Producteur laitier de la région de Montréal.

Une ferme laitière dans la région de Montréal
Photo Credit: Radio-Canada

Les agriculteurs québécois seront-ils sacrifiés à l’autel de l’ALENA à Washington? Non, répond Trudeau

Un article publié par le Globe and Mail sur la renégociation en cours de l’ALENA laisse croire que le gouvernement fédéral serait prêt à faire des concessions en ce qui a trait à la gestion de l’offre, notamment la production laitière, qui mobilise un grand nombre d’agriculteurs au Québec.

RCI avec CBC et Radio-Canada

Quel accord le Canada négociera-t-il en 48 h?

Les États-Unis et le Mexique souhaitent conclure au plus tard vendredi un nouvel accord tripartite avec le Canada.

De l’avis des analystes, le gouvernement fédéral dispose de très peu de temps pour conclure un « bon accord ».

« Un bon accord », c’est un concept cher à Justin Trudeau. Le premier ministre a soutenu devant les journalistes que si le Canada doit signer un accord en 48 h, cet accord doit être « bon pour l’économie canadienne et les Canadiens ».

Parmi ceux qui pensent que le Canada dispose de très peu de temps pour bien négocier, il y en a qui estiment que le pays est coincé entre le Mexique et les États-Unis qui ont conclu une entente « dans son dos », ce qui l’oblige à faire des concessions.

Point de presse de Justin Trudeau sur l’ALENA lors de son passage dans le nord de l’Ontario. Le premier ministre a participé mardi à une activité en compagnie d’élèves de l’école secondaire Cité des jeunes de Kapuskasing. Photo : Radio-Canada/Francis Bouchard

Justin Trudeau à Kapuskasing

Point de presse de Justin Trudeau lors de son passage dans le Nord de l'Ontario.

Posted by ICI Ontario on Wednesday, August 29, 2018

Concessions sur la gestion de l’offre?

Justin Trudeau n’écarte pas la possibilité de la conclusion d’un nouvel accord de l’ALENA d’ici vendredi. Alors qu’il dit être « très clair » sur le dossier de la gestion de l’offre, un article publié par le Globe and Mail laisse planer le doute sur les intentions réelles du Canada.

Le premier ministre assure qu’il défendra cette question qui touche les producteurs de lait et de volaille, surtout au Québec, alors que les États-Unis souhaitent voir le Canada abandonner son système qui protège ses agriculteurs.

Pour lui, ce n’est tout simplement pas « acceptable de se débarrasser de la gestion de l’offre ».

Étant donné que des concessions seraient envisageables, du moins selon le journal, notamment en ce qui a trait à la production laitière et à la volaille, ce sont les agriculteurs québécois, qui dominent l’ensemble de la production nationale, qui en prendraient le plus dur coup.

En effet, le Québec fournit à lui seul la moitié de la production laitière totale du Canada, et le marché fait l’objet d’un encadrement strict pour permettre aux producteurs d’en tirer un revenu décent.

Philippe Couillard, en conférence de presse.

Philippe Couillard s’est employé à défendre le système de gestion de l’offre lors d’une conférence de presse mercredi à Rivière-du-Loup. Photo : Radio-Canada

Dans la province, aussi bien les partis politiques en campagne électorale que la population suivent de près le déroulement des négociations à Washington. Compte tenu de l’enjeu important pour la province, son premier ministre, Philippe Couillard, a invité les Québécois à se « rallier pour soutenir les producteurs laitiers ».

« Il dit avoir suggéré au premier ministre Trudeau de mettre l’Union des producteurs agricoles et la Fédération des producteurs de lait dans le coup dès maintenant, afin d’éviter qu’ils ne se retrouvent devant le fait accompli, comme cela s’est produit par le passé. »

Pour sa part, Jean-François Lisée, le chef du Parti québécois, a proposé que soit mis en place un front commun avec une déclaration commune des quatre chefs de parti pour défendre la gestion de l’offre et l’exception culturelle.

Selon un récent sondage, les Canadiens sont divisés sur la question de la gestion de l’offre. Pendant que certains soutiennent que Trudeau a choisi de privilégier l’Ontario au détriment du Québec, d’autres ne savent pas s’il faut faire des concessions, tandis que bon nombre de Québécois demeurent attachés à leurs producteurs qui font la fierté des régions de la province.

Enjeu : la compensation?

Si les producteurs laitiers sont sacrifiés, il se pourrait que le gouvernement fédéral propose de leur verser des compensations. Les agriculteurs canadiens pourraient désormais faire face à la concurrence de produits laitiers en provenance des États-Unis ou du Mexique, ce qui risquerait de se traduire en perte de compétitivité et de revenus.

Il convient de mentionner qu’il y a déjà eu une première brèche dans la gestion de l’offre dans l’entente conclue avec l’Union européenne et dans le Partenariat transpacifique. Cela a ouvert le marché canadien aux produits laitiers et autres fromages en provenance des États membres.

On se souvient que les compensations annoncées aux producteurs canadiens après ces accords n’avaient pas toujours été à la hauteur de leurs attentes.

Le défi que va relever Chrystia Freeland, la ministre des Affaires étrangères, qui est parmi les négociateurs du Canada à Washington, sera de parvenir à inclure le Canada dans l’ALENA, sans toutefois sacrifier la gestion de l’offre.

Elle affirme, en ce qui concerne cet enjeu spécifique, que « faire les négociations en public n’est pas très productif », et elle préfère réserver les arguments pour les débats autour de la table de négociation.

Catégories : Économie, Politique
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