Parlant dans une usine de Kenosha au Wisconsin, Donald Trump a déclaré qu’il envisageait de signer un ordre exécutif qui exhorterait les entreprises américaines à faire une chose: « Achetez des États-Unis et embauchés en Amérique ».

Parlant dans une usine de Kenosha au Wisconsin, Donald Trump a déclaré qu’il envisageait de signer un ordre exécutif qui exhorterait les entreprises américaines à faire une chose: « Achetez des États-Unis et embauchés en Amérique ». (Kevin Lamarque / Reuters)
Photo Credit: Kevin Lamarque / Reuters

Trump s’attaque maintenant à la mise en marché de nos producteurs de lait canadiens

Le président américain Donald Trump menace, en des mots très directs, les producteurs de lait canadiens lors d’une visite mardi d’un de ses châteaux fort politiques au Wisconsin.

Dans un discours devant des partisans, il a promis aux producteurs laitiers de cet État de revoir les accords commerciaux avec le Canada. « Au Canada, des choses très injustes se sont passées contre nos producteurs laitiers », a-t-il précisé.

Puis, dans un autre souffle et applaudi par la foule, il a ajouté : « Ce qui vous est arrivé est très, très injuste. C’est le genre d’accord typiquement partial, contre les États-Unis. Et ça ne durera pas. »

« Nous allons appeler le Canada et leur demander ce qui se passe », a-t-il lancé à la foule réunie pour l’entendre parler de la signature de son plus récent décret. Ce décret « acheter américain, embaucher américain » doit donner un avantage aux produits et citoyens des États-Unis pour tout projet du gouvernement fédéral américain.

« C’est une chose terrible qui est arrivée aux fermiers du Wisconsin », a-t-il insisté, en promettant, encore une fois, d’y voir au plus vite, et même « immédiatement », « dès aujourd’hui ».

Extrait du discours de Trump en anglais – 1:25

Pourquoi cette attaque en règle contre les producteurs laitiers canadiens?

«Au Canada, des choses très injustes se sont passées contre nos producteurs laitiers», a déclaré Donald Trump.
«Au Canada, des choses très injustes se sont passées contre nos producteurs laitiers», a déclaré Donald Trump. AFP, SAUL LOEB © AFP, SAUL LOEB

Le discours de Donald Trump tire parti du mécontentement des producteurs laitiers du Wisconsin. Ceux-ci perdraient des parts de marché en raison des efforts de l’industrie laitière canadienne pour réduire les prix de son lait diafiltré, selon le site internet du gouverneur du Wisconsin Scott Walker.

L’occupant de la Maison-Blanche s’attaquerait donc à cette politique précise plutôt qu’à l’ensemble de la gestion de l’offre, même s’il s’est plaint dans le passé des règles de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui ralentissent tout processus de changement.

Jusqu’à maintenant, le gouvernement canadien s’était conforté en entendant le président américain attaquer surtout son voisin mexicain au sujet de l’ALENA, allant même jusqu’à dire au premier ministre Justin Trudeau, lors de sa visite à Washington en février, que les États-Unis ne feraient que quelques « ajustements mineurs » à la partie de l’accord commercial qui les lie au Canada.

Le gouvernement canadien répond à Trump par la bouche de son ambassadeur

David MacNaughton, ambassadeur canadien à Washington
David MacNaughton, ambassadeur canadien à Washington © cbc.ca

L’ambassadeur canadien à Washington David MacNaughton a acheminé une lettre au nom du gouvernement du Canada, mardi, aux gouverneurs de l’État de New York, Andrew Cuomo, et du Wisconsin, Scott Walker, disant ne pas croire, contrairement à eux, que les politiques canadiennes sur les produits laitiers entraînent des pertes pour les producteurs américains.

M. MacNaughton a indiqué qu’il répondait à une lettre des deux gouverneurs au président Donald Trump lui demandant de s’attarder aux politiques canadiennes sur les produits laitiers.

