Une vache et son propriétaire réclament la protection de la gestion de l’offre à Ottawa

Une vache et son propriétaire réclament la protection de la gestion de l’offre à Ottawa (Archives)
Photo Credit: Radio-Canada

ALÉNA : Teamsters souhaite que le Canada concède le chapitre 19 pour faire progresser les négociations!

Christopher Monette est le directeur des Affaires publiques de Teamsters Canada.  Il est présent à Washington et suit de près les négociations de l’ALÉNA, avec quelques membres de ce syndicat qui représente les intérêts de 125 000 travailleurs dans tous les secteurs d’activités au pays.

Pourquoi concéder le chapitre 19 ?

Christopher Monette est le directeur des Affaires publiques de Teamsters Canada. Crédit : Monette

Dans une entrevue avec Alice Chantal Tchandem, M. Monette s’est dit satisfait du climat qui règne actuellement autour des négociateurs du Canada et des États-Unis. L’optimisme affiché depuis le début par la ministre des Affaires étrangères du Canada, Chrystia Freeland, est selon lui une bonne stratégie et de bonne augure pour la suite des négociations.

Les travaux, qui se déroulent à guichet fermé, sont intenses et les enjeux importants pour cet Accord de libre échange nord-américain qui va régir les échanges commerciaux entre les parties pendant de nombreuses années.

Sur les deux principaux points qui font que les négociations n’avancent pas rapidement, notamment la gestion de l’offre et le chapitre 19, concernant le mécanisme de règlement des conflits, le syndicat des Teamsters a pris position.

Au sujet du deuxième point, Chritopher Monette suggère que le Canada lâche du lest. En laissant tomber le chapitre 19, il n’est pas exclu qu’en cas de différend commercial avec son voisin, Ottawa puisse porter le problème à l’instance supérieure qui régit déjà le commerce international, à savoir l’OMC (Organisation mondiale du commerce.)

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Justin Trudeau et Donald Trump : Crédit Radio-Canada

Trudeau a-t-il trop personnalisé cet enjeux?

M. Monette constate que les négociations tournent toujours autour du chapitre 19, en ce qui concerne l’applicabilité. Pour pouvoir sauvegarder les emplois des membres du syndicat des Teamsters, dans les usines de transformation et dans les fermes laitières de différentes communautés rurales du pays, il recommande que le Canada rectifie sa stratégie sur ce point spécifique.

Qualifiant le président Trump de « briseur de règles », le premier ministre, Justin Trudeau, a martelé au cours des derniers jours que le Canada resterait inflexible en ce qui concerne le mécanisme de règlement des différends. Si le pays y tient beaucoup, c’est parce que lorsque l’accord initial avait été négocié il y a plus de 20 ans,il avait convaincu l’administration de Ronald Reagan de maintenir ce chapitre qui touche les mesures antidumping visant à protéger les producteurs de l’un comme de l’autre côté de la frontière.

Un travailleur de la scierie Waska, au Nouveau-Brunwick, coupe des bardeaux de cèdre. Les producteurs de bardeaux de cèdrede cette province dénoncent les tarifs punitifs de 20,83 % imposés par le département américain du Commerce en mars 2018. Photo : Radio-Canada/Nicolas Steinbach

Le mécanisme en question, officiellement baptisé chapitre 19, permet aux entreprises jugeant que leurs produits sont injustement visés par des mesures antidumping ou des tarifs douaniers de réclamer un arbitrage. Si un groupe formé de représentants des deux pays concernés donne son accord, il peut exiger d’être remboursé.

Teamsters reproche au premier ministre d’avoir « personnalisé cet enjeu » en déclarant qu’on ne peut pas faire confiance au président Trump, alors qu’un nouvel accord de l’ALÉNA va durer 15 à 20 ans.

« On pense qu’il a fait une erreur dans un contexte où les négociations peuvent dérailler à tout moment, ça prend juste un tweet du président Trump. Ce chapitre ne serait pas nécessaire à la résolution d’un conflit commercial entre les deux pays, car il y a d’autres instances mondiales. Étant donné que les Américains se sont fixé une date limite, soit le 1er octobre 2018 pour pouvoir soumettre tous les documents et un accord finalisé au Congrès, cela met le Canada dans une très bonne position. Plus le Canada étire les discussions, plus il va pouvoir être en position de faire des demandes et d’obtenir des gains », a déclaré Christopher Monette.

Le représentant de Teamsters estime que le Canada pourrait émettre l’idée de remplacer le chapitre 19 par un tribunal consultatif qui rendrait des décisions qui ne seraient pas contraignantes.

M. Monette mentionne que les producteurs laitiers, qui ont envoyé une délégation pour les représenter et expliquer leurs attentes aux négociateurs du Canada à Washington, suivent les travaux de près et souhaitent voir la gestion de l’offre maintenue dans l’accord final.

« Le Canada peut être en mesure de garder son système de gestion de l’offre, tout en concédant aux Américains le chapitre 19, ce qui permettra d’arriver à la conclusion d’un accord gagnant pour toutes les parties », a conclu M. Monette.

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Catégories : Économie, Politique
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