La capitale du Mali, Bamako, est située dans le sud du pays.

La capitale du Mali, Bamako, est située dans le sud du pays.
Photo Credit: ICI Radio-Canada

Un collectif de la diaspora malienne dit non au projet de modification de la Constitution

À l’approche de l’élection présidentielle de 2018, le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, souhaite modifier la constitution du pays pour se doter des pleins pouvoirs, ce qui est vivement dénoncé par les partis politiques et autres membres de la société civile qui organisent des marches de contestation dans le pays. Certains Maliens de la diaspora s’insurgent également contre cette volonté du président Keïta, ce qui motive la marche prévue samedi prochain à Montréal.

Anté-Abana

Massa Kanté, entrepreneur et l’un des coordonnateurs du mouvement Anté-Abana © Massa Kanté

Massa Kanté est un Malien de la diaspora qui vit à Montréal. Il est entrepreneur et l’un des coordonnateurs du mouvement Anté-Abana, qui signifie « on n’est pas d’accord ».

Dans une entrevue avec Alice Chantal Tchandem, M. Kanté a confié que l’organisation, qui regroupe aussi bien les Maliens de la diaspora que ceux qui se trouvent au Mali, travaille en étroite collaboration avec les partis politiques de l’opposition sur le terrain dans son pays natal.

La principale motivation est le retrait pur et simple du projet de référendum en vue de la modification de la constitution.

Ce projet de révision de la constitution de 1992 viserait plusieurs objectifs qui déplaisent au mouvement Anté-Abana.

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Renforcer les pouvoirs du président

Le mouvement remet en question l’intention présidentielle qui est celle de se doter des pleins pouvoirs pour être en mesure de prendre les décisions les plus importantes pour le pays de manière quasi unilatérale.

Il en est ainsi de la nomination des responsables au sein des institutions, dont le Sénat.

Les deux tiers de ses membres seraient en principe nommés par le président, sans une définition précise du terme de leur mandat, tandis que l’autre tiers serait élu.

Les pouvoirs du président lui permettraient également de nommer le président de la Cour constitutionnelle, alors que celui-ci est d’habitude désigné par les autres membres de la Cour. Enfin de compte, il pourrait se voir investi du pouvoir d’interdire aux députés de changer de parti politique en cours de mandat.

Des déplacés maliens, en 2014
Des déplacés maliens, en 2014 © Joe Penney / Reuters

Des modalités de l’organisation du référendum en inadéquation avec les exigences du moment

Vouloir rapidement organiser un référendum en vue de la modification de la Constitution, quelques semaines seulement après l’adoption du projet de modification par l’Assemblée nationale, satisferait l’ordre du jour personnel du président Ibrahim Boubacar Keïta.

En effet, la consultation était au préalable prévue le 9 juillet, après l’adoption du projet de révision constitutionnelle par le Conseil des ministres au mois de mai, ensuite le 3 juin par l’Assemblée nationale.

Ce référendum avait été reporté et l’opposition estime que tout serait savamment calculé par le pouvoir, en prévision de l’élection présidentielle de 2018.

Le président Keïta est soupçonné de préparer sa réélection, en voulant nommer un juge à la Cour constitutionnelle, dont les pouvoirs s’étendraient jusqu’à la proclamation des résultats des élections.

Comme l’a expliqué M. Kanté, plusieurs contraintes sociales, environnementales et économiques ne permettent tout simplement pas la tenue de ce référendum.

Il mentionne à titre d’exemple, les difficultés liées à la saison des pluies et l’insécurité dans les régions du nord et du centre. Ces dernières doivent encore être sécurisées, car les groupes djihadistes sont loin d’être totalement maîtrisés. Une situation qui ne permettrait pas la tenue du référendum sur l’ensemble du territoire national.

Le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keita
Le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keita © AFP/ISSOUF SANOGO

Que disent les autorités

Nous avons tenté d’obtenir les motivations du pouvoir de Bamako, par l’entremise de l’ambassade du Mali au Canada, mais notre demande est restée sans réponse pour le moment.

Selon des informations du journal Le Monde et de Radio France Internationale, le pouvoir motive sa volonté de modifier la Constitution par le fait que le pays doit se doter de moyens modernes pour répondre à certains dysfonctionnements vieux de plus de 20 ans, ce qui permettra de bien gérer le pays.

C’est une volonté qui a été maintes fois manifestée par les prédécesseurs du président Keïta, dont Alpha Omar Konaré ou encore Amadou Toumani Touré.

En attendant, le mouvement Anté-Abana demande que le projet soit tout simplement retiré, dans l’intérêt du pays et de tous les Maliens qui sont appelés à se mobiliser, entre autres à la marche de samedi à Montréal, pour faire barrage aux ambitions personnelles du président Boubacar Keïta.

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