À gauche, Donald Trump. À droite, le premier ministre canadien Justin Trudeau. Photo : Reuters

Négociations de l’ALENA : Trump et Trudeau saisissent leur téléphone

Un déblocage dans les négociations entre les États-Unis et le Canada sur un nouvel accord de libre-échange serait-il imminent? Chose certaine, le premier ministre canadien Justin Trudeau s’est entretenu par téléphone mardi avec Donald Trump, à la veille de la reprise des négociations entre Ottawa et Washington.

« Le premier ministre a réitéré son engagement à conclure un accord qui sera avantageux pour les deux pays», a indiqué dans un tweet le porte-parole de M. Trudeau, Cameron Ahmad.

Aucune réaction officielle de Trump ou de son équipe, pour le moment, concernant cet échange.

Officiellement, les deux dirigeants, dont les relations sont tendues depuis le dernier Sommet du G7 en juin dernier au Québec, ne se seraient pas parlé directement depuis plusieurs semaines.

Trump et le premier ministre canadien Justin Trudeau en marge du Sommet du G7 dans Charlevoix le 8 juin. (Saul Loeb / AFP / Getty Images)

Frustrations et menaces américaines

Le président américain a laissé entendre depuis un mois que si aucun compromis n’était trouvé avec le Canada, l’ALENA serait remplacé par des accords bilatéraux. L’administration Trump, pressée par divers calendriers électoraux, souhaite une entente d’ici le 1er octobre qu’elle pourrait alors soumettre à l’approbation du Congrès.

Justin Trudeau a cependant réitéré que le Canada n’était pas pressé de négocier un accord et qu’il visait d’abord et avant tout la négociation d’un bon accord.

« Chaque fois que nous travaillons ensemble, nous parvenons à régler de nouvelles choses et nous nous rapprochons du moment où une décision finale devra être prise », a-t-il déclaré lundi dans un entretien au magazine Maclean’s.

« Nous n’y sommes pas encore », a cependant ajouté le premier ministre Trudeau, tout en laissant entendre qu’un accord pourrait intervenir dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines.

Des républicains se montrent impatients devant la stratégie du Canada

Steve Scalise Photo : SUSAN WALSH / AP

Le troisième républicain le plus haut placé au Congrès a décoché un tir mardi à l’endroit du Canada. Il a exhorté les négociateurs canadiens à abandonner certaines de leurs tactiques intransigeantes sinon il risque d’être exclu de l’ALENA.

Dans un communiqué envoyé aux journalistes, Steve Scalise, whip de la majorité de la Chambre des représentants, a dit que d’autres législateurs américains étaient de plus en plus frustrés par le refus du Canada de céder aux demandes américaines et de chercher à retarder de manière continue les négociations.

« Le moment est venu pour le Canada de venir à la table et de finir cela », a-t-il lancé.

« Le Canada ne semble pas prêt à faire les concessions nécessaires pour un accord juste et de qualité. Bien que nous aimerions tous voir le Canada continuer à faire partie de cette coalition de trois pays, il n’y a pas un temps illimité pour que cela se fasse », a-t-il ajouté.

« Si le Canada ne coopère pas, menace-t-il, le Congrès n’aura plus le choix et devra considérer ses options afin d’aller de l’avant. »

Aide-mémoire…
La renégociation pour moderniser l’ALENA, qui lie depuis 1994 les économies américaine, canadienne et mexicaine, a été imposée en août 2017 par le président américain Donald Trump, qui considère ce traité comme « le pire » de l’histoire pour avoir détruit des emplois américains, notamment dans le secteur automobile.
Les discussions entre les deux pays achoppent notamment sur la protection du secteur laitier canadien et sur le dispositif de règlement des litiges commerciaux (dit chapitre 19), tous deux remis en question par l’administration Trump.

La responsable de la diplomatie canadienne est à Washington

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, avant son départ pour Washington, où se poursuivront les discussions sur la modernisation de l’ALENA. Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, est retournée à Washington mardi soir en vue de la nouvelle série de négociations avec le secrétaire américain au Commerce Robert Lighthizer.

Elle paraissait optimiste avant son départ. La ministre a cependant défendu bec et ongles l’approche posée d’Ottawa et réplique que « tout négociateur qui entreprend des pourparlers en croyant qu’il doit obtenir une entente à n’importe quel prix sera forcé de payer le prix maximum ».

« Il vaut mieux ne pas avoir d’accord qu’un mauvais accord. Il y a plusieurs enjeux dans cette négociation et un compromis est absolument toujours possible », a-t-elle dit au cours d’une conférence de presse au Parlement fédéral.

Les négociations se déroulent « dans une bonne ambiance, il y a de la bonne volonté et de la bonne foi des deux côtés, et tout cela est très, très positif », a-t-elle dit.

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Photo : CP

RCI avec l’Agence France-Presse, La Presse canadienne, CBC et la contribution de Radio-Canada

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