Des allégations de manipulation de la preuve pèsent sur le SPVM

Des allégations de manipulation de la preuve pèsent sur le SPVM
Photo Credit: Radio-Canada/Luc Lavigne

La police peut-elle enquêter sur la police de façon impartiale?

La Sûreté du Québec (SQ) va ouvrir une enquête concernant d’anciennes enquêtes menées par le Service de police de Montréal (SPVM) sur certains de ses ex-officiers, ce qui fait redouter un risque d’impartialité. Une affaire de manipulation de la preuve est au centre de cette nouvelle enquête de la SQ sur le SPVM, à la demande de son directeur, Philippe Pichet.

Les faits

À l’émission JE, diffusée mardi soir, une révélation troublante est faite sur le Service de police de Montréal. 

Deux anciens officiers ont affirmé que les affaires internes avaient fabriqué des éléments de preuve contre eux pour les museler, afin qu’ils ne dévoilent pas des faits de corruption au sein du SPVM.

Les deux anciens officiers, Jimmy Cacchione et Geovanni Di Feo, étaient soupçonnés d’avoir des contacts douteux avec Luigi Coretti, un homme d’affaires accusé de fraude et ex-patron de la firme de sécurité BCIA.

Ayant été mis sur écoute par la Gendarmerie royale du Canada, ils avaient été suspendus sans solde en 2013, avant de négocier leur cessation d’emploi en 2014.

Dans cette émission du réseau TVA, un autre ex-policier du SPVM, Roger Larivière, a dénoncé des enquêtes internes qui ne se déroulaient pas comme il se doit.

Ayant suivi le reportage de TVA, Philippe Pichet, le directeur de la police de Montréal, qui s’est dit « très préoccupé » par les allégations, a saisi la Sûreté du Québec afin qu’elle revoie toutes les enquêtes mises en cause par ses anciens officiers.

Denis Coderre, le maire de Montréal, et Martin Coiteux, le ministre de la Sécurité publique du Québec, ont salué la réaction du directeur du SPVM, affirmant que les révélations sont suffisamment sérieuses pour exiger une enquête immédiate.

Le chef du SPVM Philippe Pichet, le 31 octobre 2016
Le chef du SPVM Philippe Pichet, le 31 octobre 2016 © PC/Ryan Remiorz

 Problème de transparence 

Les principaux partis de l’opposition au Québec ont estimé que les enquêtes du SPVM, qui doivent être revus par la SQ, portent sur une intervention policière avec mort d’homme, par conséquent, elles ne relèvent pas du mandat de la Sûreté du Québec.

Se demandant si la SQ prendra tout le recul nécessaire pour rétablir les faits sans risque de manipulation, ces partis ont relevé que la SQ ne semble pas répondre aux critères de transparence, d’indépendance, d’impartialité et d’équilibre.

C’est pourquoi ils ont souligné la nécessité qu’un autre corps policier, qui a toute la capacité pour mener l’enquête de façon transparente et impartiale, prenne les choses en main.

À l’unanimité, les chefs dans l’opposition ont demandé que ce ne soit pas la Sûreté du Québec qui enquête sur le Service de police de Montréal. Ils suggèrent d’utiliser le Bureau des enquêtes indépendantes, qui avait été créé afin d’intervenir en cas d’allégations potentielles impliquant les policiers du Québec.

Le gouvernement provincial, pour sa part, a estimé que ce Bureau ne devrait pas intervenir à cette fin.

La situation de rivalité qui semble prévaloir au sein du SPVM depuis une vingtaine d’années annonce une véritable tempête politique au Québec.

Voiture de police du SPVM
Voiture de police du SPVM © Radio-Canada/Daniel Herrera Castillo

La confiance du public envers le SPVM menacée?

L’opposition se demande si les allégations au sujet de la manipulation de preuves par le SPVM ne feraient pas en sorte que le public perde confiance dans le service de police, censée incarner la probité, l’intégrité et l’honnêteté.

Le directeur du SPVM, réagissant aux allégations de manipulation de la preuve, a clamé son innocence et rejeté toute responsabilité personnelle dans cette manipulation alléguée.

Malgré cela, l’opposition a demandé son congédiement, en soutenant qu’il ne peut rester en poste pendant que l’enquête se poursuit, étant donné qu’on fait face à des allégations de manipulation de la preuve au sein du SPVM, ce qui est susceptible de représenter une infraction grave, voire criminelle.

Les analystes appellent à une grande prudence, puisqu’il est préférable d’attendre la vérification des faits allégués avant de congédier le directeur du SPVM.

RCI avec Radio-Canada

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Catégories : Politique, Société
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