il.

« Quand une personne est en détresse, la première chose à faire est de tenter de la secourir; c’est ce que le Canada a fait. Mais cela a occulté d’autres problèmes. Dans d’autres coins du monde, des réfugiés ont eu leur processus bloqué. C’est regrettable » conclu Germain Tanoh, du programme d’immigration francophone.

Paul Mulangu. Photo : Geneviève Milord/ICI Radio-Canada
Paul Mulangu. Photo : Geneviève Milord/ICI Radio-Canada

Aide-mémoire…
Le Canada aimerait bien ajouter 10 000 réfugiés syriens au 25 000 maintenant au pays
Le ministre canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, John McCallum, affirmait plus tôt cette semaine que le Canada a franchi une « étape importante » en accueillant le 25 000e réfugié syrien ces derniers jours.
Le gouvernement avait initialement prévu accueillir 25 000 réfugiés avant la fin de 2015, mais avait dû repousser l’échéance pour des raisons, essentiellement, de logistique.
Le ministre John McCallum a remercié les efforts de son équipe pour atteindre les objectifs que le gouvernement s’était fixé à son arrivée au pouvoir le 19 octobre dernier : « C’est une grande victoire pour la phase un. Mais il reste beaucoup de travail », a ajouté John McCallum en évoquant l’intégration de ces personnes, l’apprentissage des langues officielles et la recherche d’un emploi.

John McCallum salut une jeune réfugié
John McCallum salut une jeune réfugié © (Nathan Denette/Canadian Press)

RCI avec La Presse canadienne et des informations de Geneviève Milord de Radio-Canada

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