Au sommet du BRICS à Johannesburg en Afrique du Sud, le premier ministre indien Narendra Modi, le président chinois Xi Jinping, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le président russe Vladimir Poutine et le président brésilien Michel Temer ont tenu à manifester leur esprit de solidarité (REUTERS / Mike Hutchings).

Commerce international : le BRICS fait bloc contre les États-Unis  

Le système commercial multilatéral ne s’est jamais aussi mal porté. En cause : la guerre commerciale lancée sur tous les fronts par les États-Unis. Réunis en sommet jeudi à Johannesburg, en Afrique du Sud, les dirigeants du BRICS se sont inquiétés des « défis sans précédent » qui menacent le multilatéralisme

Lancé en 2009, le BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) est une association de cinq économies émergentes qui contribue à hauteur de 42 % au PIB mondial et représente 40 % de la population mondiale. L’association se considère comme le contrepoids au groupe des pays industrialisés menés par les États-Unis.

La rencontre des chefs d’État et de gouvernement du Brésil, de la Chine, de la Russie, de l’Inde et d’Afrique du Sud avait pour thème : « Le BRICS en Afrique : une collaboration pour une croissance inclusive et une prospérité partagée dans la quatrième révolution industrielle ».

Le sommet était donc axé sur la nécessité de renforcer la relation entre les cinq pays du BRICS et l’Afrique. Pour ce faire, les chefs d’État de Namibie, du Gabon, d’Angola, du Sénégal, d’Ouganda, du Togo et du Rwanda ont été invités à participer aux échanges sur la meilleure façon de parvenir à une croissance inclusive et à une prospérité partagée grâce à une collaboration accrue. Même le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, qui vise une victoire aux présidentielles de son pays lundi, a dû interrompre brièvement sa campagne électorale pour se rendre dans la capitale économique sud-africaine.

L’économie mondiale doit rester ouverte

Ce qui a retenu l’attention dans ce sommet qui prend fin vendredi, c’est la déclaration commune des présidents russe Vladimir Poutine, chinois Xi Jinping, sud-africain Cyril Ramaphosa, brésilien Michel Temer et du premier ministre indien Narendra Modi. Ils ont exprimé « leur inquiétude à propos des effets des mesures de politique macro-économique prises dans certaines grandes économies avancées ».

Sans nommer les États-Unis, les membres du BRICS ont dénoncé ces pays dont les mesures « peuvent causer une volatilité économique et financière dans les économies émergentes et avoir un impact sur leur perspective de croissance ». Selon eux, il est indispensable d’avoir une économie mondiale ouverte qui permet à tous les pays et à tous les peuples de partager les bénéfices de la mondialisation.

Toujours sans explicitement désigner les États-Unis, mais en les montrant clairement du doigt, les cinq pays émergents ont demandé à tous les membres de l’Organisation mondiale du commerce de respecter les règles de l’OMC et d’honorer leurs engagements dans un système de commerce multilatéral. Washington, on le sait, a lancé des offensives commerciales contre Ottawa, Pékin, Berlin, Bruxelles et Moscou, entre autres.

Le président américain Donald Trump a notamment imposé des taxes douanières sur l’acier et l’aluminium visant surtout la Chine. Il menace désormais de taxer de façon punitive la totalité des importations chinoises. Il faut savoir que l’année dernière, le déficit commercial des États-Unis à l’égard de la Chine était de 376 milliards de dollars. M. Trump est bien déterminé à le réduire.

Le maître-mot est la coopération

Pour les présidents chinois et russe, l’heure n’est plus aux tergiversations : les membres du BRICS doivent améliorer leur coopération. Xi Jinping a appelé le forum des cinq pays émergents à « déverrouiller le potentiel énorme de leur coopération économique », de renforcer leur partenariat stratégique pour faire de la prochaine décennie « une autre décennie en or ». Même son de cloche de son homologue russe, qui estime que le BRICS joue  « un rôle unique dans l’économie mondiale ».

Poutine a souligné qu’en 2017, le commerce entre les Cinq avait augmenté de 30 % et que le partenariat pouvait encore être développé. Le président russe s’est par ailleurs entretenu jeudi avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, invité à Johannesburg comme d’autres pays non membres du BRICS.

Recep Tayyip Erdogan était l’un des chefs d’État invités non-membres du BRICS invités au sommet de Johannesburg (REUTERS / Mike Hutchings)

Le chef du Kremlin s’est félicité de l’amélioration des relations avec la Turquie, saluant au passage la coopération entre les deux pays dans la crise syrienne et dans le domaine économique. En Syrie, la Turquie soutient les rebelles qui cherchent à renverser le président Bachar Al-Assad depuis 2011, alors que ce dernier est appuyé militairement par la Russie et l’Iran. Malgré leurs positions opposées, la Turquie et la Russie coopèrent étroitement sur le dossier syrien depuis l’an dernier.

(Avec les informations du BRICS et de l’AFP)

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