Roya Shams à Ottawa

Roya Shams à Ottawa
Photo Credit: Rick Eglinton

Roya Shams : jeune femme aux grands rêves

En 2011, tout s’est arrêté pour Roya Shams. La jeune femme qui vivait alors à Kandahar, en Afghanistan, a perdu du même coup son père et la liberté de devenir la femme qu’elle s’était imaginée.  Dans cet extrait, la jeune étudiante de l’Université d’Ottawa raconte de quelle façon l’assassinat de son père a tout changé pour elle : 

Écoutez
« Si mes sœurs et moi avons eu la chance d'aller à l'école et d'avoir une vie normale, c'est d'une part en raison du métier de mon père, qui était policier, mais surtout parce qu'il était lui-même un grand défenseur des droits des femmes. Il croyait que les hommes et les femmes devaient avoir les mêmes opportunités. Mais, un terrible accident a eu lieu en 2011 et mon père a été assassiné par les talibans. J'ai perdu sa protection. Tout s'est arrêté à ce moment-là pour moi. J'ai dû arrêter mes études et mon travail comme professeure bénévole auprès de femmes âgées qui voulaient apprendre à lire et écrire et auprès des jeunes qui voulaient apprendre l'anglais. J'ai aussi dû arrêter mon travail auprès de jeunes femmes et de jeunes filles à qui je voulais motiver à aller aux études et à connaître leurs droits. Tout s'est arrêté en raison du manque de sécurité; je n'ai pas pu continuer mes études ni mon travail.  »
Roya Shams à l’Université d’Ottawa
Roya Shams à l’Université d’Ottawa © Université d’Ottawa

Malgré tout, le jour où son père a été assassiné, Roya a gagné par ricochet une toute nouvelle vie. Une vie qui l’a transportée au loin, au Canada. Aujourd’hui, étudiante de deuxième année à la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa, Roya Shams avance d’un pas sûr et convaincu vers son propre destin :  

Écoutez
« Je vois la vie d'une façon très positive. Depuis que je suis ici, j'ai reçu beaucoup d'appui de beaucoup de monde. Aujourd'hui, ces personnes sont devenues ma famille parce que c'est grâce à elles que ma vie est possible ici. Lorsque je suis arrivée au Canada c'était difficile pour moi car c'était en plein hiver et parce que je ne savais rien de la culture canadienne, ni du climat, ni des gens. Dans mon cours de civisme en Afghanistan on m'avait appris un peu sur la politique canadienne, sans plus. Au début de mes études ici, j'ai eu des défis académiques importants, mais quand je vois mon avenir à partir d'où je suis aujourd'hui, je l'impression qu'un rêve est devenu réalité pour moi. Spécialement le fait que je puisse aller à l'université. C'est la vie que j'ai toujours rêvée non seulement pour moi, mais aussi pour toutes les filles et pour toutes les personnes dans le monde. »
Des enfants afghans
Des enfants afghans © Omar Sobhani / Reuters

Comme Roya le dit si bien, son rêve elle ne l’a pas rêvé que pour elle seule; elle croit que maintenant c’est à son tour de redonner aux gens et de partager sa « chance ». Elle a bien choisi sa cible : les enfants qui vivent dans la rue dans son pays d’origine :

Écoutez
« Je travaille à la création d'un organisme de bienfaisance qui permettra aux enfants de la rue en Afghanistan, filles et garçons, d'aller à l'école. Les gens me demandent souvent pourquoi je veux inclure les garçons dans ce projet. Et bien c'est parce que je suis convaincue que c'est la seule façon d'agir, en ne discriminant personne ! On a tous les mêmes droits. Ces enfants qui ont perdu leurs parents ou dont on ne peut s'occuper, vivent ensemble dans les rues. Si je donne la même opportunité aux filles comme aux garçons, ils vont grandir en sachant qu'ils sont égaux. Je suis sûre que ces jeunes sont les fondations mêmes de l’Afghanistan de demain, et si nous ne le gardons pas sous nos ailes, les pires choses peuvent arriver. Ils peuvent devenir de terroristes ou autre... Si nous les protégeons, si nous les éduquons et nous leur montrons ce qui est bien et ce qui est mal, ils vont sûrement choisir le bien. On rêve d'un bel avenir pour mon pays et moi, je vois l'avenir de l’Afghanistan dans les yeux de ces enfants. »
Des jeunes afghans
Des jeunes afghans © Mohammad Ismail / Reuters

Roya est séparée de sa famille depuis l’année 2011 quand elle est sortie de son Afghanistan natal. Quelques-un(e)s de ses sœurs et de ses frères ainsi que sa mère vivent toujours à Kandahar dans des conditions difficiles. Parfois Roya trouve cette distance très difficile à supporter, mais ses projets et ses convictions la gardent débout :

Écoutez
«  Ce qui me garde active et optimiste c'est l'espoir de changer ne serait-ce qu'une vie durant mon séjour au Canada. J'espère que ma chance d'aller à l'université peut inspirer d'autres personnes aussi. Quand les portes se sont fermées à moi, de gens m'ont aidé à ouvrir les yeux et voir clair et croire en me rêves. Je veux donner aux enfants de la rue en Afghanistan l'opportunité de poursuivre leurs rêves. »
Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Société
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