*La loi 54 affirme ainsi que les animaux ne sont « pas des biens », mais « des êtres doués de sensibilité » qui « ont des impératifs biologiques ».

*La loi 54 affirme ainsi que les animaux ne sont « pas des biens », mais « des êtres doués de sensibilité » qui « ont des impératifs biologiques ».
Photo Credit: DAVID SHIELD / CBC

Quand la cruauté animale s’invite au menu sur nos tables

Selon le Centre national sur les poursuites pour cruauté envers les animaux, il existe d’après plusieurs études un lien entre la cruauté envers les animaux et la violence exercées envers les humains et notamment envers les femmes et les enfants.

Des histoires de cruauté animale dans nos fermes d’élevage sont rapportées avec une régularité déconcertante au Canada. Aucune province n’est épargnée par la tempête médiatique qui en découle généralement.

Selon la Ligue canadienne de défense des animaux, le Nunavut affiche la pire performance au pays, tandis que le Manitoba, la Nouvelle-Écosse, la Colombie-Britannique et l’Ontario font partie des meilleurs élèves grâce à leurs lois qui offrent une grande protection aux animaux.

Dans ces quatre provinces, les lois relatives au bien-être animal protègent la plupart des espèces et exigent que les vétérinaires signalent des cas soupçonnés de cruauté animale. De plus, la législation en vigueur dans ces provinces tient compte de la souffrance psychologique chez les animaux, du moins en ce qui concerne certaines espèces.

Plusieurs groupes de défense des droits des animaux réclament maintenant des lois encore plus sévères sur le modèle d’une récente initiative québécoise, la loi 54.

Le mauvais exemple du Québec revu et corrigé

Un dindon déplumé par de mauvais traitements.
Un dindon déplumé par de mauvais traitements. © CBC

La Ligue canadienne de défense des animaux estime que le Québec a enregistré la pire performance au Canada en 2012, 2013 et 2014. Mais la situation serait en voie de s’améliorer avec l’adoption de la nouvelle loi 54 qui tente de protéger spécifiquement les animaux d’élevage qui étaient jusqu’ici exemptés de la protection de la loi.

Cette loi, qui redéfinit l’animal en tant qu’être « doué de sensibilité », tente de faire passer le Québec de l’une des juridictions les plus laxistes en Amérique du Nord en matière de règles sur le bien-être animal à l’une des plus strictes.

Les peines infligées dorénavant à ceux qui sont coupables de cruauté animale prévoient une amende de 250 $ à 250 000 $ pour chaque infraction. Ces amendes peuvent doubler ou tripler pour les récidivistes, et un juge peut décider d’envoyer un récidiviste jusqu’à 18 mois derrière les barreaux.

Pierre Paradis, le ministre québécois de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, s’est inspiré du Manitoba, de l’Ontario et la Colombie-Britannique, les trois provinces canadiennes qui ont à présent les lois les plus sévères pour la protection des animaux au pays.

Le cas du travailleur bovin qui torturait ses bêtes

En 2014, l’organisation humanitaire Mercy For Animals Canada avait mis en ligne sur YouTube les images de mauvais traitements souvent sadiques envers des animaux d’une ferme de la Colombie-Britannique qui était la plus grande ferme laitière industrielle de tout le Canada.

Dans cette vidéo, on apercevait clairement des travailleurs donner des coups de pied, battre, puis traîner des vaches par le cou à l’aide de chaînes attachées à des tracteurs.

La vidéo tournée clandestinement à la ferme Chilliwack Cattle Sales était pour plusieurs horrible à regarder.

Coupable!

Le printemps dernier, la compagnie Chilliwack Cattle Sales, l’un des principaux fournisseurs de Saputo, qui est le plus gros transformateur laitier basé à Montréal, a annoncé l’adoption d’une nouvelle politique dite de « bien-être » des animaux. Mais cette tentative de montrer patte blanche n’a pas ému la justice.

Il y a quelques mois, l’avocat de la Couronne a obtenu l’imposition d’une amende de 75 000 $ pour chacune des quatre accusations portées contre la compagnie et son employé Wesley Kooyman, ainsi qu’une amende additionnelle de plus 45 000 $ pour un total de 345 000 $.

