Mohammed ben Salmane, le prince héritier du trône de l'arabie saoudite et Chrystia Freeland, ministre canadienne des Affaires étrangères. Photo : Radio-Canada

Les USA et l’EU gardent leurs distances avec le Canada en chicane avec Riyad

Alors qu’il aurait pu compter sur l’appui d’autres pays, le Canada se retrouve seul dans la gestion du conflit qui l’oppose depuis cinq jours à l’Arabie saoudite.

La ministre canadienne des affaires étrangères, Chrystia Freeland (Bullit Marquez / Associated Press)

Le ton monte entre Ottawa et Riyad mais Washington et Bruxelles n’ont pas manifesté de solidarité ces dernières heures vis à vis le gouvernement de Justin Trudeau. Ce dernier a ouvertement critiqué, la semaine dernière, le régime saoudien pour son non-respect des droits de la personne après les arrestations de militantes des droits des femmes.

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a notamment appelé le régime wahabite à « libérer immédiatement » les militantes des droits des femmes qui sont détenues, notamment Samar Badawi, soeur du blogueur Raif Badawi, lui-même arrêté en Arabie saoudite en 2012 et condamné à 10 ans de prison pour insulte à l’islam.

Aide-mémoire…

Dennis Horak, ambassadeur canadien en Arabie saoudite

– Rappelons que l’Arabie saoudite a expulsé lundi l’ambassadeur du Canada (il était en vacances au Canada) et gelé «toute nouvelle affaire» avec Ottawa.
– Riyad veut aussi redéployer ailleurs dans le monde les étudiants saoudiens qui fréquentent des établissements au Canada.
– La compagnie aérienne nationale, Saudi Arabian Airlines, a annoncé lundi qu’elle suspendait toute liaison aérienne avec Toronto à compter du 13 août. Elle a aussi ordonné de cesser le traitement de tous les citoyens saoudiens qui se trouvent dans les hôpitaux canadiens, mardi soir, et de les transférer à l’extérieur du Canada, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

Un différend à régler entre deux pays?

Le prince héritier de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane – Photo : Twitter
Pourquoi l’Arabie saoudite adopte-t-elle une telle ligne dure avec le Canada? Selon les analystes, ses dirigeants sont « allergiques à la critique » et veulent faire un exemple.

Bien que les États-Unis et la Commission européenne aient tous les deux demandé, mardi dernier, des éclaircissements sur l’arrestation de défenseurs des droits de la personne en Arabie saoudite, ils ont évité de prendre officiellement position entre Riyad et Ottawa.

Interrogée sur ces tensions canado-saoudiennes, la porte-parole de la Commission européenne, Maja Kocijancic, a déclaré que Bruxelles a demandé des explications aux autorités saoudiennes à propos de plusieurs arrestations survenues depuis le mois de mai dans le royaume. Mais elle a ajouté que la Commission européenne ne commente pas les relations bilatérales entre deux pays et qu’elle est en faveur d’un dialogue.

Décrivant le Canada et l’Arabie saoudite comme des amis et de proches partenaires des États-Unis, le département d’État américain a simplement appelé pour sa part les deux pays à résoudre leur problème de façon diplomatique.

En mars dernier, Donald Trump montre un tableau des armes vendues à l’Arabie saoudite en compagnie du prince saoudien Mohammed ben Salmane Al-Saoud. Photo : The Associated Press/Evan Vucci

Position peu confortable pour le Canada, mais populaire auprès de l’électorat?

Le manque d’appui politique américain s’avère particulièrement problématique pour le Canada qui doit composer avec une nouvelle réalité; le royaume saoudien entretient des relations beaucoup plus étroites avec les États-Unis dirigés par Donald Trump.

Toute cette affaire illustre le pouvoir montant du jeune prince héritier Mohammed ben Salmane Al-Saoud que personne n’avait vraiment vu venir.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau Photo : La Presse canadienne/Adrian Wyld

Du pétrole saoudien dans les véhicules canadiens

À seulement 4 milliards de dollars par année, les échanges économiques entre le Canada et l’Arabie saoudite ne sont pas primordiaux pour les deux pays. À titre comparatif, le Canada et son principal partenaire économique, les États-Unis, se sont échangés 673 milliards de dollars de marchandises en 2016.

Le Canada importe essentiellement du pétrole d’Arabie saoudite, troisième source d’importation de pétrole brut du Canada en 2016, soit 11 % des importations, derrière les États-Unis (54 %) et l’Algérie (12 %), selon la base de données de l’Observatory of Economic Complexity du MIT.

Le Canada, pour sa part, y exporte principalement des véhicules armés et des voitures.
LISEZ : Exportation controversée de véhicules blindés canadiens à l’Arabie saoudite de nouveau autorisée

De plus, 15 000 Saoudiens étudient au Canada.
LISEZ : Canada c. Arabie saoudite : les étudiants saoudiens souffriront-ils de la décision de Riyad de les déplacer?

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Raif Badawi et son épouse Ensaf Haidar. Le blogueur a été condamné à 1000 coups de fouet et à 10 ans d’emprisonnement pour avoir prôné la libéralisation du régime saoudien. Il a été flagellé 50 fois en janvier 2015, mais toutes les séances subséquentes ont été interrompues en raison de son état de santé. © Presse canadienne

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Yasmine Khayat, Patyrick Masbourian, Joel Le Bigot, Stéphane Bureau, Claude Bernatchez et Marie-Laurence Delainey de Radio-Canada

En complément

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Un groupe saoudien s’excuse d’avoir publié une image qui semblait menacer Toronto – Radio-Canada 

L’Arabie saoudite expulse l’ambassadeur du Canada et rapatrie le sien – Radio-Canada 

Catégories : Économie, International, Politique
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