Les communautés de la Nation innue annoncent que les négociations pour la réalisation du projet éolien Apuiat vont reprendre le 15 août. Elles souhaitent aboutir à une entente profitable pour l’ensemble des partis. Photo : Radio-Canada/Brigitte Dubé

Apuiat : le projet de parc éolien dans la Nation innue au centre de la discorde au Québec

 Le gouvernement du Québec et la société Hydro-Québec n’arrivent pas à s’accorder sur la réalisation du projet Apuiat. Il s’agit d’un projet sur la table depuis 2015, dont le but est de développer la capacité de production de l’électricité des communautés innues du Québec, de stimuler leur économie et de créer des emplois, selon le gouvernement.

RCI avec des informations de la Nation innue et Radio-Canada

Opposition au projet

Dans la province, ce projet soulève des oppositions, notamment de la part de la Coaltion avenir Québec de François Legault, donnée favorite dans les intentions de vote en vue des élections générales dans la province dans quelques semaines.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault Photo : Radio-Canada/Sébastien Vachon

M. Legault estime que dans un contexte de surplus énergétique, les Québécois ne devraient pas continuer à payer pour un « projet inutile et ruineux ».

« J’ai confiance que même les citoyens de la Côte-Nord, qui vont peut-être se voir privés d’un projet à court terme, vont comprendre qu’on ne peut pas mettre 1,5 milliard de pertes chez Hydro-Québec pour créer des emplois. Il faut que ce soit des emplois utiles », dit-il.

Hydro-Québec Photo : La Presse canadienne/Paul Chiass

D’ici 2026, Hydro-Québec aura de 9 à 13 térawattheures (9 à 13 milliards kWh) de surplus par année, alors que l’éolien représente, pour 2018, 11,4 TWh. La commission sur les enjeux énergétiques du Québec concluait en 2014 qu’il était urgent, dans ces circonstances, de revoir les stratégies d’approvisionnement en électricité et qu’il fallait suspendre les investissements dans La Romaine et dans l’éolien, notamment. 

Cette voix dissidente au projet se joint à celle du PDG d’Hydro-Québec, Éric Martel, qui continue à s’interroger sur le bien-fondé de ce projet développé avec la Nation innue, sur la Côte-Nord du Québec. Il a remis en question la pertinence du projet, tant sur le plan financier qu’énergétique, car la société d’État doit déjà composer avec des surplus d’électricité.

Les oppositions, qui dénoncent aussi un manque de transparence dans le processus de sélection du partenaire chargé de la réalisation du projet, tranchent avec la position du gouvernement. Celui-ci déclare, par la voix du premier ministre Philippe Couillard, vouloir stimuler l’économie, créer des emplois et établir un meilleur partenariat avec les communautés de la Nation innue.

Selon la déclaration des communautés de la Nation innue, le projet Apuiat créera près de 400 emplois sur la Côte-Nord et dans les régions comme la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent, là où l’industrie éolienne est établie. Photo : Yvon Thériault/Radio-Canada

Une communauté qui tient à son projet de parc éolien

Dans une déclaration, les communautés de la Nation innue ont souhaité définir clairement leur position par rapport au projet.

Appuyant la démarche du gouvernement, elles ont souligné que le projet Apuiat s’inscrit dans le cadre de la stratégie énergétique 2006-2015 du gouvernement provincial, qui réserve 4000 MW à la réalisation de projets éoliens, dont un bloc de 200 MW octroyé aux Innus.

L’équipe innue, qui soutient que ce n’est pas un simple projet brandi à des fins électoralistes par le Parti libéral, ne souhaite pas négocier sur la place publique.

Pour les communautés, Apuiat devrait être considéré au même titre que tous les autres projets éoliens communautaires et autochtones réalisés à ce jour au Québec, dans le cadre de la stratégie gouvernementale.

Le premier ministre Philippe Couillard et le chef innu de Mashteuiatsh Clifford Moar Photo : Radio-Canada

Soulignant l’importance de ce projet pour ces communautés, la déclaration met de l’avant le fait qu’il s’agit d’un premier projet du genre pour les Innus, dont le but premier est de favoriser des retombées économiques structurantes pour ces peuples des Premières Nations, et à un prix compétitif.

Hydro-Québec a estimé, comme la CAQ, que ce projet générerait des coûts d’approvisionnement supplémentaires que les Québécois devront payer dans leurs factures. Le projet engendrerait, toujours selon Hydro-Québec, des pertes pouvant aller jusqu’à 1,5 milliard de dollars.

En réponse , la déclaration des communautés de la Nation innue souligne la détermination de ces peuples et de leur partenaire dans ce projet de « travailler à en faire un projet économique et sans impact sur la facture des consommateurs ». Les Innus se disent fiers des ententes qu’ils ont conclues avec leur partenaire qui leur assure même au-delà de 50 % des bénéfices du projet.

Par voie de communiqué, Hydro-Québec a affirmé qu’elle continue de croire qu’une « entente gagnant-gagnant est possible ». La société d’État a fait part de sa volonté de poursuivre le dialogue avec les représentants de la Nation innue.

Le ministre de l’Énergie Pierre Moreau se base sur le fait que les besoins énergétiques vont augmenter d’ici 2022, date à laquelle le parc Apuiat devrait en principe être opérationnel. En tenant compte du fait que l’Ontario aura à fermer certaines de ses centrales nucléaires, M. Moreau souligne que le projet Apuiat garde toute sa pertinence, malgré les surplus énergétiques annoncés par Hydro-Québec.

Comme le gouvernement provincial, les Innus considèrent que le projet éolien est une occasion de réconciliation historique entre eux, le gouvernement du Québec et Hydro-Québec.

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