Aung San Suu Kyi  et Justin Trudeau le 7 juin 2017

Aung San Suu Kyi et Justin Trudeau le 7 juin 2017.
Photo Credit: LARS HAGBERG/AFP/Getty Images

Aung San Suu Kyi demeure citoyenne honoraire malgré le drame des Rohingyas

Il n’est pas question de retirer à la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi sa citoyenneté canadienne honoraire, a tranché lundi la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland parce qu’« un Canadien est un Canadien est un Canadien ».

Cette justification a été donnée lundi en marge de la conférence de presse à Ottawa pour annoncer la nomination de l’ancien chef du Parti libéral Bob Rae à titre d’émissaire spécial du Canada auprès du Myanmar.

L’ex-premier ministre ontarien devra proposer une solution à la crise humanitaire qui a précipité hors du Myanmar plus de 400 000 Rohingyas. L’ex-politicien se mettra au travail dès la semaine prochaine, et il doit remettre fin janvier au gouvernement un rapport qui sera ensuite rendu public.

La nomination de Bob Rae a été qualifiée de positive, mais d’insuffisante par Fareed Khan, un résident de la région d’Ottawa qui est à l’origine d’une pétition en ligne signée par plus de 40 000 personnes qui exhorte le gouvernement Trudeau à dépouiller Aung San Suu Kyi de sa citoyenneté honoraire.

Bob Rae, envoyé spécial au Myanmar, tient une conférence de presse dans le foyer de la Chambre des communes sur la Colline du Parlement à Ottawa le lundi 23 octobre 2017. (Sean Kilpatrick / Canadian Press)
Bob Rae, envoyé spécial au Myanmar, tient une conférence de presse dans le foyer de la Chambre des communes sur la Colline du Parlement à Ottawa le lundi 23 octobre 2017. (Sean Kilpatrick / Canadian Press)

Aide-mémoire
– Mme Suu Kyi, une ancienne dissidente qui avait remporté en 1991 le prix Nobel de la paix pour sa lutte non violente en faveur de la démocratie, est aujourd’hui la dirigeante de facto de ce régime très contrôlé par les militaires.
– L’armée birmane, qui partage pour ainsi dire le pouvoir avec Aung San Suu Kyi, est accusée d’avoir brûlé des maisons de Rohingyas, poussant plus de 400 000 d’entre eux à fuir le pays et à se réfugier au Bangladesh voisin, à majorité musulmane.
– Le haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein, parlait récemment dans son rapport d’« exemple parfait de nettoyage ethnique », citant notamment les exécutions sommaires, l’incendie de villages et l’utilisation de mines antipersonnel.

Le long mutisme de la dirigeante birmane face à la situation dans son pays a soulevé de virulentes critiques en Occident et dans plusieurs pays musulmans.
Le long mutisme de la dirigeante birmane face à la situation dans son pays a soulevé de virulentes critiques en Occident et dans plusieurs pays musulmans. © AP/Aung Shine Oo

Le Canada dénonce la répression des militaires

Un groupe de réfugiés Rohingyas fuient le Myanmar. Photo : Reuters / Mohammad Ponir Hossain
Un groupe de réfugiés Rohingyas fuient le Myanmar. Photo : Reuters / Mohammad Ponir Hossain

Devant les journalistes, la ministre a réitéré l’indignation du Canada face à la répression exercée par l’armée birmane contre les Rohingyas.

Or, l’étoile de la dirigeante birmane a considérablement pâli depuis l’éclatement des violences ethniques qui a mené à un exode vers le Bangladesh voisin.

D’autres lauréats du Nobel de la paix, dont l’archevêque sud-africain Desmond Tutu, figure de la lutte anti-apartheid, et la jeune militante pakistanaise des droits des filles à l’éducation, Malala Yousafzai (aussi citoyenne honoraire du Canada), lui ont reproché son inaction.

« Les meurtres et les autres violations flagrantes des droits de la personne font partie d’une attaque généralisée contre les Rohingyas », a soutenu la ministre des Affaires étrangères.

« Ces actes sont des crimes contre l’humanité et c’est maintenant aux dirigeants militaires et au gouvernement civil du Myanmar qu’il revient de mettre fin à ce nettoyage ethnique», a-t-elle ajouté.

Des sources au gouvernement canadien affirment qu’il pourrait s’avérer périlleux de retirer à Aung San Suu Kyi sa citoyenneté honoraire ou de formuler de trop vifs reproches sur son leadership. L’armée qui était au pouvoir jusqu’en 2015 pourrait, dit-on, saisir l’occasion pour plomber sa légitimité et entraver la démocratie qu’elle symbolise.

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Le drame des Rohingyas continue de rebondir à la Une des médias du Canada et de la planète de manière sporadique depuis quelques mois. Photo Credit: Danish Siddiqui/Reuters

Le drame des Rohingyas continue de rebondir à la une des médias du Canada et de la planète de manière sporadique depuis quelques mois.
Photo Credit: Danish Siddiqui/Reuters

RCI avec La Presse canadienne

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