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Selon ONU-Environnement, les engagements actuels des États couvrent à peine un tiers des réductions d'émissions nécessaires. Ce qui n'est pas de bon augure pour le contrôle du réchauffement climatique.
Photo Credit: Bisset

Gaz à effet de serre : écart « catastrophique » entre promesses et actions requises

Les émissions de gaz à effet de serre en 2030 seront supérieures d’environ 30% au niveau requis pour limiter le réchauffement climatique. Cette mise en garde a été émise mardi par l’Onu. L’agence Onu-Environnement affirme dans son 8e audit annuel qu’à défaut d’une ambition revue à la hausse, l’augmentation probable des températures moyennes sera comprise entre 3°C et 3,2°C d’ici la fin du siècle.

Dans le détail, les émissions annuelles de gaz à effet de serre seraient comprises en 2030 entre 53 et 55,5 milliards de tonnes d’équivalent de CO2, très au-dessus du seuil de 42 milliards considérés comme le plafond à respecter pour tenir l’engagement de la COP-21 de contenir le réchauffement sous les 2°C d’ici la fin du siècle.

« Les engagements actuels des États couvrent à peine un tiers des réductions d’émissions nécessaires, creusant un écart dangereux » annonciateur de grands dérèglements (canicules, inondations, super-ouragans…), souligne Erik Solheim, directeur du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE), qui publie son rapport annuel sur l’action climatique mondiale intitulé  « Gouvernements, secteur privé, société civile doivent combler cet écart catastrophique ».

Pour lui Erik Solheim,  « un an après l’entrée en vigueur de l’accord climat de Paris, nous sommes loin de faire ce qu’il faudrait pour préserver des centaines de millions de personnes d’une vie de misère ». L’écart est  « catastrophique » entre les promesses nationales de limitation des émissions de gaz à effet de serre et les réductions qu’il faudrait opérer pour maintenir le réchauffement en dessous de 2°C, a prévenu mardi le responsable environnement de l’ONU, à six jours de la COP23.

Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, Laurent Fabius, président de la conférence de Paris, et François Hollande célèbrent la conclusion d’un accord sur le climat.
Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, Laurent Fabius, président de la conférence de Paris, et François Hollande célébraient la conclusion de l’accord de Paris. Mais les actions entreprises sont insuffisantes pour atteindre la cible retenue. © PC/PC/Francois Mori

« L’accord de Paris a boosté l’action climatique, mais cette dynamique clairement s’essouffle », estime le ministre costaricain Edgar Gutierrez Espeleta, président pour 2017 de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement.

Tous les pays sont concernés, y compris le Canada

Selon le rapport du PNUE, synthèse des dernières études scientifiques, il faut à la fois  « urgemment accélérer les actions à court terme et renforcer l’ambition à long terme ».  « Tous les pays » sont concernés, notamment du G20 (3/4 des émissions).

Le Canada fait partie des pays qui ont besoin de l’intensifier leurs efforts. La cible canadienne est de réduire ses émissions de CO2 de 30 % par rapport au niveau de 2005 d’ici 2030. Mais, selon le rapport, Ottawa n’a pas encore mis en place les mesures requises pour atteindre sa cible.

Le rapport de l’ONU prévient que la révision des engagements nationaux, prévue en 2020 par l’Accord de Paris, sera  « la dernière occasion » de trouver la bonne trajectoire pour 2030 : sinon, « il est extrêmement improbable » que le monde reste sous 2°C et a fortiori 1,5°C de réchauffement par rapport à la Révolution industrielle, ajoute le bilan, publié avant l’ouverture lundi à Bonn de la 23e conférence de l’ONU sur les changements climatiques.

Des actions bien identifiées

Les engagements de réduction d’émissions à horizon 2025 ou 2030 présentés volontairement par les États à la COP21 fin 2015, devraient faire monter le mercure de plus de 3°C d’ici 2100. Pour rester sous 2°, il faudrait émettre au maximum 41,8 gigatonnes (Gt) équivalentes en CO2 en 2030, contre 51,9 Gt en 2016. Or, si les pays s’en tenaient à leurs engagements présents, sans les renforcer, ils produiraient encore 52,8 Gt en 2030.

Tableau des émissions de gaz à effet de serre au Canada

Depuis 2014 les émissions de CO2 issues des énergies fossiles se sont stabilisées, notamment grâce au moindre recours de la Chine au charbon. Mais il faudrait les réduire nettement, alors que la concentration dans l’atmosphère de ce gaz persistant n’a jamais été aussi élevée. Les émissions de méthane, gaz encore plus réchauffant, ne cessent en outre de croître.

Rénovation des bâtiments, reboisement, énergies renouvelables, transports économes… le PNUE liste les actions possibles et nécessaires, qui pourraient, selon lui, épargner plus de 30 GtCO2e par an d’ici 2030. Mais il concède de nombreuses incertitudes (technologiques, capacité/volonté des États…).

Constat récurrent, mais inaction

La fermeture progressive des centrales à charbon s’impose, note aussi le PNUE, qui en recense encore 6.683 (et bien d’autres en projet). Au monde des affaires également d’agir : les 100 sociétés cotées les plus polluantes représentent un quart des émissions, rappelle le rapport. Mais rien ne prouve encore que la dynamique des acteurs non étatiques (entreprises, collectivités…) pourra compenser le retard, ajoute-t-il.

Une cheminée industrielle polluante.
Une cheminée industrielle polluante. © IS/iStockPhoto

« Le PNUE fait de son mieux pour tenter de garder une vision optimiste, alors que l’avenir est lugubre », commente le climatologue Glen Peters, interrogé par l’AFP.  « C’est le 8e rapport et chaque année la conclusion est la même : « il faut agir urgemment, des moyens accessibles sont à disposition ». Mais dans le détail, le texte est plutôt sombre » cette année.

Car chaque action  « est à la limite de la faisabilité » aujourd’hui, souligne l’expert du centre de recherche Cicero (Oslo).  « Et si l’une d’elles échoue, nous ne pourrons combler l’écart de 2030 ». « C’est un bon contrepoids à l’excès d’optimisme généré par la stabilisation des émissions de CO2 », estime le chercheur Oliver Geden (Institut allemand des affaires internationales, SWP), un des auteurs. « C’est le 8e rapport. Où sont les mesures ?! »

Révélatrice de l’urgence : la présence pour la première fois d’un chapitre sur le sujet, longtemps tabou, des techniques qui permettraient d’aspirer le CO2 de l’atmosphère (via les forêts et les sols, mais aussi des procédés industriels encore incertains).

(Avec l’AFP)

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