Le lac Érié et son problème de microbilles de plastique.
Photo Credit: Wikipédia

Engagement du Canada à œuvrer à la préservation de l’environnement : simple déclaration de bonnes intentions?

Le Canada s’est toujours positionné parmi les nations qui ont à cœur la lutte contre les changements climatiques et la préservation de la planète. À l’heure du bilan, le pays se retrouve-t-il parmi ceux qui parlent le plus, mais qui en font moins?

Le Canada en harmonie avec les autres pays industrialisés?

Si du côté des États-Unis le « climatoscepticisme » est à son comble, l’engagement du Canada sur la scène nationale et internationale de porter le combat toujours plus haut a été maintes fois souligné et réaffirmé par ses dirigeants.

Cela a été encore visible aujourd’hui. Le gouvernement fédéral a réitéré sa détermination à améliorer le rendement énergétique des immeubles de la capitale nationale, grâce à des technologies novatrices qui permettront de réduire les coûts énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre.

L’année dernière, 207 députés de la Chambre des communes contre 81, ont ratifié l’Accord de Paris sur les changements climatiques, engageant ainsi le Canada à assumer sa part de responsabilité dans le réchauffement climatique, en observant scrupuleusement les points essentiels de l’accord :

  • Limiter le réchauffement climatique en dessous du seuil des 2 degrés Celsius
  • Fournir les ressources nécessaires pour venir en aide aux pays en développement dans la lutte contre les changements climatiques
  • Œuvrer à l’émergence d’un monde plus propre, sans carbone d’ici 2100

Ces engagements résonnent comme de véritables hymnes à la protection de notre planète. Pourtant, dans les faits, les fruits ne tiennent pas toujours la promesse des fleurs.

Le premier ministre du Canada Justin Trudeau prend parole à la conférence de Paris sur le climat.
Le premier ministre du Canada Justin Trudeau prend parole à la conférence de Paris sur le climat.

La qualité de l’eau des Grands Lacs et la protection du territoire compromises

Des nouvelles peu rassurantes, en provenance de l’Université de Waterloo, font état de la destruction des petits marais, ce qui risque de porter un dur coup à la santé des Grands Lacs et de créer une crise de la santé publique sans précédent.

Les chercheurs, qui ont analysé la situation de 350 terres humides dans le monde, tirent la sonnette d’alarme et exhortent les dirigeants à prendre rapidement des mesures pour les protéger.

Ces milieux humides, surtout ceux qui sont de petite taille, jouent un rôle prépondérant dans l’élimination des nutriments qui accélèrent la prolifération des algues nuisibles des Grands Lacs.

Il se trouve que ces petits milieux humides disparaissent à une vitesse vertigineuse, à cause de la pression du milieu agricole et du développement immobilier.

Les chercheurs soulignent que la présence du phosphore et de l’azote dans les étendues d’eau douce peut présenter de grands risques pour la santé, tout comme la présence d’algues bleu-vert dans les Grands Lacs.

La situation du bassin du Lac Érié, l’un des plus peuplés des Grands Lacs, où habitent plus de 80 millions de Canadiens et d’Américains, est préoccupante.

Ce lac, peu profond, se retrouve fragilisé et il se réchauffe plus vite, ce qui favorise le développement des algues bleu vert. Tout cela pose un problème majeur pour ce qui est de la qualité de l’eau de ravitaillement pour la population.

En ce qui concerne la protection du territoire et de la biodiversité, le Canada fait aussi piètre figure.

Le Canada arrive bon dernier parmi les pays du G7 lorsqu’il s’agit de mettre en place un réseau d’aires protégées terrestres. Cette mauvaise performance est accentuée par le retard du Québec et elle est attribuable aux obstructions ministérielles de la province, Le gouvernement Couillard s’était engagé, avec le Canada, à protéger 17 % du territoire d’ici 2020, mais – en six ans, on n’a même pas réussi à ajouter 1 % au réseau d’aires protégées dans la province.

Réseau hydrographique des Grands Lacs
Réseau hydrographique des Grands Lacs © Radio-Canada

Des émissions de gaz à effet de serre en hausse constante

Les émissions de gaz à effet de serre connaissent une hausse inquiétante au Canada, avec le secteur de l’exploitation pétrolière et gazière comme le plus grand émetteur du pays, suivi de près par les secteurs des transports, du bâtiment, de l’électricité, des secteurs de l’industrie lourde et agricole, entre autres.

Les émissions qui se situent actuellement autour de 725 pour l’ensemble du pays pourraient grimper jusqu’à 875 mégatonnes d’Éq. CO2 d’ici à 2030.

Projections préliminaires des émissions au Canada.

Après Paris en 2015, le Canada s’était pourtant engagé, lors de la dernière conférence des Nations unies sur le changement climatique tenu à Marrakech, au Maroc (visait la mise en œuvre de l’Accord de Paris), à réduire à 80 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, par rapport à son niveau de 2005.

En dehors de quelques provinces comme le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique, qui ont pris des mesures pour inverser la courbe haussière du carbone, cela grâce à un marché du carbone qui pousse les plus grandes entreprises pollueuses à prendre des mesures pour réduire leurs impressions, les autres tardent toujours à suivre cette marche.

Bien que l’Alberta ait annoncé en novembre dernier un nouveau plan, qui prévoit l’augmentation de la taxe carbone à la pompe ainsi qu’une taxation plus élevée pour les grands pollueurs, cette province et la Saskatchewan sont perçues comme deux grosses indisciplinées.

Il s’agit de grands producteurs de pétrole, qui sont de plus en plus attachés à l’exploitation de l’or noir considéré comme le moteur de leurs économies.

Les émissions de GES de l’Alberta ont augmenté de 53 % par rapport à 1990, passant de 174 à 267 mégatonnes, et celles de la Saskatchewan ont augmenté de 66 % par rapport à 1990, passant de 45 à 74 mégatonnes.

Les cibles canadiennes de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) ne sont qu’une illusion qui s’envolera en fumée si la croissance de l’exploitation des sables bitumineux se poursuit au même rythme.

En Alberta, l’extraction des sables bitumineux se traduit par l’émission de grandes quantités de gaz à effet de serre.
En Alberta, l’extraction des sables bitumineux se traduit par l’émission de grandes quantités de gaz à effet de serre. © GI/MARK RALSTON

RCI avec des informations du gouvernement fédéral et de Radio-Canada

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