Mark Saunders, à droite, chef de la police de Toronto, le jour de son assermentation le 17 avril 2015.

Mark Saunders, à droite, chef de la police de Toronto, le jour de son assermentation le 17 avril 2015.
Photo Credit: PC / Darren Calabrese

La confiance des Canadiens envers leurs policiers sous la loupe

Dans les deux plus grandes villes canadiennes de Montréal et Toronto, la série de récentes fusillades aux États-Unis impliquant des policiers et des noirs, est de nature à forcer un examen parfois inconfortable des relations entre nos propres policiers et nos communautés noires.

Le Canada a souvent été un refuge pour les personnes noires des États-Unis. Tout a commencé au 19e siècle lorsque des esclaves sont arrivés par milliers au Canada pour fuir la ségrégation, et ce à travers un réseau sous terrain de passeurs clandestins.

L’automne dernier, un Afro-Américain a présenté sans succès une demande d’asile à Vancouver, affirmant avoir été harcelé ou ciblé par la police américaine simplement à cause de la couleur de sa peau.  « Je crains pour ma vie parce que je suis noir », a-t-il déclaré lors d’une audience devant un tribunal d’immigration, affirmant que les morts récentes par balle de Michael Brown dans le Missouri et d’Eric Garner à New York étaient la preuve que les Noirs aux États-Unis « se font exterminer à un rythme alarmant ».

Dans les faits, les personnes noires au Canada ne sont pas à l’abri du profilage racial et notre pays a connu sa part, même si elle beaucoup moins importante qu’aux États-Unis, de tragédies policières qui touchaient des personnes de couleur noire.

Écoutez

Le saviez-vous?
Sur le site web du Collectif Opposé à la Brutalité Policière on peut lire en ce moment que la Ligue des Noirs du Québec et la communauté noire se disent endeuillées par des actions fréquentes de brutalité policière envers la communauté noire qui souvent finissent par la mort d’hommes : « Leur dernière intervention contre Philando Castile au Minnesota et Alton Sterling en Louisiane constitue des actions flagrantes de non-respect des droits de la personne. Nous sommes en solidarité avec nos frères et sœurs aux États-Unis. Également nous nous souvenons de plusieurs cas au Québec et au Canada où il y a eu des morts d’hommes sans avoir la justice pour notre communauté. »

Un nouveau collectif, Montréal-Noir, a vu le jour à Montréal-Nord afin de lutter contre le profilage racial et d’autres problèmes affligeant la communauté noire de l’arrondissement.
Un nouveau collectif, Montréal-Noir, a vu le jour à Montréal-Nord en 2016 afin de lutter contre le profilage racial et d’autres problèmes affligeant la communauté noire de l’arrondissement.

La situation à Montréal

En 2010, un rapport gardé secret par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dénonçait le « racisme » dont les policiers faisaient preuve à l’égard des jeunes des minorités visibles dans le secteur de Montréal-Nord. C’est là où, à l’été 2008, une émeute avait éclaté suite à la mort d’un jeune homme issu d’une minorité visible, Fredy Villanueva, lors d’une intervention policière dans un parc.

Dans ce rapport préparé par le psychologue Martin Courcy et commandé par le SPVM l’expert en gestion de crises disait avoir rencontré une soixantaine de jeunes de ce quartier défavorisé et observé une poignée d’interventions policières. Il écrivait : « Les jeunes disent que les policiers tiennent des propos qu’ils n’oseraient pas dire dans aucun autre quartier de la ville de Montréal » .

« Pourquoi tu ne te fais pas exploser? » se serait fait dire une jeune Maghrébine de 17 ans. « Si tu n’es pas content, retourne dans ton pays. » Ou encore: « On aime mieux être des colons que des esclaves ».

En 2010, dans certains quartiers de Montréal, un jeune Noir courrait de 7 à 11 fois plus de risques qu’un Blanc d’être abordé par les forces de l’ordre.

Des manifestants qui réclamaient une enquête publique sur la mort de Fredy Villanueva défilaient pacifiquement dans Montréal-Nord le 11 octobre 2008.
Des manifestants qui réclamaient une enquête publique sur la mort de Fredy Villanueva défilaient pacifiquement dans Montréal-Nord le 11 octobre 2008. © PC/Graham Hughes

Les citoyens de Toronto s’interrogent sur le statut distinct de leurs policiers

Le corps d'Otto Vass - CBC

Le corps d’Otto Vass – CBC

En l’an 2000, la police de Toronto s’est retrouvée en pleine controverse lorsque des témoins civils ont accusé quatre policiers d’avoir fait preuve de force excessive envers Otto Vass, un père de famille noir de 5 enfants.

Une bande vidéo de l’homme de 55 ans traîné par la police montrait les images graphiques de son corps meurtri et sanglant.

Un jury a trouvé les quatre policiers non coupables d’homicide involontaire en se basant sur les conclusions de l’autopsie.

Celle-ci révélait qu’Otto Vass avait été victime d’une embolie graisseuse qui a été libérée dans son corps lors de la confrontation, une condition préexistante. Mais l’affaire a laissé un goût amer dans bien des milieux.

Près de 80 % des Torontois croient que les policiers sont traités différemment par le système judiciaire. Environ 30 % croient que les policiers sont au-dessus des lois.

C’est ce qui ressort d’un sondage récent commandé par la CBC et effectué par la firme Angus Reid Forum. Le sondage a été effectué en ligne auprès de 527 Torontois sur la confiance du public envers les policiers.

Trois Canadiens sur quatre font tout de même confiance à leurs policiers

Notre agence nationale de la statistique, Statistique Canada, note dans un rapport récent que les perceptions des Canadiens à l’endroit de la police se sont améliorées au fil du temps.

Selon les résultats de l’Enquête sociale générale de 2013, environ six Canadiens sur 10 ont déclaré faire confiance au système scolaire, aux banques ou au système de justice et aux tribunaux. À l’inverse, une minorité de Canadiens ont dit faire confiance aux médias (40 %), au Parlement fédéral (38) et aux grandes entreprises (30).

Les niveaux de confiance étaient les plus faibles dans la région de Montréal au Québec. Les Montréalais avaient ainsi une confiance moins grande que la moyenne en leur police.

Davantage de Canadiens estiment maintenant que la police fait du bon travail dans cinq des six catégories (étudiées) comparativement à 2004 ».

Les six catégories sont: avoir une attitude ouverte, « invitant à la discussion » (73 %), assurer la sécurité des citoyens (70 %), répondre rapidement aux appels (68 %), traiter les personnes équitablement (68 %), faire respecter la loi (65 %) et informer le public sur la prévention d’actes criminels (62 %).

UNE ENQUÊTE DE CBC NEWS
Une seule grande ville canadienne est dotée d’un corps policier aussi racialement diversifié que sa population
– La ville portuaire d’Halifax est l’unique ville au Canada qui est parvenue à ce jour à refléter, à travers la composition de son service de police, la diversité des citoyens de la ville. Les corps policiers des deux plus grandes villes, Toronto et Montréal, sont parmi les moins proportionnellement diversifiés laissant de larges pans de minorités visibles et de populations autochtones sans représentation.
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Des policiers de Toronto avec des agents noirs à l’avant plan. (Chris Young/Canadian Press)
Des policiers de Toronto avec des agents noirs à l’avant plan. (Chris Young/Canadian Press)

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Marjorie April, de Radio-Canada

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Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Société
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