Selon le gouvernement du Canada, un rapport du département américain de l’Agriculture indique pourtant clairement que les piètres résultats dans le secteur laitier aux États-Unis sont attribuables à une surproduction mondiale et américaine. Ce document indique aussi que le Canada ne contribue pas à ce problème de surproduction, affirme la lettre signée par l’ambassadeur.

La missive soutient que l’équilibre commercial dans le secteur des produits laitiers avantage considérablement les États-Unis, à environ 5 contre 1.

Le gouvernement fédéral de Justin Trudeau dit soutenir le système de gestion de l’offre, les producteurs laitiers et l’ensemble de l’industrie laitière au Canada. Il souligne aux deux gouverneurs que le Canada respecte ses obligations en vertu de l’ALENA en accordant un accès pour les substances de protéines de lait des États-Unis sans tarif ni quotas, arguant que le secteur laitier canadien est moins protectionniste que celui des États-Unis.

En conclusion, l’ambassadeur écrit que le partenariat entre le Canada et les États-Unis est un modèle dans le monde, et appelle à travailler de concert afin qu’il le demeure.

« C’est absurde! » rétorquent les Producteurs de lait du Québec

« Le lait diafiltré est un produit américain spécifiquement destiné au marché canadien pour contourner des règles. Et ce qu’il conteste en ce moment, c’est notre droit d’offrir à nos clients un prix concurrentiel. C’est une réaction un peu absurde », s’exclame le directeur adjoint aux relations publiques de l’association, François Dumontier.

Le lait diafiltré est une protéine de lait liquéfiée qui entre dans la fabrication du fromage. Les producteurs laitiers canadiens ont réduit le prix de la protéine de lait qu’ils vendent aux transformateurs canadiens il y a un an pour concurrencer le lait diafiltré américain.

Quant à la gestion de l’offre, les Producteurs de lait du Québec demeurent convaincus que le gouvernement canadien va se porter à la défense de ce système. « L’important pour nous, c’est que le gouvernement défende sa politique agricole comme les Américains vont défendre la leur », dit François Dumontier.

« Le marché (canadien) est bien plus ouvert que celui des États-Unis. On n’a pas de leçons à recevoir des États-Unis en cette matière-là », ajoute-t-il, en précisant que les Américains importent moins de 2 % de leur consommation de produits laitiers, contre 8 % pour le Canada.

Le premier ministre québécois n’est pas surpris par les propos de Trump

Le premier ministre Philippe Couillard
Le premier ministre Philippe Couillard © Jacques Boissinot. PC

« Ce n’est pas la première fois que la gestion de l’offre est ciblée dans des négociations. Chaque fois, c’est la même chose. Mais je vais répéter très simplement, et je suis convaincu que c’est la même chose pour nos collègues du gouvernement fédéral, qu’on va être aux côtés de nos agriculteurs pour défendre la gestion de l’offre», a affirmé M.Philippe Couillard, mardi soir, à Montréal.

« Pourquoi? Pas pour défendre un système, mais pour défendre la ferme familiale, pour défendre le droit pour les jeunes de choisir un mode de vie rural en agriculture sans avoir à bâtir des structures industrielles qui ne leur ressemblent pas. C’est ça qu’on défend lorsqu’on défend la gestion de l’offre », a-t-il ajouté, faisant valoir que les États-Unis «subventionnent énormément» leur secteur agricole.

RCI avec La Presse canadienne, Radio-Canada et CBC

Sur le même thème

Trump promet à ses producteurs laitiers un commerce plus équitable avec le Canada – SRC 

Trump nomme son nouveau représentant commercial chargé d’adopter la « ligne dure » avec le Canada – RCI 

Trump targets ‘unfair’ Canadian dairy rules in fiery trade speech – CBC 

Catégories : Économie, International, Politique, Société
Mots-clés : , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.