Jeudi, la télévision d’État a diffusé des images de manifestations importantes de soutien au pouvoir à Ispahan (photo), Machhad, Oroumieh, Babol ou encore Ardebil.MORTEZA SALEHI, AFP

Jeudi, la télévision d’État a diffusé des images de manifestations importantes de soutien au pouvoir à Ispahan (photo), Machhad, Oroumieh, Babol ou encore Ardebil.MORTEZA SALEHI, AFP

Révolte, révolution ou contre-révolution en Iran? Que de confusion!

Les troubles ont commencé il y a une semaine, le jeudi 28 décembre, à Machhad, la deuxième ville d’Iran. Les manifestants dénonçaient une hausse prochaine du prix de l’essence et des compressions dans les subsides accordés aux plus démunis.

Depuis, cette montée de la colère a été marquée par la mort de 21 personnes – en majorité des manifestants – et 450 arrestations, selon les statistiques officielles du régime. Plusieurs spécialistes du Moyen-Orient disent y voir les racines d’une révolution en raison de la spontanéité et de la simultanéité des rassemblements et aussi de la rapidité avec laquelle se propage la contestation sur les réseaux sociaux.

Si, dans les faits, une quarantaine de villes de taille moyenne sont concernées par les troubles, l’épicentre du pouvoir iranien, Téhéran, l’immense capitale aux 15 millions d’habitants, est très peu affectée.

Aussi, le régime iranien et le guide religieux suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, peuvent compter sur le soutient de milliers de contre-manifestants qui multiplient les rassemblements, munis de banderoles qui dénoncent les « fauteurs de troubles » et qui reprennent les slogans « mort à l’Amérique » ou « mort à Israël ».

Le mouvement de révolte se propage et ne faiblit pas. Mais s’agit-il donc d’un début de révolution ou d’un petit dérapage populaire que le régime saura vite reprendre en main comme il l’avait fait en 2009?

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Sur cette photo prise par une personne non employée par l’Associated Press et obtenue par l’AP hors d’Iran, des étudiants de l’université assistent à une manifestation à l’université de Téhéran alors qu’une grenade fumigène est lancée par la police iranienne antiémeute.Crédit photo: (AP Photo)
Sur cette photo prise par une personne non employée par l’Associated Press et obtenue par l’AP hors d’Iran, des étudiants de l’université assistent à une manifestation à l’université de Téhéran alors qu’une grenade fumigène est lancée par la police iranienne antiémeute.Crédit photo: (AP Photo)

Les raisons de la colère

Les protestataires manifestent contre l’austérité, la cherté de la vie et la politique économique du président Rohani, en poste depuis 2013. Le taux de chômage atteint les 12 % dans l’ensemble du pays et même 40 % chez les jeunes Iraniens.

Réélu en mai dernier à la tête du pays pour quatre ans, le modéré Hassan Rohani a promis de relancer l’économie du pays alors que la situation économique et sociale de l’Iran s’était fortement dégradée. Cependant, malgré la levée de sanctions économiques, notamment canadiennes, après l’accord sur le nucléaire en 2015, les progrès se font attendre et les mesures d’austérité s’accumulent.

La colère populaire est également attisée par une forte corruption et les restrictions en matière de libertés, notamment celles des femmes.

Dans cette photo publiée par un site officiel du bureau du dirigeant suprême iranien, le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei parle lors d’une réunion, à Téhéran, en Iran, mardi 2 janvier 2018. Khamenei a déclaré mardi que les ennemis du pays se sont immiscés dans les récents rassemblements de protestation. © (Bureau du Guide suprême iranien via AP)
Dans cette photo publiée par un site officiel du bureau du dirigeant suprême iranien, le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei parle lors d’une réunion, à Téhéran, en Iran, mardi 2 janvier 2018. Khamenei a déclaré mardi que les ennemis du pays se sont immiscés dans les récents rassemblements de protestation. © (Bureau du Guide suprême iranien via AP)

Le Canada ne remet pas en question ses négociations avec l’Iran, pour le moment

 Chrystia Freeland
Chrystia Freeland © PC/Andrew Vaughan

Le gouvernement canadien affirme que les manifestations qui se déroulent en Iran depuis plusieurs jours ne remettent pas en question les efforts du gouvernement Trudeau pour rétablir des relations diplomatiques avec Téhéran. Pour l’instant.

Ces manifestations relancent le débat sur les démarches du gouvernement libéral visant à rétablir les relations diplomatiques avec l’Iran que les conservateurs avaient rompues en 2012.

Les discussions entre les autorités canadiennes et iraniennes ont discrètement progressé depuis l’été dernier et il est prévu que Téhéran envoie une délégation à Ottawa pour la tenue d’une sixième ronde de pourparlers au cours des prochaines semaines.

Mercredi 3 janvier, la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a tourné la vis de quelques crans avec la déclaration suivante : « Le Canada est profondément troublé par les récents rapports faisant état de décès et de détentions de manifestants en Iran. Le peuple iranien a le droit de se rassembler et de s’exprimer librement, sans devoir subir de la violence ou risquer l’emprisonnement.

« Comme nous l’avons dit la semaine dernière, le Canada est encouragé de voir le peuple iranien exercer bravement son droit fondamental de manifester pacifiquement. Nous demandons aux autorités iraniennes de respecter et de protéger les droits démocratiques et les droits de la personne qui sont trop souvent bafoués.»

Certains observateurs plaident que les pourparlers entre les deux pays devraient être suspendus en représailles aux agissements du gouvernement iranien alors que d’autres experts soutiennent que les manifestations justifient la nécessité d’une présence canadienne sur place.

RCI avec La Presse canadienne, l’Agence France Presse et la contribution de Manon Globensky, Claude Bernatchez et Frank Desoer de Radio-Canada

En complément

Le commerce entre le Canada et l’Iran commence à prendre forme – Radio-Canada 

Canada closely monitors deadly Iran protests: Global Affairs – RCI 

De nouvelles manifestations contre le chômage et l’inflation en Iran – RCI 

Sur cette photo prise par une personne non employée par l’Associated Press mais obtenue par l’AP hors d’Iran, des étudiants de l’université assistent à une manifestation à l’université de Téhéran alors qu’une grenade fumigène est lancée par la police iranienne antiémeute.Crédit photo: (AP Photo)
Sur cette photo prise par une personne non employée par l’Associated Press et obtenue par l’AP hors d’Iran, des étudiants de l’université assistent à une manifestation à l’université de Téhéran alors qu’une grenade fumigène est lancée par la police iranienne antiémeute.Crédit photo: (AP Photo)
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