«They’re doing it right on the street. (Trad.: Ils le font en pleine rue)»Simeon Tshakapesh, vice-grand chef de la nation innue du Labrador.
Photo Credit: Radio-Canada

Natuashish au Labrador : les démons de Davis Inlet refont surface et déciment la jeunesse

C’était il y a une quinzaine d’années, c’était un nom qui portait une tache sombre sur l’histoire de la relation entre le Canada et ses Premières Nations.

Davis Inlet au Labrador

Davis Inlet, c’est une communauté d’Innus Mushuau du Labrador installée de force par le gouvernement canadien.

Au fil des années, les habitants de Davis Inlet réclament du fédéral qu’on les ramène sur la terre ferme. Il a fallu attendre à 2002 pour entamer ce retour, cette fois vers Natuashish. L’évacuation de Davis Inlet s’est terminé en août 2003.

Affaires autochtones et du Nord, Canada

L’histoire se répète

Voilà qu’en 2017, les chefs de la communauté sont aux prises avec un terrible fléau qui sévissait à Davis Inlet, celui d’enfants, parfois pas même adolescents, qui inhalent des vapeurs d’essence.

« They’re doing it right on the street. (Trad.: Ils le font en pleine rue) »

Simeon Tshakapesh, vice-grand chef de la nation innue du Labrador.

Le feu de 1993

L’incendie de Davis Inlet de 1993 et les reportages qui ont suivi ont mis en évidence la terrible réalité de ces jeunes inhalant des vapeurs d’essence à même des sacs de plastique.

Avec devant eux un avenir des plus sombre, ils affirmaient vouloir en finir avec la vie. Ces images d’enfants complètement intoxiqués, de taudis sans eau courante et de déchéance humaine ont fait le tour du monde.

Il aura fallu attendre dix ans avant que le gouvernement canadien déménage la communauté à Natuashish.

Jeune fille sous l’effet des vapeurs d’essence endormie dans une baignoire dans une maison abandonnée de Natuashish (photo: Simeon Tshakapesh, vice-grand chef de la nation innue du Labrador.)

Drogues et alcool

Bien que Natuashish soit officiellement une communauté où la vente d’alcool est interdite (dry community) il y est très facile de s’en procurer. Il en va de même pour la marijuana et la cocaïne.

Depuis des milliers d’années, les Innus Mushuau vivaient de la terre, en nomades, à suivre les caribous. S’adapter au mode de vie sédentaire et aux usages occidentaux reste encore un défi pour cette communauté isolée, coincée entre deux mondes, entre télévisions par satellite et Facebook et une sédentarisation d’à peine 50 ans.

Que l’on parle d’augmenter le nombre de patrouilles le soir et la nuit, que l’on songe à mettre sur pied un programme de camps de jour pour les jeunes et un centre pour les adolescents, que l’on propose divers programmes d’intervention de santé publique, la route sera longue pour se sortir de ces ornières.

« We are Innu. We cannot be healthy or successful in life without understanding and embracing our culture, our language and our connection with our land and animals. We need to get ready. If not, we’re going to be in really dire straits 10 years from now. »

(Trad.: Nous sommes des Innus. Nous ne pouvons pas être en santé ou avoir du succès dans la vie sans une compréhension profonde et une acceptation totale de notre culture, de notre langue et de notre relation intime avec les animaux. Cela dit, nous devons nous préparer, sinon, nous serons vraiment dans une situation terrible dans dix ans.)

Simeon Tshakapesh, vice-grand chef de la nation innue du Labrador.

Le chef Tshakapesh ajoute qu’Innu, Inuit et Métis doivent absolument collaborer afin de créer un centre jeunesse multiservice, multitraitement au Labrador. Il craint l’arrivée de drogues encore plus dangereuses comme le fentanyl.

RCI, PC

Catégories : Autochtones, Économie, Politique, Santé, Société
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