En parvenant à cacher les effets du sucre sur la santé, notamment en accusant le gras, l'industrie du sucre a influencé les politiques de santé publique.

En parvenant à cacher les effets du sucre sur la santé, notamment en accusant le gras, l'industrie du sucre a influencé les politiques de santé publique.
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Complot de l’industrie nord-américaine du sucre ciblant nos aliments

Peu importe où nous sommes nés, Canada, Inde, Chili, ou Italie, nous aimons tous le sucre dès notre naissance. Mais quand notre culture, nos médias et nos entreprises de l’alimentation s’en mêlent, souvent à notre insu depuis des générations, notre consommation de sucre finit par atteindre des niveaux records.

Les Canadiens de souche ont grandi avec cette certitude que le sucre à sa place, des repas aux collations. Les jus de fruits, les boissons gazeuses et les desserts tout particulièrement occupent souvent l’avant-plan sur nos tables.

En 100 ans, la consommation annuelle de sucre est passée de 5 kg à 40 kg par habitant au Canada, de sorte que nous en consommons trois fois plus que ce qui est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Au sommet de la consommation se trouve le Brésil, avec 39 cuillères à thé de sucre par personne par jour. Le Canada arrive au 50e rang avec ses 22 cuillères à thé. Les Israéliens (38 cuillères à thé), les Australiens (31), les Mexicains (25), les Européens (25) et les Russes (24) consomment tous plus de sucre que les Canadiens, pour ne nommer que ceux-là.

Consommation du sucre dans le monde

La présence insidieuse du sucre serait liée à un complot datant de 55 ans

L’industrie alimentaire le glisse et le mélange à tout. On retrouve même du sucre dans le sel de table de plusieurs grandes marques canadiennes. Pas moins de 80 % des aliments transformés vendus en épicerie au Canada contiennent du sucre sous une forme ou une autre.

L’abondance du sucre dans nos aliments serait en fait le fruit d’un complot. Il y a un an, on apprenait que l’industrie du sucre a essayé de cacher les effets de ses produits sur la santé en payant des scientifiques pour mettre en doute certaines recherches. C’est ce que révélait des documents internes qui ont fait l’objet d’une publication de l’American Medical Association’s Journal of Internal Medicine.

Au milieu des années 1960, en payant des scientifiques reconnus, l’industrie sucrière en Amérique du Nord a tenté de minimiser la nocivité du sucre, notamment en ce qui concerne son lien avec les maladies cardiovasculaires. Cette industrie utilisait la même stratégie que les entreprises de tabac. Elle a embauché des professionnels de la santé et financé des recherches scientifiques qui faisaient porter le blâme de l’obésité sur la sédentarité, entre autres.

On a montré par exemple que Coca-Cola était derrière l’organisme Global Energy Balance Network, une fondation dirigée par un réputé chercheur américain qui niait l’impact des boissons sucrées sur la santé.

Écoutez

L’affinité particulière des Canadiens pour des boissons sucrées

L’industrie vend au Québec, depuis des générations, son Coca-Cola ou son Pepsi en parlant de « boissons gazeuses ». Au Canada anglais, on lui donne le joli et inoffensif nom de « pop ». Dans les faits, on y trouve surtout du sucre.

Une étude publiée cette année par l’Université de Waterloo, en Ontario, signale qu’en raison d’une trop forte consommation de ces boissons sucrées, les Canadiens s’exposent à des conséquences dévastatrices pour leur santé, tout comme l’ensemble du réseau de la santé.

L’étude prévoit que, d’ici 25 ans, ces boissons devraient coûter plus de 50 milliards de dollars au système de santé et provoquer des maladies entraînant plus de 63 000 décès.

La recherche estime que la consommation de boissons sucrées au Canada sera liée à plus de 3 millions de cas d’obésité, à près de 1 million de cas de diabète de type 2, à près de 300 000 cas de cardiopathie ischémique, à plus de 100 000 cas de cancer et à près de 40 000 accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Le saviez-vous?
- En 2015, les Canadiens ont chacun acheté en moyenne 444 millilitres de boissons sucrées quotidiennement, soit l'équivalent d'une canette de soda par jour, tous les jours.
- Cette consommation était de 578 millilitres chez les jeunes, ce qui représente jusqu'à 16 cuillères à thé de sucre, une quantité qui dépasse largement l'apport maximal quotidien recommandé.

Même le jus d’orange non sucré n’est pas bon pour la santé

Il y a bien plus de sucre dans un jus que dans un fruit. Le jus de raisin contient jusqu’à neuf cuillères à café de sucre par portion. Pour consommer la même quantité de sucre, il faudrait manger 100 raisins.

Même les jus sans sucre ajouté pourraient ne pas correspondre à une alimentation saine. Des chercheurs de l’Université de Toronto viennent d’étudier plus de 3000 produits alimentaires et des boissons qui peuvent encore contenir des niveaux de sucre jugés trop élevés par l’OMS.

L’équipe a analysé des poudings, yaourts, céréales, boissons aux fruits et vinaigrettes. Plus de 630 d’entre eux avaient au moins une référence au sucre. Elle conclut que les mentions « sucre ajouté » et « réduit en sucre » sont déroutantes ou trompeuses pour les consommateurs.

Vidéo de Radio-Canada sur le contenu en sucre dans nos supermarchés – 0:59

RCI avec les informations de Lauren Pelly de CBC et la contribution de Catherine Lefebvre, Philippe Leblanc, et Michel Désautels de Radio-Canada

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Catégories : Économie, Santé, Société
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