Les Canadiens ne sont pas de grands épargnants, selon le sondage de la Banque CIBC. Photo : Istock

L’incertitude entourant l’ALENA tirera l’économie canadienne vers le bas!

La croissance économique au Canada connaîtra un ralentissement dans toutes les provinces cette année. Les principaux facteurs de ce ralentissement vont de l’incertitude entourant la renégociation de l’ALENA, aux divers projets de pipeline en suspens, en passant par le ralentissement des marchés du logement et la faiblesse de l’investissement des entreprises. Une Note de conjoncture provinciale du printemps 2018 du Conference Board du Canada décrit la situation de chaque province à la lumière de ses principaux atouts et des points vulnérables de son économie.

De nouvelles contraintes du côté des consommateurs

Marie Christine Bernard est la directrice des prévisions provinciales au Conference Board du Canada. Elle explique la perspective de décroissance au Canada par le fait qu’il existe de nouvelles contraintes du côté des consommateurs, qui font face au coût plus élevé du crédit.

Marie Christine Bernard, directrice des prévisions provinciales au Conférence Board du Canada Crédit : Conference Board

Avec cette augmentation de taux d’intérêt, la population ne consomme pas au même rythme que l’année dernière.

À cela, il faut ajouter le fait qu’il y a eu des mesures mises en place pour juguler l’appréciation rapide des prix sur le marché du logement au Canada.

Le gouvernement fédéral et de certaines provinces, dont l’Ontario et la Colombie-Britannique, ont voulu ralentir cette appréciation des prix en prenant des mesures qui ont aussi une incidence sur le ralentissement de la croissance économique dans ces provinces.

Ce fléchissement de la croissance économique guette l’ensemble du pays. Seules les provinces de la Colombie-Britannique, de l’Île-du-Prince-Édouard, de l’Ontario et du Québec devraient afficher une croissance supérieure à 2 % cette année. Marie‑Christine Bernard, directrice des prévisions provinciales au Conference Board du Canada.
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Les négociations de l’ALENA tardent à se conclure, ce qui n’est pas de nature à encourager les investissements au Canada. Photo : The Associated Press/Judi Bottoni

Le flou de l’ALENA freine les investissements

Avec la renégociation de l’ALENA, il y a beaucoup d’incertitudes quant aux tarifs qui pourraient être mis en place, observe Marie-Christine Bernard.

Les investissements privés demeurent à un niveau assez bas, étant donné que les investisseurs hésitent à investir au Canada, car ils ne savent pas ce qui va résulter de cette renégociation.

Certaines provinces ont des performances assez bonnes malgré tout. Leurs économies ont une croissance un peu plus élevée que la moyenne nationale. C’est le cas en Colombie-Britannique, qui présentera une croissance de 2,6 %, tout comme à l’Île-du-Prince-Édouard.

Comme les bons résultats économiques de la Colombie-Britannique ces dernières années ont été liés au marché du logement, la croissance économique ralentira sous l’effet de nouvelles politiques. La province continuera de profiter de la robustesse du secteur des services et de la croissance vigoureuse des exportations, car les droits imposés sur le bois d’œuvre n’ont pas nui autant que prévu à l’industrie. À l’Île-du-Prince-Édouard, la croissance sera soutenue par une importante croissance démographique due à l’immigration, un nombre record de touristes et une forte demande pour les produits de l’Île. 

L’Ontario et le Québec connaîtront certes une croissance un peu plus forte que partout ailleurs au Canada, mais ce ne sera pas de l’ordre de 3 % comme souhaité. Ces provinces peuvent s’attendre toutes deux à une croissance du PIB réel de 2,2 % cette année.  

Pour contrer les impacts de cette décroissance, le Canada devrait, entre autres, prévoir des mesures concrètes pour faire face à la pénurie de la main-d’œuvre qualifiée, causée par de multiples départs à la retraite en raison du vieillissement de la population.

Autres perspectives provinciales
– Manitoba : croissance vigoureuse de la population et de nombreux projets de construction dans divers secteurs. Baisse du taux de croissance du PIB réel à 2,1 % en 2018 contre 2,9 % l’an dernier en raison de la faiblesse des dépenses de consommation en début d’année.

– Alberta : le manque d’investissements dans le secteur énergétique assombrit les perspectives économiques. Les problèmes de capacité dans le réseau de pipelines du Canada freinent la propension des compagnies pétrolières à faire de nouveaux investissements. Légère diminution de l’activité de forage au cours de l’hiver dernier. Croissance plus faible cette année, soit 1,9 %. contre 4,9 % en 2017.

– Saskatchewan : en raison du repli de la production d’uranium et du recul des dépenses d’infrastructure publiques, l’économie ne devrait progresser que de 1,3 %. La création d’emploi dans la province s’améliore et le taux de chômage est à la baisse.

Provinces de l’Atlantique, sauf l’Île-du-Prince-Édouard : croissance économique modeste en 2018.

– Nouvelle-Écosse :  forte immigration internationale. Le vieillissement démographique et le recul de la production de gaz naturel pèsent sur son économie. Hausse de son PIB réel de 0,8 % seulement en 2018.

 – Nouveau-Brunswick : vieillissement de la population, activité fébrile dans le secteur de la construction, la croissance économique sera limitée à 1,3 % cette année et l’an prochain.

Terre-Neuve-et-Labrador : stimulé par l’accélération de la production de pétrole au projet Hebron, le PIB réel devrait gagner 1,6 % cette année.

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