L’industrie du pétrole au Canada pourrait ressentir les effets néfastes de l’assouplissement du cadre réglementaire aux États-Unis où les investisseurs sont de plus en plus nombreux à investir.
Photo Credit: (Norm Betts/Bloomberg News)

« Secteur énergétique : les États-Unis se tirent d’affaire tandis que le Canada se tire dans le pied » – IEDM

Il est urgent pour le Canada d’agir pour contrer le ralentissement de son secteur énergétique, par rapport à l’envolée observée du côté des États-Unis qui ne cessent d’alléger leurs cadres réglementaires et fiscaux pour attirer toujours plus d’investisseurs.

Les investisseurs délaissent le Canada et l’incertitude plane sur le secteur énergétique

– Germain Belzile, chercheur associé senior IEDM et auteur de la publication.  © IEDM

Selon le Cahier de recherche publié par l’Institut économique de Montréal (IEDM), de sombres perspectives s’annoncent pour le secteur énergétique canadien, qui est pourtant au cœur de la prospérité du pays, avec une production annuelle d’une valeur de 100 milliards de dollars et près de 200 000 emplois.

Germain Belzile, chercheur associé à l’IEDM, qui a signé ce Cahier de recherche intitulé Le secteur pétrolier et gazier canadien en péril? Comment les taxes et la réglementation excessives menacent notre compétitivité, relève que les investissements sont en baisse, autant dans le domaine pétrolier que gazier.

L’abandon du projet de pipeline Énergie Est représente un autre dur coup pour le secteur énergétique national qui risque de connaître une exacerbation de l’érosion de sa compétitivité avec son voisin américain.

«  Nous sommes de moins en moins concurrentiels. Cette année seulement, quatre projets d’envergure d’une valeur totalisant 84 milliards de dollars ont été abandonnés. Les investisseurs boudent le Canada et préfèrent les États-Unis. On prévoit que les investissements aux États-Unis dans le secteur pétrolier et gazier augmenteront de 38 % cette année par rapport à 2016, alors qu’au Canada l’augmentation prévue n’est que de 19 %. » – Germain Belzile, chercheur associé senior et auteur de la publication. 

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L’Oléoduc Énergie Est est un projet de pipeline de 4 600 kilomètres qui transportera, environ 1,1 million de barils de pétrole par jour de l’Alberta et la Saskatchewan vers les raffineries de l’Est du Canada.
L’abandon du projet d’oléoduc Énergie Est, un projet de pipeline de 4 600 kilomètres, qui était censé transporter environ 1,1 million de barils de pétrole par jour de l’Alberta et la Saskatchewan vers les raffineries de l’Est du Canada, représente l’une des principales raisons qui font planer des incertitudes sur le secteur énergétique national. © ICI Radio-Canada

Le cadre réglementaire du Canada moins attrayant pour les investisseurs que celui des États-Unis?

Selon l’IEDM, les États-Unis ont entamé des réformes qui permettent de mettre en place un cadre réglementaire dans le domaine énergétique qui attire davantage les investisseurs étrangers.

Cette politique d’allègement est susceptible de susciter beaucoup d’investissements dans ce secteur, au détriment du Canada, dont les politiques sont jugées désuètes et moins attrayantes.

« Après seulement 10 jours au pouvoir, l’administration Trump avait déjà présenté devant le Congrès 37 résolutions différentes visant l’abolition de dizaines de règlements. C’est beaucoup plus que ce que le Congrès avait entrepris lors de chacun de ses mandats de deux ans sous les présidences Clinton, Bush fils et Obama. Ça montre à quel point il y a urgence pour le Canada d’agir », ajoute M. Belzile. 

L’IEDM estime que le coût de ce fardeau réglementaire sera de 12 à 21 % plus élevé d’ici 2023 en Alberta.

L’Alberta, qui subit d’ores et déjà un ralentissement des investissements, risque de subir encore plus durement les contrecoups de la réforme majeure de la fiscalité des entreprises prévue par les États-Unis.

Urgence d’agir pour le Canada : que faire précisément?

Alors que les États-Unis réduisent leur taux fédéral d’impôt des entreprises de 35 % à 20 %, le Canada devrait opter pour un taux d’impôt proportionnel de 10,5 % pour l’ensemble de ses entreprises, au lieu de réserver ce taux uniquement aux PME, souligne M. Belzile. C’est ce qui lui permettra de conserver son avantage en ce qui a trait au régime fiscal, et d’éviter tout choc.

D’un autre côté, le fédéral et les provinces gagneraient à s’entendre sur les durées maximales d’examen des projets et à mieux circonscrire la notion d’acceptabilité sociale, en limitant notamment les consultations aux communautés qui sont directement touchées par les projets.

C’est en cela que la compétitivité du pays pourrait être rehaussée.

Catégories : Économie, Politique
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