Au Manitoba, des arbres sont gelés et le vent souffle. (Jillian Coubrough / CBC)

Au Manitoba, des arbres sont gelés et le vent souffle. (Jillian Coubrough / CBC)

Sous -20 °C, fuyant à pied les États-Unis de Donald Trump, 22 personnes se réfugient au Canada

Vingt-deux réfugiés sont entrés au Manitoba près de la frontière d’Emerson au cours du week-end et les autorités canadiennes s’attendent à ce que les demandeurs d’asile marchant des États-Unis continuent de croître.

La température plongeait sous les -20 °C lorsque ce grand groupe de réfugiés a été aperçu traînant les pieds à travers les champs enneigés du Manitoba, au centre du Canada, tout près de la frontière américaine samedi.

L’un de ces réfugiés, Farhan Ahmed, dit qu’il ne pouvait pas sentir ses doigts ni ses orteils au terme d’une marche d’environ 12 kilomètres le long d’une route de campagne. « C’était très, très froid et il y avait de la glace cette nuit », a déclaré Ahmed.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a révélé que 19 personnes ont traversé la frontière près d’Emerson, située à environ 100 kilomètres au sud de Winnipeg, samedi et 3 autres dimanche.

Farhan Ahmed. (Tyson Koschik/CBC)

Farhan Ahmed. (Tyson Koschik/CBC)

Ils sont presque morts de froid

Ahmed et son groupe, y compris une famille avec des enfants, ont finalement appelé le service d’urgence 911 pour obtenir de l’aide. La GRC a emmené les réfugiés à un bureau de l’Agence des services frontaliers du Canada, où ils pouvaient présenter formellement leur demande d’asile.

Le nombre de demandeurs d’asile qui traversent la frontière entre le Canada et les États-Unis au Manitoba à pied au lieu des moyens officiels a considérablement augmenté au cours des derniers mois, a dit Rita Chahal, directrice générale du Manitoba Interfaith Immigration Council.

« En janvier seulement, il y avait environ 39, 40 dossiers ouverts », a-t-elle dit. Dix dossiers ont été ouverts la semaine dernière et, avec le dernier groupe au cours du week-end, elle mentionne qu’il y aura au moins 20 autres dossiers de demande cette semaine par des citoyens en provenance des États-Unis.

Depuis avril 2016, le conseil a ouvert 270 dossiers, avec une forte augmentation à l’automne.

Des centaines de réfugiés ont traversé récemment cette frontière à Emerson au Manitoba. (Ron Boileau / CBC)

Des centaines de réfugiés ont traversé récemment cette frontière à Emerson au Manitoba. (Ron Boileau / CBC)

Fuir la violence

Farhan Ahmed et un autre réfugiés. (Tyson Koschik/CBC)

Farhan Ahmed et un autre réfugiés. (Tyson Koschik/CBC)

Ahmed a grandi dans une petite ville en Somalie où son père était un chef local. En juin 2014, le père d’Ahmed a été assassiné. Et comme il était le fils aîné, sa vie était également menacée. « J’ai reçu des appels que je serais le prochain et je serais tué. »

La dernière fois qu’il a vu sa femme était le 23 juin 2014, trois jours après la mort de son père. Son voyage l’a ensuite mené au Brésil, au Venezuela, en Colombie, au Panama, au Costa Rica, au Nicaragua, au Honduras, au Guatemala et au Mexique avant d’atterrir aux États-Unis en octobre 2014.

Ahmed dit qu’il a été initialement détenu au Texas avant d’être transféré au centre de détention fédéral de Buffalo dans l’État de New York.

Il a été gardé dans cet établissement jusqu’en février 2015, puis sa demande d’asile a été refusée et qu’on lui a dit qu’il serait expulsé.

Cependant, Ahmed a dit qu’il y avait une confusion dans les documents et qu’il a été libéré et déplacé avec sa famille en Ohio.

« Ils m’ont donné l’autorisation de travailler, puis je suis devenu chauffeur de camion. J’avais l’habitude de conduire, je suis devenu contribuable », a-t-il dit.

Quand Donald Trump a signé il y a une dizaine de jours le décret interdisant aux citoyens de sept pays à majorité musulmane de venir aux États-Unis , y compris la Somalie, Ahmed a pensé qu’il n’y avait aucun espoir de régulariser son statut. Il a donc décidé de s’enfuir vers le Canada. « Le Canada est un bon pays, c’est un pays amical », a-t-il ajouté.

« Je souhaite que nous puissions obtenir une protection parce que je ne peux pas retourner en Somalie et que j’ai une femme et des enfants que je n’ai pas vus depuis deux ou trois ans… Je souhaite au Canada qu’ils me donnent une nouvelle vie. Apporter ma femme et mes enfants. Nous avons vu ce qui s’est passé dans les aéroports. »

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Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique
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