Le racisme se manifeste parfois de manière inconsciente

Le racisme se manifeste parfois de manière inconsciente
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Mois de l’histoire des Noirs : ces mots, sources de maux

REDIFFUSION – Les mots sont des outils complexes. Ils permettent de communiquer des idées, des pensées, des émotions. Ils peuvent réconforter, blesser ou détruire quelqu’un. Bref, les mots ne sont pas anodins. Dans les relations avec l’autre, les mots définissent, cristallisent. Mais quand on utilise ces mots « à problème », sait-on toujours de quoi on parle? Petit tour d’horizon de ces mots qui peuvent être source de maux.

Racisme

Sans doute l’un des mots les plus chargés émotivement de notre époque. C’est une étiquette dont très peu se réclament. Qu’est donc le racisme? C’est une idéologie selon laquelle les êtres humains, classés selon des caractéristiques héréditaires immuables, ne sont pas égaux. Les différences entre individus expliquent les inégalités entre les sociétés dont ils sont issus.

L’essayiste franco-tunisien Albert Memmi le définit ainsi : « Le racisme est la valorisation, généralisée et définitive, de différences biologiques, réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de sa victime, afin de justifier une agression. »

C’est aussi une doctrine politique fondée sur le droit pour la « race » qui se prétend pure et supérieure, de dominer les autres ou de les « civiliser ». Il y a donc dans le racisme à la fois une attitude de mépris et un sentiment d’hostilité de principe à l’égard de ceux qui sont différents.

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Existe-t-il des « races » humaines?
Comme son nom l’indique, le racisme vient du mot race qui, lui, fait allusion à un ensemble d’individus ayant en commun des caractères morphologiques et physiologiques transmis pendant la reproduction. Les membres de la même race ont donc des gènes communs et exclusifs. C’est vrai pour les plantes et les animaux. Chez l’espèce humaine, en revanche, les progrès de la génétique ont invalidé la pertinence des classifications des individus en fonction d’arguments biologiques.

Pourquoi tous les êtres humains n’ont-ils pas la même couleur? 

La science est formelle : les différences anatomiques perceptibles chez les homo sapiens ne sont que l’expression plus ou moins prononcée de nos gènes communs. Quant à la couleur de la peau, principale source du racisme, tous les êtres humains possèdent des mélanocytes qui produisent de la mélanine. Au cours des millénaires, la couleur de la peau humaine s’est adaptée à l’ensoleillement local. Pour se protéger de la quantité et l’intensité des rayons solaires, notre corps sécrète de la mélanine qui va noircir notre peau parce qu’une peau noire protège davantage contre les rayons ultra-violets.

Lorsque les premiers êtres humains ont quitté l’Afrique pour explorer d’autres régions plus froides, le corps n’avait plus ce grand besoin de protection contre le soleil. Au contraire, il a appris à se contenter du minimum. Donc, la différence des couleurs, que d’aucuns ont maladroitement appelées races, n’est que le résultat d’une longue adaptation de l’être humain, comme le montre très bien le reportage de nos confrères de l’Esprit sorcier, un site Internet spécialisé dans les questions scientifiques.

La discrimination

C’est la différenciation, l’isolement d’individus ou de groupes au sein d’un ensemble social plus large. C’est un traitement distinct de ces individus ou de ces groupes en raison de caractéristiques spécifiques. Ce comportement, qui peut être manifesté par une collectivité ou des individus, se décline sous diverses formes : exclusion, distinction, préférence, etc. En tout cas, elle instaure un rapport inégalitaire entre les individus et restreint les droits de certains à qui on impose un traitement défavorable, même si les circonstances ne l’exigent pas.

Dans certains cas, on peut délibérément mettre en place une « discrimination positive », afin de corriger les effets de la  « discrimination négative ». Exemple : réserver un certain nombre de places aux représentants d’un groupe dans un établissement ou une profession où les membres du groupe en question sont peu présents.

Xénophobie

C’est la peur quasi maladive, instinctive, l’hostilité, voire la haine de tout ce qui vient de l’étranger ou de ceux qui n’appartiennent pas à notre groupe. L’autre est perçu comme une menace, un ennemi. C’est le bouc émissaire tout désigné en situation de crise (crime, insécurité, difficultés économiques, tensions sociales, etc.)  La plupart des personnes qualifiées de racistes sont en fait des xénophobes et des ethnophobes (qui ont peur des ethnies).

Ostracisme

C’est le rejet social, l’exclusion délibérée et parfois injuste d’un individu ou d’un groupe d’individus pour une raison quelconque. C’est une manifestation d’hostilité qui peut se traduire par de l’indifférence, des propos blessants, voire de l’intimidation. Il peut engendrer des troubles d’ordre psychologique plus ou moins importants chez certaines victimes (dépression, pensées suicidaires, etc.).

Ségrégation

C’est la séparation, la mise à l’écart sur la base de critères comme la couleur, l’âge, la religion, le sexe, etc. Dans le cas de la ségrégation raciale, il s’agit d’une disjonction organisée entre des groupes de couleurs différentes, même s’ils vivent au sein d’un même espace géographique ou d’un pays. La ségrégation peut être visible, physique avec des lieux réservés ou interdits à certains groupes. Elle peut être aussi plus subtile (embauche, logement, coûts prohibitifs, cooptation).

Stigmatisation

Mise à l’index d’une personne ou d’un groupe qui subit une forme de réprobation sociale. Généralement, les personnes stigmatisées ne correspondent pas aux normes ou aux modèles du milieu dans lequel elles vivent. Selon le sociologue Erving Goffman, la stigmatisation peut avoir pour fondement des éléments externes visibles comme les infirmités physiques, les cicatrices, l’obésité, etc. Elle peut aussi reposer sur des déviations de traits personnels, comme l’alcoolisme, la toxicomanie, les troubles mentaux. Elle peut enfin avoir pour fondement la perception d’une disparité par rapport aux normes sociales majoritaires (groupes ethniques et nationalités, religions).

Préjugé

Jugement, a priori, qui ne se fonde pas toujours sur des informations valides ou suffisantes. C’est une idée admise sans démonstration. Relevant de la paresse intellectuelle, le préjugé est une disposition naturelle qui permet d’établir une différenciation sociale. Il peut se perpétuer, s’il n’est pas démonté par des faits concrets et vérifiables.

Stéréotype

Généralisation, forcément hâtive et abusive. C’est le fait de transposer à tout un groupe des caractéristiques qu’on peut trouver chez l’un ou l’autre de ses représentants. (Les jeunes Noirs sont dans des gangs de rue, les Arabes sont des terroristes, les Autochtones sont des alcooliques, les hommes sont plus forts que les femmes, les homosexuels sont efféminés, etc.). Le stéréotype peut être positif (les Asiatiques sont forts en maths) ou négatif (les Chinois ne s’intègrent pas aux communautés d’accueil). Mais l’un des effets pervers du stéréotype est que les personnes concernées finissent, à la longue, par l’intégrer et à adopter ou à exprimer le comportement qu’on leur prête.

Catégories : Politique, Société
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