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Machines intelligentes et santé : la recherche post-génomique en plein essor au Canada

Comme par magie, lorsque l’intelligence artificielle est combinée à la bio-informatique et à la génomique, des algorithmes innovants et précis émergent pour résoudre des problèmes de santé complexes. Certains d’entre eux sont particulièrement difficiles à résoudre, mais des experts canadiens s’y penchent de plus en plus. 

Cette année, le bio-informaticien Abdoulaye Baniré Diallo, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), a été nommé Next Einstein Fellow par l’African Institute of Mathematical Sciences.

Baniré Diallo, qui est également directeur du Laboratoire de bio-informatique de l’UQAM et cofondateur de My Intelligent Machines, a séjourné récemment à Kigali, au Rwanda, pour présenter ses travaux sur la bio-informatique et ses impacts potentiels sur le développement des programmes de développement sur le continent africain.

Mais qu’est-ce que la bio-informatique?

C’est une discipline qui a émergé très récemment, entre autres, avec la révolution génomique, la recherche sur le génome humain il y a 20 ans. La quantité de données obtenues par les experts sur le fonctionnement du matériel génétique a été exposée et, aujourd’hui, ces données sont aussi importantes en valeur scientifique qu’en abondance.

C’est précisément l’augmentation exponentielle des données qui fait que l’informatique aide la science en lui permettant de modéliser, d’analyser et de conceptualiser des données biologiques pour résoudre des problèmes et ainsi simplifier et accélérer le travail des sciences de la vie. Abdoulaye Baniré Diallo explique :

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« Faire ce travail dans un laboratoires est complexe et cela coûte énormément d’argent. Par contre, si nous transformons l’information génomique en données numériques en nous servant du génie mathématique et informatique, nous pouvons obtenir de la donnée essentielle qui nous permet d’expliquer des propriétés. Par exemple, il existe de mutations dans un génome qui sont associées à une forme de maladie. Si on séquence le génome d’un individu et qu’on observe ces mutations dans les données, on est capable de faire une relation avec certaines données des maladies sans avoir à faire plus de tests poussés. »

Qu’en est-il de la santé de précision?

Des recherches précises et personnalisées ont mené à quelque chose d’encore plus complexe, connu sous le nom de système de santé de précision. Pour Baniré Diallo, la naissance de cette branche de la bio-informatique est due au fait que les chercheurs ont récemment commencé à comprendre que les problèmes de santé d’un individu sont déterminés non seulement par son génome, mais par tout ce qui l’entoure.

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« Il faudrait tenir compte de notre environnement socio-économique, de là où nous vivons. Donc, les effets par exemple des radiations sur notre organisme et notre mode de vie. Tout cela représente des données qui doivent venir accompagner la prise de décisions. C’est pourquoi nous parlons de plus en plus de la santé de précision ou des soins de santé orientés sur un individu particulier qui tiennent compte des facteurs cliniques, mais aussi des facteurs externes qui peuvent influencer sa santé. »

Comment le Canada se place-t-il dans l’univers bio-informatique mondial?

Le Canada compte un grand nombre de scientifiques qui travaillent fort pour comprendre comment le génome humain fonctionne et comment il interagit avec le monde extérieur. Génome Canada et Génome Québec jouent un rôle très important en appuyant la recherche par le financement des infrastructures et des projets de recherche. Les plateformes du McGill Génome Québec Innovation Center ou celle de l’hôpital pour enfants Saint-Justine de Montreal en sont des exemples.

Cependant, très peu de spécialistes travaillent à transformer toutes ces connaissances en services à la population.

Et selon Abdoulaye Baniré Diallo, ce transfert serait le principal bénéfice de ces avancées scientifiques puisqu’il représente le côté pratique et utile de cette évolution scientifico-technologique. Et la valeur économique de cette technologie est là aussi.

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« [Notre collectif My Intelligent Machines] a misé sur cette translation-là. C’est-à-dire, maximiser les connaissances pour les transférer vers des services essentiels pour les utilisateurs. L’économie autour de la bio-informatique et des services associés représente environ 6 milliards de dollars rien qu’en Amérique du Nord. Et si nous ajoutons à cela tous les services adjacents, le potentiel économique est de 30 ou 40 milliards, seulement pour l’Amérique du Nord. Donc, il y a de la place pour de l’innovation et [pour la création] de compagnies qui touchent les sciences de la vie et la génomique afin d’apporter de nouvelles solutions concrètes aux problèmes de santé des sociétés. »

La bio-informatique est un domaine d’intervention très spécifique et peu de scientifiques ont toutes les formations scolaires et les compétences nécessaires pour y accéder. Cependant, pour le bio-informaticien Abdoullaye Baniré Diallo, l’accent devrait être mis sur la collaboration entre les différentes disciplines d’études et les petites et moyennes entreprises puisque sa pertinence et son potentiel sont énormes.

De plus, selon le chercheur canadien, la participation entre les nations peut être très bénéfique. Pour cette raison, Baniré Diallo voyage dans le monde entier dans le but de créer des liens de collaboration, en particulier dans les régions où la route est pratiquement vierge.

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