Le Canada a longtemps eu la réputation d’être un phare dans le monde entier en matière de droits de la personne et dans la manière de traiter la plupart de ses citoyens.
Cette image de marque mériterait-elle aussi d’être étendue à la méthode canadienne de traiter ses prisonniers et de préparer grâce à ses efforts en réhabilitation leurs retours dans la société.
La semaine dernière nous avons répondu à la première partie de cette interrogation dans cet article sur notre site, l’un des plus lus des derniers jours : D’hier à aujourd’hui : comment est la vie en prison au Canada?
Aujourd’hui, nous nous attaquons au dossier sensible de la réhabilitation carcérale en milieu canadien.
Notre conclusion : des avancées initiales spectaculaires et exemplaires mises sur pieds il y a près de 100 ans ont été aujourd’hui sérieusement minées au point où le système carcéral canadien relâche maintenant systématiquement de plus en plus de citoyens mal lunés et incapables de faire le saut en société sans risques élevés de récidive.
La situation s’est aggravée sérieusement depuis une dizaine d’années
La réhabilitation passe d’abord par des programmes offerts aux détenus à l’intérieur des murs mêmes de la prison. Or, ces programmes qui peuvent porter autant sur la gestion de la violence que sur les problèmes familiaux, la délinquance sexuelle ou les problèmes de consommation d’alcool ou de drogues, sont de plus en plus difficiles à obtenir pour les détenus.
C’est le signal d’alarme qu’envoyait il y a plusieurs mois, vers la fin du régime politique du premier ministre canadien Stephen Harper, Howard Sapers, alors l’enquêteur correctionnel (ou ombudsman des prisonniers) du Canada.
Selon lui, le programme conservateur en matière de justice, en rendant plus difficile l’obtention d’une libération conditionnelle, a créé un cercle vicieux : parce qu’il y a de plus en plus de détenus emprisonnés, les listes d’attente pour les programmes s’allongent, ce qui retarde le moment où un détenu peut bénéficier d’une aide en réinsertion.
Or, dans notre régime canadien de libération des prisonniers, le détenu qui veut se voir accorder une libération conditionnelle doit absolument atteindre tous les objectifs fixés dans son plan correctionnel, qui comporte souvent le suivi de programmes de réhabilitation.
Les détenus canadiens qui n’obtiennent pas leur formation à temps ne sont donc alors plus admissibles à une libération conditionnelle, ce qui les oblige à rester en prison plus longtemps et ce qui contribue à son tour à gonfler les listes d’attente des programmes d’aide à la réinsertion!
Aujourd’hui, plus de la moitié des détenus ayant purgé une peine de prison continue retrouvent la route du crime à leur sortie du pénitencier et 69 % des 18-24 ans récidivent.
Aide-mémoire…
– La plupart des détenus au Canada bénéficient automatiquement de la libération d’office après avoir purgé les deux tiers de leur peine.
– Ils doivent alors, jusqu’à la fin de leur peine, se soumettre à certaines conditions précises et à la surveillance d’un agent de liberté conditionnelle.
L’approche du Canada en réhabilitation des détenus était autrefois un exemple
Le concept de la réhabilitation carcérale avait déjà pris corps graduellement au Canada au tournant du siècle dernier il y a plus de 100 ans.
Nous en discutons avec une auditrice de Radio Canada International en France qui nous a demandé de creuser cette affaire pour elle dans le cadre de notre chronique La Bonne question.
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Prisoner Rehabilitation Around the World – Counter Punch
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