Ce cas de cruauté envers les animaux a également incité le ministère de l’Agriculture de la Colombie-Britannique à adopter un code de bonne pratique animale propre à l’industrie laitière dans le cadre d’une révision de sa politique provinciale de prévention de la cruauté envers les animaux.

Le groupe de pression Mercy For Animals recommande cependant à cette province comme à toutes les autres provinces du pays d’aller plus loin, en rendant les codes de pratiques de l’industrie laitière contraignants. Le non-respect de ces codes qui prescrivent certaines exigences quant aux traitements et au bien-être des vaches laitières du Canada devrait aussi avoir selon l’organisme des conséquences juridiques.

Souillés par l’urine et leurs excréments, ces veaux aboutissaient dans nos assiettes

 Un veau la bouche ensanglanté de l’entreprise Délimax au Québec.
Un veau la bouche ensanglanté de l’entreprise Délimax au Québec. © YouTube

L’industrie québécoise de viande de veau a reçu en 2014 tout un oeil au beurre noir à la suite de la diffusion d’un reportage aux images explosives présentées durant la fête du congé Pascal à l’antenne de l’émission de télévision anglaise W5 au réseau CTV.

Dans ce reportage, des centaines de milliers de Canadiens ont été révoltés par les images d’une caméra cachée montrant des veaux battus à coups de pied et électrocutés au pistolet. Certaines des 800 bêtes se trouvant sur cette ferme étaient agonisantes et croupissaient dans leurs déjections.

Les responsables de l’étable plongeaient la tête de certains veaux malades dans des bols de laits pour les forcer à manger. D’autres étaient tout bonnement euthanasiés à coups de fusil qui fois après fois rataient leurs cibles.

Plusieurs des veaux filmés étaient terrifiés par les hurlements d’autres animaux en détresse et tous étaient enfermés dans des cages si étroites qu’ils ne pouvaient se déplacer.

C’est un enquêteur anonyme de l’organisation Mercy for Animals Canada qui a filmé ces images dans une ferme de Pont-Rouge, tout près de la ville de Québec.

Ces images choquantes tournées dans une ferme de l’entreprise Delimax ont permis de mener à la condamnation de M. Éric Dame. Ce travailleur a été reconnu coupable d’abus et de maltraitance envers les animaux.

Pour avoir enfreint l’article 55.9.2 (4) de la Loi sur la protection sanitaire des animaux, Dame a été condamné à payer une amende de 4000 $ et il lui est interdit de posséder plus de cinq animaux pour une période de 15 ans.

Le saviez-vous?
Les responsabilités en matière de protection des animaux sont partagées entre les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux.
Les poursuites judiciaires pour cruauté envers les animaux en vertu du Code criminel du Canada s’appliquent ainsi partout dans le pays.
Le Code criminel stipule que le fait de « proférer des menaces, tuer ou blesser, mutiler, empoisonner ou estropier des bestiaux…» constitue une infraction punissable d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement avec une interdiction de posséder ou de garder un animal à vie, dans certains cas.
 Ces sanctions punitives ne sont jamais adoptées jusqu’au bout.

Les cas de cruautés sont souvent rapportés dans l'élevage des chiens au Canada.

Les cas de cruautés sont souvent rapportés dans l’élevage des chiens au Canada.

Des dindons torturés

L’organisation pour la protection des animaux a capté des scènes d’une horrible cruauté avec ses caméras cachées dans une ferme d’élevage de dindes, en Ontario, en 2014.

Dans cette ferme appartenant à Hybrid Turkeys, une des plus importantes entreprises d’élevage de dindes au Canada, on voit des dindons battus à mort.

Les séquences troublantes montrent des dindes se faire frapper à coups de pied, tirer par les employés, et être battues violemment avec des pelles et des barres de métal, et rassemblées dans des enclos sales où on les laisse mourir de leurs blessures.

Hybrid Turkeys a suspendu quatre employés après avoir visionné des images vidéo. En 2015, elle a reconnu sa culpabilité en cours et a été condamnée à une amende d’un peu plus de 5000 $.

Reportage de Mercy for Animals Canada en anglais – 2:15

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Catégories : Économie, Société
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