Selon plusieurs analystes, la chicane diplomatique entre l’Arabie saoudite et le Canada n’est qu’un autre exemple des mesures de politique étrangère brutales du prince héritier Mohammed bin Salman. (Cliff Owen / Associated Press)

L’Arabie saoudite largue tous ses actifs canadiens et pilonne le Canada qui refuse de s’excuser

Riyad, qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Canada cette semaine en raison des reproches d’Ottawa sur ses entorses aux droits de la personne, exclut maintenant toute médiation et envisage d’autres sanctions.

Chrystia Freeland – Photo : PC

Les Saoudiens en veulent particulièrement à la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, qui leur a reproché les arrestations récentes de femmes militantes pour les droits de la personne.

Après avoir rappelé son ambassadeur et ordonné le retour au pays de ses milliers d’étudiants universitaires en sol canadien, le Royaume exige maintenant des patients saoudiens qui se font soigner dans les hôpitaux canadiens qu’ils quittent le pays coûte que coûte.

Vente massive d’actifs canadiens à la bourse de Toronto

Toujours dans le cadre de cette dispute diplomatique qui prend des tournures de plus en plus bizarres, le Royaume saoudien a également donné une directive à sa banque centrale et aux fonds de pension gouvernementaux de vendre tous leurs actifs canadiens.

Selon le Financial Times, cette directive indique que les gestionnaires doivent céder les actions, obligations et actifs canadiens, peu importe les cours.

Mardi, le marché boursier à Toronto a connu une vente massive d’actifs d’un courtier international inconnu.

Le ministre des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite, Adel al-Jubeir, a déclaré que le Canada devait retirer ses critiques. (Thomas Peter / Reuters)

Le Canada ne s’excusera pas

Au cours d’une conférence de presse à Riyad, mercredi, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Joubeir, a soutenu que le Canada sait ce qu’il a à faire s’il veut mettre fin à la querelle.

Le premier ministre Justin Trudeau a repoussé mercredi la demande de l’Arabie saoudite de réparer ce qu’il appelle une « grosse erreur », comme il nomme les critiques du gouvernement canadien.

Justin Trudeau a déclaré que le Canada ne s’excusera pas d’avoir défendu les valeurs et les droits de la personne, même si cela gêne un partenaire mondial.

« Les Canadiens ont toujours espéré que notre gouvernement parlera fermement et poliment de la nécessité de respecter les droits de la personne partout dans le monde. Nous continuerons à défendre les valeurs et les droits de la personne. Nous continuons à nous engager politiquement et diplomatiquement avec le gouvernement de l’Arabie saoudite, [mais] le Canada parlera toujours fortement en privé et en public sur les questions de droits de l’homme. Les gens du monde entier attendent ce genre de leadership. »

Le premier ministre Justin Trudeau à Montréal mercredi (Graham Hughes / Presse canadienne)

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau Photo : La Presse canadienne/Adrian Wyld

Négociations en coulisse avec Riyad

Justin Trudeau a confirmé que sa ministre Freeland avait eu une conversation téléphonique avec son homologue saoudien mardi et que les lignes de communication entre les deux pays restaient ouvertes.

En plus de traiter directement avec l’Arabie saoudite, un responsable gouvernemental a déclaré pour sa part à CBC News que Chrystia Freeland appelait ou organisait des appels avec des pays d’Europe et du Moyen-Orient pour voir s’ils pouvaient aider à résoudre ce problème.

La ministre des Affaires étrangères a déjà parlé avec la Suède et l’Allemagne, deux pays qui ont connu des batailles similaires avec l’Arabie saoudite dans le passé.

Aide-mémoire…
– Ce n’est pas la première fois que Riyad prend des mesures punitives contre des pays occidentaux qui l’ont critiqué.
En 2017, l’Arabie saoudite a suspendu des contrats avec des agences allemandes et a rappelé son ambassadeur posté à Berlin en raison des propos tenus par le ministre allemand des Affaires étrangères sur la crise politique libanaise.
En 2015, le Royaume avait rappelé son ambassadeur basé à Stockholm et arrêté de délivrer des visas d’affaires aux citoyens suédois en raison des critiques de leur gouvernement sur les violations des droits de la personne en Arabie saoudite.

La diplomatie sur Twitter à la Donald Trump

Les conservateurs fédéraux, dans un tweet, critiquent pour leur part le gouvernement libéral de Justin Trudeau et la ministre Freeland pour avoir envoyé une missive diplomatique à Riyad sur Twitter. « Un écart entre nos deux pays s’est produit en raison de l’utilisation de Twitter comme substitut à une diplomatie appropriée de la part du gouvernement Trudeau », a dit Erin O’Toole, critique aux Affaires étrangères.

« Une diplomatie sérieuse exige des efforts. Le premier ministre et le ministre des Affaires étrangères devraient plaider face à face sur des questions et non par mot-clic », a-t-il tweeté.

Alors que la crise diplomatique entre le Canada et l’Arabie saoudite continue de s’intensifier, le premier ministre Justin Trudeau a indiqué que son gouvernement continuerait d’utiliser Twitter et les médias sociaux pour mener des relations avec l’étranger.

Les États-Unis et la Commission européenne ont tous les deux demandé, mardi, des éclaircissements sur l’arrestation de militants en Arabie saoudite, mais ont évité de s’immiscer dans le conflit diplomatique entre Riyad et Ottawa.

Recommandé pour vous
Les USA et l’EU s’éloignent du Canada en chicane avec Riyad

Mohammed ben Salmane, le prince héritier du trône de l’Arabie saoudite et Chrystia Freeland, ministre canadienne des Affaires étrangères Photo : Radio-Canada

En complément

5 questions pour comprendre la querelle entre Riyad et Ottawa – Radio-Canada 

L’Arabie saoudite expulse l’ambassadeur du Canada et rapatrie le sien – Radio-Canada 

Riyad demande de transférer les patients saoudiens hors du Canada – Radio-Canada 

Catégories : Économie, International, Politique
Mots-clés : , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.