L'industrie automobile canadienne subirait les contrecoups des politiques protectionnistes du président élu Donald Trump

L'industrie automobile canadienne subirait les contrecoups des politiques protectionnistes du président élu Donald Trump
Photo Credit: Paul Sakuma

L’industrie automobile canadienne sous l’épée de Damoclès Trump?

 Les élans protectionnistes du nouveau président désigné des États-Unis continuent de susciter des inquiétudes au Canada. L’Institut économique de Montréal (IEDM) vient de publier un point dans lequel il est question de l’incertitude qui planerait sur l’industrie automobile canadienne si Donald Trump imposait effectivement des tarifs à la frontière américano-mexicaine pour protéger l’industrie américaine.

Deux économies interconnectées qui ne gagneraient pas à se faire mal

Le Canada et les États-Unis sont deux voisins qui sont interdépendants sous plusieurs aspects. Les échanges bilatéraux sont le coeur de cette interconnexion avec plus de 800 milliards de dollars américains d’échanges annuels en biens et services. Ils permettent de soutenir 1 emploi sur 7 au Canada et plus de neuf millions d’emplois aux États-Unis.

Au-delà de l’aspect commercial, les mouvements de population entre les deux frontières sont assez importants et concernent près de 200 millions de personnes.

Cette interconnexion est régie par plusieurs accords. L’ALENA est l’un des plus importants, d’autant plus qu’il offre plusieurs occasions d’échanges ainsi que des avantages financiers considérables aux signataires (Canada, États-Unis et Mexique) depuis 1994.

L’arrivée attendue de Donald Trump à la Maison-Blanche fait grincer des dents chez les opérateurs économiques canadiens, qui redoutent les effets possibles d’une remise à plat de l’ALENA dans l’intérêt supérieur des Américains.

L’Institut économique de Montréal se préoccupe davantage du sort de l’industrie automobile canadienne. Elle appréhende le fait que le consommateur canadien ait à payer un prix plus élevé qu’avant pour une même voiture à cause de l’imposition annoncée des contraintes à la frontière américano-mexicaine.

L’intégration du marché de l’automobile depuis l’ALENA en 1994 a permis de réduire le prix des voitures tout en offrant une plus grande variété de modèles au bénéfice des consommateurs. 

–  Germain Belzile, chercheur associé senior à l’IEDM et coauteur du Point.

Des contraintes tarifaires aux frontières annonceraient un fléchissement de l’activité dans le secteur de la construction automobile et des pertes d'emploi importantes aussi bien au Canada qu'aux États-Unis
Des contraintes tarifaires aux frontières annonceraient un fléchissement de l’activité dans le secteur de la construction automobile et des pertes d’emploi importantes aussi bien au Canada qu’aux États-Unis © Getty

Des dommages des deux côtés de la frontière

Selon le point de l’Institut économique de Montréal, chacun des deux pays perdra des plumes avec la politique tarifaire souhaitée par Donald Trump.

Du côté du Canada, les experts de cette institution prédisent une véritable catastrophe économique.

D’après les chiffres ressortis dans le point, ce sont plus de 100 000 emplois qui seront directement menacés. Étant donné que la quasi-totalité des exportations canadiennes (96 %) est destinée au marché américain, les pertes s’annoncent importantes.

Parallèlement, le pays que Donald Trump veut tant protéger risquerait lui aussi d’être pris au piège, son chiffre d’affaires annuel de plus de 62 milliards de dollars d’exportation de biens automobiles risquerait de connaître un réel fléchissement.

Le niveau d’intégration des usines d’assemblage et des fournisseurs situés des deux côtés de la frontière est tel que l’imposition de tarifs douaniers serait très coûteuse pour les deux pays.

Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques à l’IEDM et coauteur de la publication.

«Il n’est clairement pas dans l’intérêt économique des États-Unis de compromettre l’intégration de l’industrie automobile américaine avec celle du Canada, ni d’ailleurs avec celle du Mexique» IEDM
«Il n’est clairement pas dans l’intérêt économique des États-Unis de compromettre l’intégration de l’industrie automobile américaine avec celle du Canada, ni d’ailleurs avec celle du Mexique» IEDM © PC/AP Photo/Paul Sancya

L’Institut lance un appel au nouveau président élu afin qu’il cesse de ne percevoir que des effets bénéfiques sur le court terme des contraintes à la frontière sur un nombre restreint de travailleurs du secteur de l’automobile aux États-Unis, pour se pencher sur le désastre qu’elles pourraient créer à plus long terme.

Les entreprises aussi bien américaines, canadiennes que mexicaines pourraient voir leur compétitivité diminuer face aux concurrents étrangers.

Compte tenu de ces réalités économiques, nous sommes confiants que l’administration Trump les prendra en considération lors de l’élaboration de ses politiques.

– Michel Kelly-Gagnon, président de l’IEDM

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