Les migrants de l'Aquarius en quête d’une vie meilleure en Europe . Photo : SOS Méditerranée/Kenny Karpov

À qui la meilleure stratégie de gestion des migrants : au Canada, États-Unis, Allemagne ou Italie, etc.?

Des approches divergentes, souvent au mépris de l’intérêt humain.

Gavée et ivre de migrants, l’Italie ferme ses portes

L’Italie, qui a toujours été considérée comme le point d’entrée favori des migrants sur le sol européen, a fermé ses portes au bateau Aquarius de sauveteurs qui sont venus en aide, dans la nuit du 9 au 10 juin, à plus de 630 migrants à la dérive dans les eaux de la Méditerranée près de la Libye.

C’est finalement dimanche que ce navire humanitaire, affrété par l’organisation SOS méditerranée et Medecin sans frontières (MSF), est arrivé au port de Valence en Espagne.

Comme certains de ces migrants répondent aux critères en ce qui concerne le droit d’asile, la France promet de les accueillir, après la fronde de plus de la moitié de la population qui a opposé un non catégorique à l’accueil des 630 migrants dans un port français.

La gestion de ces migrants, qui viennent d’une trentaine de pays, dont plusieurs d’Afrique, a profondément divisé l’Europe.

Allemagne : l’épée de Damoclès sur la tête d’Angela Merkel

La chancelière allemande, Angela Merkel, à la tête de la Coalition européenne qui s’occupe de la question des migrants, estime qu’il s’agit d’un problème « international et européen », qui exige « une solution internationale et européenne ». Elle souhaite que tous les pays européens soient partie prenante à la solution. Il s’agit d’une situation assez délicate pour la

À cause de sa gestion du dossier des migrants, Angela Merkel est sous pression et sa popularité est en baisse, tandis que l’extrême droite remonte dans les sondages. Photo : Reuters/Axel Schmidt

chancelière qui court le risque de voir s’éroder ses acquis politiques, à un moment où la population et les partis de l’opposition sont mobilisés contre l’idée que l’Allemagne puisse servir de point de repli pour les migrants.

La droite allemande vient d’ailleurs d’imposer à Mme Merkel un ultimatum de deux semaines pour qu’elle trouve rapidement une solution européenne au défi migratoire, sinon, le pays s’en irait vers une crise nationale et obligerait la chancelière à quitter ses fonctions.

Lire à ce sujet : Les migrants de l'Aquarius arrivés en Espagne après une semaine d'errance

Les premiers migrants sont arrivés au port de Valence, dimanche matin, à bord du navire italien Dattilo. Photo : AFP/Getty Images/PAU BARRENA

La gestion américaine à l’image « des camps de concentration nazis »?

Les États-Unis ont, quant à eux, choisi de séparer de force les enfants de leurs parents migrants. Une stratégie vivement dénoncée à travers le monde : les églises, les personnalités politiques, l’OMS et différents groupes ont donné de la voix pour remettre en question cette stratégie qui va à l’encontre de l’intérêt des familles et des enfants.

L’ex-première dame Laura Bush s’offusque d’une politique qui « brise son cœur », tandis que l’actuelle première dame, Melania Trump, est sortie de sa réserve habituelle et a dit « détester voir les enfants séparés de leurs parents ».

L’administration Trump, de marbre, semble avoir trouvé chez les démocrates de Barack Obama des boucs émissaires, les véritables responsables de cette situation chaotique, à cause d’une mauvaise politique migratoire.

Dans sa stratégie qui consiste à jeter l’opprobre sur les autres, le président Trump tire à boulets rouges sur la très « magnanime » chancelière, Angela Merkel qui s’est illustrée dans un passé récent par sa générosité sans limites à l’égard des migrants syriens, ce qui a plongé son pays dans une situation d’insécurité sans précédent.

Une jeune fille, membre de la caravane des migrants en provenance de l’Amérique centrale, attend de pouvoir franchir la frontière américaine avec sa famille. Photo : Reuters / Edgard Garrido

En complément

Le Canada compatissant jusqu’au bout, mais à quel prix?

Le Canada, reconnu pour sens élevé de l’empathie et de la générosité, s’est distingué au cours des dernières années et des derniers mois par son hospitalité offerte aux migrants syriens, et à ceux qui ont fui les États-Unis à cause du durcissement de la politique migratoire du président Trump.

Le pays est toujours très enclin à aider les migrants, mais cette fois, cela se fera peut-être autrement qu’en se servant de l’argent des contribuables canadiens.

Ottawa acceptera-t-il de confisquer les avoirs de dirigeants de pays corrompus pour les mettre au service de la cause des migrants?

D’un côté, des demandeurs d’asile. De l’autre, des agents de la GRC, à la frontière canado-américaine. La scène a été captée le 25 mai 2018. Photo : Radio-Canada

Cette proposition émane du Conseil mondial pour les réfugiés, organisme basé à Toronto et financé par le gouvernement fédéral. Elle met l’accent sur le fait que si les migrants sont jetés en pâture sur les routes aux intempéries et autres difficultés, c’est parce qu’ils fuient les mauvaises conditions de vie dans leurs pays d’origine : pillage des biens par leurs dirigeants corrompus qui placent les fruits de leurs acquisitions malsaines dans les banques étrangères, confiscation du pouvoir, corruption, népotisme et autre favoritisme, avec leurs corollaires de misère et de guerre civile, etc.

Lire à ce sujet : Ottawa pourrait utiliser les avoirs des dirigeants corrompus pour aider les migrants

Bien qu’Ottawa n’ait pas encore réagi à cette proposition, l’idée est en train de faire son chemin dans le pays qui se trouve aux prises avec des arrivées massives de migrants qui fuient les États-Unis à cause de la politique de tolérance zéro de l’administration Trump.  Une fois au Canada, ces migrants ont besoin d’infrastructures d’accueil : hébergement, vêtements, nutrition, santé, déplacements, présentation de demandes d’asile, etc.

La charge pèse très souvent sur les épaules des provinces qui les accueillent avec une aide du gouvernement fédéral souvent jugée insuffisante, dont par le Québec, la destination privilégiée de bon nombre de migrants, en raison de la proximité et de l’accessibilité du point d’entrée de Saint-Bernard-de-Lacolle.

RCI avec Reuters et Radio-Canada

Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique, Société
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