La ministre déléguée à la Santé publique du Québec, Lucie Charlebois, rassurait la population la semaine dernière en affirmant que son gouvernement sera prêt pour la légalisation par le fédéral de la consommation du cannabis à partir du 1er juillet prochain.
Toutefois, lors du dépôt de son projet de loi 157 encadrant en sol québécois cette légalisation, la ministre précisait qu’elle aurait bien aimé avoir une année de plus pour se préparer.
En fait, quelques heures plus tôt, elle avait demandé formellement à Ottawa de reporter d’un an l’entrée en vigueur de sa loi sur la légalisation du cannabis.
Le gouvernement fédéral a refusé, mais Lucie Charlebois espère toujours qu’il changera d’avis.
Une loi québécoise pour arrondir les coins
Le gouvernement québécois propose entre-temps un cadre légal qui se dessine comme étant moins permissif que celui des autres provinces.
Cela étonne, car la société québécoise a la réputation d’être plus ouverte. Des experts ont cependant recommandé au gouvernement québécois d’être plus prudent et restrictif au début de la légalisation afin d’évaluer le comportement de la population.
Si le Québec prévoit par exemple la vente du cannabis dans un réseau de succursales liées à la Société des alcools du Québec (SAQ), il sera cependant interdit aux particuliers d’en cultiver, malgré l’autorisation donnée par Ottawa.
Aide-mémoire…
Les Québécois en majorité sont contre
– Un sondage CROP mené le printemps dernier pour le compte de Radio-Canada révélait un contraste entre le Québec et le reste du pays.
– Une mince majorité de Canadiens y sont favorables, soit 54 %.
– Mais la situation est inversée au Québec : 54 % des gens y sont opposés.
– Près d’un tiers des Québécois y sont même très défavorables, alors que c’est une personne sur cinq ailleurs au pays.
Le cannabis légal l’an prochain partout au Canada sauf au Québec?
Selon le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, « le gouvernement fédéral nous a plongés dans un calendrier et dans un débat que les Québécois n’avaient pas souhaité. Il faut une consultation générale pour que la société sente qu’elle a eu vraiment son mot à dire ».
M. Lisée reproche au gouvernement Couillard de plier l’échine devant Ottawa. « Justin Trudeau a mis l’Assemblée nationale et la société québécoise dans une camisole de force en disant : « That’s it, that’s all. Le 1er juillet, il faut que ça arrive! » »
ÉcoutezAppréhensions en hausse
Les appréhensions québécoises à l’approche de la légalisation du cannabis s’accélèrent, puisque la date du lancement de l’initiative canadienne approche.
La semaine dernière, la Fédération des policiers municipaux du Québec s’inquiétait du manque d’agents évaluateurs au sein des corps de police municipaux de la province et qui seraient chargés de faire appliquer la loi fédérale qui prévoit d’adopter la tolérance zéro derrière le volant.
Hier, c’était au tour de l’Association des producteurs en serre du Québec de suggérer qu’ils ne seraient pas prêts à temps pour fournir un produit fait au Québec, car les règlements d’Ottawa entourant la production de cannabis récréatif leur semblent trop stricts et qu’il nécessiterait des ajustements trop coûteux.
RCI avec la contribution de Louis Blouin, Sébastien Bovet et Hugo Lavallée de Radio-Canada
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