Le président russe Vladimir Poutine donne l’accolade à son homologue cubain, Raul Castro, après une rencontre au Musée de la révolution, à La Havane.

Le président russe Vladimir Poutine donne l’accolade à son homologue cubain, Raul Castro, après une rencontre au Musée de la révolution, à La Havane en 2014.
Photo Credit: POOL New / Reuters

Le Canada annonce un printemps nouveau et la fin de ses relations glaciales avec la Russie

Le gouvernement canadien de Justin Trudeau vient d’envoyer de nouveaux signaux suggérant qu’il est prêt à décongeler ses relations avec la Russie qui se sont tendues considérablement depuis deux ans autour des pressions militaires russes sur l’Ukraine et l’invasion de la Crimée.

Stéphane Dion
Stéphane Dion © PC/Adrian Wyld

Devant un public universitaire, le ministre canadien des Affaires étrangères, Stéphane Dion, a affirmé que le refus d’engager la conversation avec un régime politique autoritaire ne peut seulement que punir le Canada.

Dans un discours à l’Université d’Ottawa. Stéphane Dion discutait de la philosophie qu’il souhaite voir guider ses choix à la tête des affaires internationales du Canada.

Il affirme par exemple que le Canada doit tenir à ses principes, mais le faire d’une manière pragmatique, sur des dossiers allant de la guerre contre le groupe armé État islamique au changement climatique.

Une politique étrangère plus engagée et participative

« L’engagement ne signifie pas être d’accord », avec un pays adversaire explique Stéphane Dion.

« La rupture des liens avec la Russie du Canada n’avait pas eu cependant de conséquences positives pour quiconque », a déclaré Dion. « Pas pour les Canadiens, et non plus pour le peuple russe, et non plus pour l’Ukraine et non plus la sécurité mondiale. »

« La coopération est souvent dans notre intérêt – sur les questions environnementales, par exemple – étant donné que nous sommes voisins de l’Arctique, confrontés à des défis similaires en raison de notre géographie partagée. Cela n’a aucun sens d’empêcher nos scientifiques de travailler avec leurs collègues russes pour protéger l’écosystème du Nord. ».

Puis il a ajouté : « Le Canada doit cesser d’être essentiellement le seul à pratiquer une politique de la chaise vide avec la Russie, parce que ce faisant, nous ne faisons que nous punir. »

Aide-mémoire
– La politique de la « chaise vide » fait référence à la décision en 2014 par le gouvernement conservateur canadien de Stephen Harper de refuser de présider ou d’être l’hôte ou parfois même de participer à des réunions multilatérales au cours de laquelle une délégation russe était présente, suite à l’intervention militaire de la Russie en Ukraine.

© Radio Canada

La retrait partiel de la Russie en Syrie vient tout changer

Les commentaires de Stéphane Dion surgissent alors que l’Occident est forcé de réévaluer ses positions face à l’intervention de la Russie en Syrie.

La campagne aérienne de la Russie a d’abord été dénoncée par les gouvernements occidentaux comme ciblant les rebelles modérés au lieu des terroristes djihadistes militants. Puis on l’a accusé d’aggraver un conflit déjà violent et intraitable.

Le président russe Vladimir Poutine a fait l’annonce-surprise d’une réduction des forces militaires de son pays en Syrie plus tôt ce mois-ci, en disant que la Russie avait réalisé avec « succès » ses objectifs.

Depuis lors, les forces russes ont contribué à infliger une défaite écrasante aux combattants du groupe armé de l’État islamique facilitant la récupération de la ville historique de Palmyra par le gouvernement syrien.

Tant le régime Assad que les rebelles non djihadistes sont maintenant engagés dans des négociations de paix sérieuses et un cessez-le est plus ou moins respectée.

Le président Bachar al-Assad lors d’une rencontre avec le président russe, Vladimir Poutine en décembre dernier.

Le président Bachar al-Assad lors d’une rencontre avec le président russe, Vladimir Poutine en décembre dernier.

Bien que beaucoup de personnes en Occident avaient accusé Vladimir Poutine de vouloir uniquement aider le régime de Bachar al-Assad , le retrait russe renforce aujourd’hui le sentiment que la Russie avait des objectifs limités et honnêtes en Syrie, à savoir : créer les conditions d’un cessez-le-feu.

Or, dans ce nouveau contexte, « en Syrie, la politique canadienne d’engagement limité avec la Russie a gravement compromis la capacité du Canada d’influencer les négociations de paix », a déclaré Stéphane Dion. « Ce faisant, nous ne faisons que nous punir. »

Et pendant ce temps en Ukraine…

Justin Trudeau et Vladimir Poutine en Turquie en novembre dernier - Facebook

Justin Trudeau et Vladimir Poutine en Turquie en novembre dernier – Facebook

Tout en maintenant sa mission d’entraînement des troupes ukrainiennes jusqu’en 2017, le Canada sous Justin Trudeau tentera de rétablir le dialogue avec la Russie.

En janvier dernier le ministre Stéphane Dion affirmait que « le Canada va continuer à appuyer l’Ukraine dans une situation difficile due aux actions de la Russie ».

De préciser cette semaine le ministre des Affaires étrangères : « ce nouvel engagement [avec la Russie] aura pour but d’aider l’Ukraine, à l’Europe et de contribuer à stabiliser la situation dans le centre du continent. Et il servira les intérêts canadiens en nous permettant de parler à la Russie sur des questions clés comme l’Arctique »

Stéphane Dion a précisé que le Canada doit continuer cependant pour le moment à exiger que les sanctions collectives de L’Occident contre la Russie soient maintenues ou même renforcées.

Les sanctions imposées à la Russie en représailles de son agression contre l’Ukraine ne sont efficaces que parce qu’elles sont imposées par un grand nombre de pays », a déclaré Dion.

Stéphane Dion dans les rue de Kiev en Ukraine le premier février dernier. Photo : Sergei Chuzavkov

Stéphane Dion dans les rue de Kiev en Ukraine le premier février dernier. Photo : Sergei Chuzavkov

RCI avec des informations de Evan Dyer de CBC News et la contribution du Huffington Post et National Post

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Catégories : International, Politique
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