De nombreux enfants sauvés par l’armée nigériane dans la forêt de Sambisa ont été emmenés au camp de Malkohi.

De nombreux enfants sauvés par l’armée nigériane dans la forêt de Sambisa ont été emmenés au camp de Malkohi.
Photo Credit: Afolabi Sotunde / Reuters

Islamistes radicaux : l’UNICEF dit non à l’utilisation des enfants comme des munitions

L’UNICEF dénonce la tactique de guérilla des islamistes radicaux du groupe Boko Haram qui se servent des enfants pour faire exploser des bombes dans leurs attaques dans quatre pays en Afrique centrale et de l’ouest.

Thierry Delvigne-Jean, responsable des communications pour l’Afrique centrale et de l’ouest à l’UNICEF © UNICEF

Un phénomène qui prend de l’ampleur

Depuis le début de cette année, ce sont près de 100 enfants qui ont été enlevés de force dans la sous-région et utilisés comme de la « chair à canon ».

Un phénomène que dénonce l’UNICEF qui est présent sur le terrain, aux côtés des enfants et de leurs familles.

Dans une entrevue avec Alice Chantal Tchandem, Thierry Delvigne-Jean, le responsable des communications pour l’Afrique centrale et de l’ouest à l’UNICEF, décrit une véritable situation de crise où même des bébés sont mis à contribution dans la sale besogne des islamistes radicaux du groupe Boko Haram­.

Ces enlèvements qui ont lieu principalement lors d’attaques nocturnes touchent différemment les pays, les villages du nord du Cameroun et du nord-est du Nigeria ayant été les plus touchés.

Depuis le 1er janvier 2017, 83 enfants ont été utilisés comme « bombes humaines » : 55 d’entre eux étaient des filles le plus souvent âgées de moins de 15 ans, 27 étaient des garçons, et l’un était un bébé attaché à une fille. Utiliser des enfants de cette manière est une atrocité.
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Un attentat à la bombe perpétré par Boko Haram en décembre 2014 à Gombe, au Nigeria
Un attentat à la bombe perpétré par Boko Haram en décembre 2014 à Gombe, au Nigeria © EPA

La réinsertion des enfants rescapés : un véritable défi

Comme l’a rapporté Thierry Delvigne-Jean, l’aide apportée aux enfants rescapés de cet enfer porte prioritairement sur leur santé et leur réinsertion sociale.

La tâche n’est pas du tout aisée, car les communautés se montrent particulièrement méfiantes envers ces enfants qui sont désormais perçus comme des adeptes du groupe islamiste Boko Haram, et par conséquent rejetés.

M. Delvigne-Jean parle d’une situation particulièrement préoccupante pour ces enfants qui sont enlevés, sans distinction d’âge ou de sexe, et qui doivent, en plus de gérer le drame psychologique relié à leur enlèvement, vivre avec la hantise d’être rejetés par leurs proches.

L’utilisation d’enfants dans de telles attaques crée d’autant plus la suspicion et la peur à l’endroit des enfants qui ont été libérés, qui ont été rescapés ou qui se sont échappés du groupe armé Boko Haram. De nombreux enfants captifs qui ont réussi à s’enfuir font par conséquent face au rejet lorsqu’ils tentent de réintégrer leur communauté, ce qui aggrave leur souffrance.

Malgré la présence continuelle des armées des pays concernés, du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun sur le terrain, il est de plus en plus difficile de combattre ce phénomène qui n’a de cesse de grandir.

C’est pourquoi les efforts d’autres pays sont requis pour mettre à un terme à l’existence du groupe Boko Haram qui poursuit ses exactions sur le terrain.

Tout cela se déroule dans le contexte d’une crise massive de déplacements et de malnutrition, une combinaison également mortelle pour les enfants. Actuellement, 1,7 million de personnes sont déplacées en raison de l’insurrection dans le nord-est; 85 pour cent d’entre elles se trouvent dans l’État de Borno, où ont lieu la plupart de ces attaques. Le nord-est du Nigeria est l’une des régions parmi quatre pays où se profile le spectre de la famine, jusqu’à 450 000 enfants risquant de souffrir de malnutrition sévère aiguë cette année.

Catégories : International, Politique, Société
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