John A. Macdonald

John A. Macdonald
Photo Credit: CBC

Honorer des statues de héros autochtones plutôt que de jeter à terre celles de John A. Macdonald

Parallèlement au débat américain au sujet des monuments sudistes, des groupes de Canadiens pressent le gouvernement fédéral ou les conseils scolaires de rebaptiser les édifices portant le nom de l’un des Pères de la Confédération canadienne : John A. Macdonald.

Le tout premier chef de gouvernement de la fédération canadienne était en poste lorsque le Parlement a mis en place les pensionnats pour Autochtones. Cette mesure avait été qualifiée de  «génocide culturel » par la Commission de vérité et réconciliation du Canada, dans un rapport en juin 2015.

Or, celui qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation du Canada croit pourtant qu’il serait plus constructif de rendre hommage à des Autochtones méritants plutôt que de déboulonner des personnages historiques qui ont parfois fait des gestes peu glorieux.

Le sénateur indépendant Murray Sinclair a été nommé au Sénat, en mars, par le Premier ministre Justin Trudeau. Murray Sinclair est l’ancien président de la Commission de vérité et réconciliation.
Le sénateur indépendant Murray Sinclair a été nommé au Sénat, en mars, par le Premier ministre Justin Trudeau. Murray Sinclair est l’ancien président de la Commission de vérité et réconciliation. © PC/Presse Canadienne Adrian Wyld

Un débat qui empêche la réconciliation

Le sénateur Murray Sinclair, qui a passé six ans à documenter les effets à long terme des pensionnats fédéraux pour Autochtones, croit que le débat sur le déboulonnage de l’ex-premier ministre conservateur John A. Macdonald ne crée que colère et division au pays, un état d’esprit peu propice à la réconciliation.

« Il ne s’agit pas de renommer des édifices, mais plutôt de trouver des façons de mettre des noms autochtones sur des édifices », a suggéré M. Sinclair mardi.

Celui qui a été le premier juge autochtone nommé au Manitoba et le deuxième au Canada opte plutôt pour l’approche éducative : ajouter ces informations plus gênantes concernant l’ancien premier ministre sur une plaque par exemple.

L’actuel premier ministre, Justin Trudeau, a sans équivoque affirmé lundi que son gouvernement n’avait pas l’intention de renommer les édifices et les sites fédéraux qui portent le nom de John A. Macdonald.

Une école John A. Macdonald en Ontario

Une école John A. Macdonald en Ontario

Regard du sénateur Sinclair sur John A. Macdonald

Selon le sénateur, John A. Macdonald a certainement été un acteur déterminant dans la naissance du Canada. Mais il aurait joué un rôle crucial dans la destruction des cultures et des civilisations autochtones.

Ses politiques ont eu pour effet selon lui d’affaiblir ouvertement la culture autochtone en enlevant les enfants à leur famille et en les plaçant avec des gens d’une autre race. Le premier ministre Macdonald a aussi créé les circonstances qui ont rendu la vie des Autochtones extrêmement difficile, à un point tel que leur survie même était menacée, soutient M. Sinclair.

Et ces deux éléments (l’assimilation dans les pensionnats et les conditions de vie déplorables) sont au coeur de la définition de génocide  en vertu de la convention des Nations unies adoptée en 1948, estime le juge à la retraite, nommé au Sénat en avril 2016 par le premier ministre Justin Trudeau.

Un pensionnat autochtone à Red Deer en Alberta au début du 20e siècle – Archives de l’Église Unie du Canada
Un pensionnat autochtone à Red Deer en Alberta au début du 20e siècle – Archives de l’Église Unie du Canada

Les Canadiens sont contre le retrait du nom de John A. Macdonald

Une majorité de Canadiens est opposée à l’idée de supprimer le nom et les représentations de l’ancien premier ministre John A. Macdonald de l’espace public, du moins selon un sondage mené par l’institut Angus Reid du 25 au 27 août. Au moins 55 % des Canadiens s’opposent à la volonté du syndicat des professeurs de l’Ontario (ETFO) d’aller en ce sens.

Si tant de Canadiens s’opposent à des mesures de retrait du nom de Macdonald, il s’en trouve tout de même 25 % qui sont tout à fait favorables à cette idée et 19 % qui ne savent tout simplement pas quoi répondre. Et 69 % des répondants estiment que les figures historiques ne devraient pas être jugées à l’aune de « concepts modernes du racisme ».

Pourtant, 41 % des répondants estiment du même souffle que des statues historiques comme celle de Cornwallis, le fondateur d’Halifax responsable entre autres choses de l’extermination des Micmacs, seraient mieux à leur place dans des musées que sur la place publique.

Le sondage d’Angus Reid au sujet de la possibilité de débaptiser les lieux au nom de John A. Macdonald a été soumis au hasard à 1512 Canadiens d’âge adulte. Il comporte une marge d’erreur de plus ou moins 2,5 %.

RCI avec La Presse canadienne

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Catégories : Autochtones, Politique
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