Les bonbonnes contenant les ovules congelés et les échantillons de sperme congelés à la clinique de fertilité Ovo, à Montréal

Congeler ses ovules pour avoir un enfant dans le futur : « une chance et non une garantie ». – Neal Mahutte

Par la puissance des nouvelles technologies et à cause de nombreuses contraintes sociales, il est possible depuis quelques années pour les femmes de remettre leur maternité à plus tard, en faisant appel à différentes techniques de fécondation. Parmi ces techniques, la congélation des ovules. Un moyen de plus en plus sollicité, au regard de l’avantage qu’il donne aux femmes de pouvoir procréer à partir de leurs propres ovules ou ceux d’autres femmes . C’est certes un avantage, mais le succès n’est pas toujours garanti à 100 %, estime la Société canadienne de fertilité et d’andrologie (SCFA) qui prodigue quelques conseils aux femmes qui ont à cœur de se lancer dans cette aventure.

Congélation des ovules, une approche qui accroche

Des problèmes de santé, la poursuite des études et la quête de bases solides pour une carrière réussie sont entre autres les causes sociales de l’indisponibilité des femmes pour une maternité immédiate.

Pour cette foule de raisons, l’âge de la première maternité n’a de cesse de progresser au Canada, comme dans la plupart des pays développés, où il est passé au-dessus de 30 ans.

Selon la SCFA, plus le projet d’avoir un enfant est remis à plus tard, plus le risque est accru pour la femme de se retrouver à un âge où la qualité et la quantité de ses ovules rendent la conception naturelle difficile.

C’est pourquoi il y a de plus en plus de jeunes femmes qui se tournent vers la congélation des ovules pour pouvoir réaliser leur rêve à l’avenir.

Cette technique, qui consiste à prélever les ovules de la jeune femme et à les congeler, en attendant le jour où elle sera prête pour porter une grossesse, est un moyen de préserver sa fertilité, relève Julio Saumet, gynécologue, obstétricien et endocrinologue à la clinique de fertilité de l’hôpital Sainte-Justine, à Montréal.

Au Canada, les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’informer sur la Fécondation in vitro auprès des médecins

Des controverses autour de la technique

Il y a quelques années, la technique de congélation des ovules, qui a vu le jour dans les années 1980, avait été vivement critiquée, non pour des raisons scientifiques, mais à cause des intérêts capitalistes de puissants groupes, comme Facebook et Apple, entre autres.

Ces deux gros calibres du marché des nouvelles technologies de l’information et de la communication avaient fortement recommandé à leurs employées de sexe féminin de remettre à plus tard leur maternité, dans le but de mieux les servir.

En retour, ils promettaient des avantages sociaux importants à celles qui choisiraient d’opter pour ce report.

Cette proposition avait suscité une onde de critiques à travers le monde, du fait que les intérêts pécuniaires en venaient à prendre le dessus sur les intérêts humains, vitaux et familiaux, non seulement pour la société, mais également pour les femmes dans leur ensemble.

La crainte était celle de voir d’autres entreprises, animées par le seul souci du gain, s’inscrire dans le même projet matérialiste, en emboîtant le pas à Apple et Facebook.

Bien que certaines sociétés ne se prononcent guère ouvertement sur leur désir de voir leurs employées reporter le moment de concevoir, certaines de leurs pratiques en disent long sur leur penchant dans ce sens.

C’est ainsi que certains congédiements de femmes ont très souvent pour motif inavoué par les compagnies, le fait qu’elles aient donné naissance à un enfant et qu’elles aient pris un congé de maternité. Plusieurs procès intentés par des femmes contre leurs employeurs pour cette raison ont été observés ces dernières années.

Certes, ce n’est pas une mauvaise idée en soi d’encourager les femmes à se faire avant tout une place dans le milieu professionnel, mais l’idéal serait, comme l’a soutenu le docteur Julio Saumet, de les accompagner dans leur volonté de procréer au moment qu’elles auraient elles-mêmes choisi, dans le but d’assurer la réussite du processus.

Bien que le nombre de cycles de congélation d’ovules  demeure peu élevé au Canada à ce jour, son augmentation depuis 2013 serait en partie attribuable à des raisons sociales, estime le docteur Julio Saumet.

Au Canada en 2013, le nombre de cycles de congélation des ovules représente 2 % de tous les cycles de fécondation in vitro (FIV).

Avoir la meilleure information lorsqu’on planifie une grossesse

Avec la tendance à la hausse du nombre de cycles de congélation d’ovules au Canada, la SCFA souhaite mettre à la disposition des femmes, surtout celle entre la vingtaine et la trentaine, qui planifient des grossesses, en faisant recours à la procréation assistée, des informations capitales, quand il est question de la congélation des ovules.

Ces informations résumées par Julio Saumet mettent l’accent particulièrement sur l’âge de la femme au moment de la congélation. Car, plus les ovules sont prélevés et congelés quand la femme est jeune, plus les chances de mener une grossesse à son terme sont importantes.

Inversement, moins la femme est jeune, en clair a dépassé les 30 ans, plus le risque d’avoir une grossesse qui se désintègre avant son terme est élevé.

Il convient d’ajouter à cela différents risques en lien avec les blessures au moment de la chirurgie et l’âge de la grossesse (l’hypertension, diabète, césarienne, entre autres).

En moyenne, entre 80 % et 90 % des ovules survivent à la décongélation, de 70 % à 80 % sont fécondés et seulement un sous-groupe d’embryons donneront lieu à une naissance vivante. Il ne fait aucun doute que l’âge auquel une femme congèle ses ovules, et le nombre des ovules congelés, affectent les taux de succès de la FIV. Cependant, les femmes qui choisissent de congeler leurs ovules pour des raisons sociales doivent comprendre que ce qu’elles préservent est une chance d’avoir un enfant plus tard avec leurs propres ovules, et qu’il ne s’agit pas d’une garantie. Neal Mahutte, président du Comité des directives de pratique clinique de la SCFA.
Écoutez

À lire aussi :

 

Catégories : Santé, Société
Mots-clés : , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.