Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross annoncé que Washington imposera des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium du Canada, du Mexique et de l'Union européenne dès minuit jeudi soir.
Photo Credit: Mike Blake

Washington relance le spectre d’une guerre commerciale

À une semaine de la tenue du Sommet du G7 à Charlevoix, au Québec, les États-Unis annulent l’exemption temporaire de taxes sur l’aluminium et l’acier accordée à l’UE, au Canada et au Mexique. D’où de vives tensions chez les sept pays les plus industrialisés de la planète, dont les ministres des Finances sont réunis à Whistler en Colombie-Britannique.

Le nouvel accès de fièvre dans le monde économique a été déclenché par les propos du secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross. Il a annoncé jeudi que dès minuit, Washington allait imposer des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium à l’Union européenne, au Mexique et au Canada. Si Ottawa et Mexico sont maintenus sur la liste, c’est, selon M. Ross, pour faire avancer les pourparlers de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en cours. Pourparlers qui, aux yeux des Américains, piétinent.

Wilbur Ross ne croit cependant pas que la poursuite des discussions sur la renégociation de l’ALENA serait impactée par d’éventuelles mesures de rétorsion du Canada et du Mexique. Ces deux pays ainsi que l’Union européenne avaient été exemptés des droits d’importation de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium imposés pour la première fois par Washington en mars. Mais ces exemptions expireront vendredi. M. Ross a également minimisé les risques de représailles de la part de l’UE, dont les importations aux États-Unis représentaient « peu de chose » par rapport au déficit commercial américain.

Les membres du Parlement européen ont voté mercredi pour approuver un accord commercial historique avec le Canada. (Vincent Kessler / Reuters)
Les membres de l’Union européenne réfléchissent déjà à la réponse à donner aux mesures protectionnistes américaines.

Les Européens pris de court

Pure coïncidence ou non, l’annonce de l’administration américaine a été faite au moment où les ministres des Finances du G7 se réunissent pour discuter de l’évolution de la croissance et des risques entourant l’économie de la planète. Washington reproche aux 28 pays membres de l’UE de ne pas ouvrir suffisamment leur marché aux marchandises américaines. Ceux-ci, selon les États-Unis, importent 51,3 % d’aluminium et 35,8 % d’acier auprès de leurs partenaires du G7.

Face aux Américains, les Européens tentent de se serrer les coudes et misent sur le multilatéralisme. De son côté, le secrétaire américain au Commerce rappelle à qui veut l’entendre que son gouvernement privilégie les relations bilatérales. Lors d’une table ronde de l’OCDE à Paris, où le protectionnisme américain a été longuement discuté, M. Ross a affirmé que les États-Unis n’aiment pas les palabres infinies. « Nous préférons les actions bilatérales pour négocier. Les réunions multilatérales prennent beaucoup de temps et nous sommes animés d’un sentiment d’urgence », a-t-il soutenu.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, répond aux questions des médias relativement à la Commission sur le racisme et la discrimination systémique Photo : Radio-Canada
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, estime que des tarifs punitifs américains sur l’aluminium et l’acier canadiens vont nuire à l’industrie manufacturière des États-Unis.

Déception au Canada

En attendant la réaction officielle du Canada par la voix de son premier ministre Justin Trudeau, son secrétaire parlementaire aux relations canado-américaines, Andrew Leslie, a déploré la décision américaine, la qualifiant d’« inacceptable ». Au Québec, le premier ministre Philippe Couillard n’a pas mâché ses mots. La décision américaine est « totalement illogique », selon lui. « C’est une mauvaise décision pour les Américains. Ils viennent d’augmenter le coût de toute leur industrie manufacturière et de leur industrie de la défense. »

Malgré tout, le Québec ne semble pas pour l’instant favorable à des mesures de représailles qui risquent d’empirer la situation. « C’est une escalade lorsqu’on commence à aller dans ce sens-là. Le Québec n’a jamais été favorable à l’idée de répondre au protectionnisme en faisant du protectionnisme », a mis en garde Dominique Anglade, la ministre de l’Économie.

(Avec des informations de l’AFP et de La Presse canadienne)

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Catégories : Économie, Politique
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