À tour de rôle, les provinces au pays lancent leurs campagnes de vaccination contre la grippe. Celle du Québec sera lancée mercredi et on prévoit la distribution de près de deux millions de doses.

À tour de rôle, les provinces au pays lancent leurs campagnes de vaccination contre la grippe. Celle du Québec sera lancée mercredi et on prévoit la distribution de près de deux millions de doses.
Photo Credit: CP/Fred Chartrand

Vaccin contre la grippe efficace seulement 2 fois sur 5 l’an dernier

Chaque année, environ un Canadien sur dix attrape la grippe et il est responsable de plus de 12 000 visites à l’hôpital et de 3 500 décès.

Des millions de Canadiens reçoivent donc ces jours-ci leur dose annuelle de vaccin pour faire échec à l’influenza cet hiver. Mais cette dose ne sera efficace que dans environ 42 % des cas si on se base sur une analyse portant sur les vaccins qui ont été administrés l’an dernier au Canada.

Si pour les personnes âgées, une réduction de 42% s’avère précieuse et potentiellement vitale, pour les plus jeunes, la nécessité de faire un détour vers une pharmacie ou une clinique pour atténuer de 42 % ses risques de contracter un virus pouvant les forcer au lit de 24 à 72 heures est moins convaincante.

Dans son ensemble, le taux de vaccination contre la grippe au Canada n’est que de 36 %.  C’est la province du Québec qui possède le plus faible taux de vaccination de tout le Canada. Un bon pourcentage de citoyens, de 10 à 20 % selon les études, ne veulent tout simplement pas entendre parler de se faire vacciner contre la grippe.

Quand le vaccin contre la grippe va au-delà de la santé d’un seul individu

La peur des aiguilles...
La peur des aiguilles…

La majorité des personnes qui n’ont pas reçu de vaccin contre la grippe saisonnière s’inquiètent de l’efficacité du vaccin ou elles affirment qu’elles possède un système immunitaire fort et qu’elles ne seront pas touchées par la grippe.

Des raisons morales et religieuses ont également été citées, ainsi que de mauvaises expériences vaccinales dans le passé.

Il y a aussi la peur qu’un vaccin communique la maladie qu’il a été conçu pour éviter. Il y a la peur des aiguilles aussi. 44 % des Québécois par exemple disent qu’ils seraient plus susceptibles de se faire vacciner si les aiguilles étaient plus petites et plus minces. Puis il y a ceux qui soutiennent qu’ils ne se font pas vacciner uniquement parce qu’ils n’en ont pas le temps, ce qui est notamment le cas de 23 % des Québécois.

Or, un certain pourcentage de la population doit être vacciné pour interrompre la propagation du virus et atteindre «l’immunité collective». Pour la grippe, 80% des personnes en bonne santé et 90% des personnes à risque doivent être vaccinées. Or, en Ontario par exemple, à peine un citoyen sur trois se fait vacciner même si le vaccin est gratuit pour tous les citoyens de cette province. Voilà pourquoi la grippe demeure au rendez-vous de tous nos hivers.

Ces Canadiens sceptiques au sujet du vaccin contre la grippe finiraient donc par diminuer son efficacité pour les autres.

Écoutez

Vous sentiriez-vous coupable de ne pas vous faire vacciner?

Malgré les faibles taux relatifs du succès du vaccin contre la grippe, des chercheurs canadiens viennent de révéler à quel point les pressions sociales en faveur de la vaccination sont de plus en plus fortes au Canada lorsqu’elles touchent nos enfants.

Ces chercheurs de l’Université de Guelph et de l’Université de Waterloo en Ontario affirment que notre réponse aux pressions sociétales sur la vaccination aurait ainsi un effet direct sur la propagation des maladies infectieuses pédiatriques dans les zones où l’inoculation n’est pas obligatoire.

 Chris Bauch de la Faculté de mathématiques de Waterloo.

Chris Bauch de la Faculté de mathématiques de Waterloo.

«Si la vaccination n’est pas obligatoire et que la maladie est rare, quelques parents seront tentés d’arrêter de vacciner leurs enfants», a déclaré le professeur Chris Bauch de la Faculté de mathématiques de Waterloo et l’un des auteurs de l’étude. « Évidemment, quand suffisamment de parents ne vaccinent plus, la maladie reviendra.»

Dans la majeure partie de l’Amérique du Nord, la vaccination pédiatrique est obligatoire pour les enfants inscrits dans l’enseignement public. Cependant, le nombre de parents demandant des dérogations à la vaccination pédiatrique est en augmentation.

Selon le professeur Bauch, les pressions sociétales pourraient être harnachées encore davantage par les autorités sanitaires pour éviter les rébellions qui éclatent parfois spontanément parfois dans certaines communautés concernant des initiatives de vaccination populaires, notamment lors des campagnes contre la rougeole.

Le vaccin est fortement recommandé pour les enfants de 6 à 23 mois, les personnes ayant une maladie chronique, les femmes enceintes, et les aînés de 60 ans et plus.

Le saviez-vous?
Les Canadiens font confiance aux vaccins, mais ils doutent de leur science
Un sondage Angus Reid suggérait en 2014 que 9 Canadiens sur 10 estiment que les vaccins sont efficaces, mais 4 sur 10 disent que la science qui les met au monde n’est pas « claire ».
Environ trois quarts des Canadiens sont d’avis aussi que les citoyens qui s’opposent à faire vacciner leurs enfants sont « irresponsables ». Près des deux tiers des répondants (63 %) ont dit que les vaccinations devraient être en fait obligatoires.

La vaccination soulève encore des inquiétudes
La vaccination soulève encore des inquiétudes © ICI Radio-Canada

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Sophie-Andrée Blondin, Annie Desrocher, Michel Désautels, et Bis Petitpas de Radio-Canada

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Catégories : Internet, sciences et technologies, Santé
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