La toute dernière parution papier de La Presse, le 30 décembre 2017 Photo : Radio-Canada

La Presse qui plonge vers le sans but lucratif signale un très difficile avenir pour les médias

Ce geste démontre à quel point la main-mise de Facebook et Google sur les revenus publicitaires mine puis asphyxie les médias électroniques traditionnels au Canada.

Le plus grand quotidien francophone d’Amérique, le journal La Presse de Montréal, deviendra donc un organisme sans buts lucratifs délestés de ses attaches commerciales qui le liait, telle une bouée de sauvetage, à son actionnaire unique, la puissante entreprise canadienne Power Corporation.

Survivre à la mort de ses revenus publicitaires, c’est ce que tente maintenant de faire le quotidien, fondé en 1884. Power Corporation va contribuer au démarrage de cette nouvelle « fiducie d’utilité sociale » à hauteur de 50 millions de dollars pour soutenir le quotidien durant la transition, puis elle se retirera.

On espère que La Presse, n’appartenant plus à de riches propriétaires, pourra alors attirer de généreux donateurs et obtenir plus facilement l’aide financière des gouvernements.

Le sort maintenant incertain du journal montre à quelle vitesse le modèle économique des médias traditionnels au Canada est en train de s’effondrer.

Écoutez

La salle de rédaction du Devoir Photo : Pedro Ruiz Le Devoir

Le mauvais pari d’un virage numérique raté

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Au début des années 2010, La Presse avait fait le pari du virage numérique, se transformant graduellement d’un journal traditionnel sur papier en un service d’informations offrant son produit uniquement aux lecteurs munis de tablettes et d’ordinateurs. La dernière parution papier a été imprimée le 31 décembre dernier.

Fin 2016, la vente des tablettes à l’échelle mondiale avait cependant dégringolé de quelque 20 % par rapport à l’année précédente.

Entre le modèle imaginé en 2010 et la réalité 8 ans plus tard, un énorme fossé s’est creusé au quotidien pour ce qui est de ses revenus publicitaires en raison de la montée fulgurante des géants américains que sont Facebook et Google. À eux deux, ils accaparent maintenant près de 80 % des revenus publicitaires numériques totaux au Canada. Selon le président de La Presse, Pierre-Elliott Levasseur, « le modèle d’affaires traditionnel des médias écrits est carrément brisé ».

Photo : Radio-Canada – Le président de La Presse, Pierre-Elliott Levasseur

Le saviez-vous?
La crise des médias est facilement mesurable
Entre 2009 et 2015, au Québec, environ 43 % des emplois liés à la presse écrite ont disparu.
À l’échelle canadienne, 27 quotidiens et 275 hebdomadaires ont fermé leurs portes, une hécatombe à laquelle il faut ajouter plus d’une trentaine de quotidiens et d’hebdomadaires qui viennent d’être fermés ou sont sur le point de l’être.

Machine d’une autre époque Photo : iStock/Yuri Arcurs

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Joël Le Bigot, Michel Doucet, Annie Desrocher et Émilie Dubreuil de Radio-Canada

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Catégories : Économie, Internet, sciences et technologies, Politique
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