Des demandeurs d'asile arrivent au stade olympique de Montréal à l'été 2017. Photo : Radio-Canada

1 % seulement de tous les demandeurs d’asile illégaux au Canada ont été expulsés aux États-Unis

Le nombre total de renvois de migrants, venus des États-Unis et en situation irrégulière au Canada, reste très très faible malgré les affirmations initiales du ministre fédéral responsable qui a dû présenter ses excuses au Parlement lundi.

Depuis le début de l’année 2017, sur plus de 34 000 demandeurs d’asile qui sont entrés illégalement au Canada, seuls 398 d’entre eux – soit environ 1 % – ont été forcés de quitter le pays et de retourner en majorité aux États-Unis

Ces données officielles entrent donc en contradiction avec des affirmations faites à des journalistes, le week-end dernier, par le ministre responsable de la Sécurité frontalière qui a dû présenter ses excuses lundi aux parlementaires à Ottawa, la capitale canadienne.

Le ministre Bill Blair avait prétendu lors d’une entrevue accordée au réseau de télévision anglophone Global News que l’« écrasante majorité » des demandeurs d’asile ayant traversé la frontière hors des points d’entrée officiels dans les 21 derniers mois avaient dû quitter le pays depuis.

En présentant ses excuses lundi après-midi, le ministre a soutenu qu’il s’était « clairement mal exprimé » en prétendant que la plupart des migrants illégaux n’étaient plus en sol canadien. « Ce n’est pas le cas. Ils attendent le règlement de leur demande. Désolé pour la confusion évidente que j’ai provoquée », a-t-il déclaré.

Le ministre de la Sécurité frontalière, Bill Blair, s’excuse. PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Le nombre de demandeurs d’asile irréguliers des États-Unis augmente encore

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) révélait, la semaine dernière, que le nombre de demandeurs d’asile ayant traversé la frontière entre les États-Unis et le Canada de façon irrégulière a augmenté au mois d’août. Il s’agit du deuxième mois de suite de croissance après une tendance à la baisse qui s’était amorcée en mai dernier.

Les données de la police fédérale révèlent que le Canada a appréhendé 1747 demandeurs d’asile en situation irrégulière au mois d’août. Cela représente une hausse de 113 personnes par rapport à juillet. Au total, plus de 3300 demandeurs d’asile entrés au Canada de façon irrégulière ont été appréhendés en juillet et en août.

Si le nombre de personnes qui ont demandé l’asile au Canada après avoir franchi la frontière de façon irrégulière a légèrement augmenté en août, cette augmentation demeure bien inférieure aux sommets observés à l’été 2017 (8000 demandeurs d’asile). Cela avait obligé l’Armée canadienne à installer des rangées de tentes pour héberger temporairement les citoyens fuyants les États-Unis.

Pour l’année 2017, on dénombrait 49 775 demandes d’asile au Canada, dont 24 980 au Québec.

Un groupe de migrants traversant la frontière à Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec, en 2017. Photo : Radio-Canada/Ryan Remiorz

Un système surchargé, affirme l’opposition

La députée conservatrice Michelle Rempel La Presse canadienne / Adrian Wyld

Selon Michelle Rempel, porte-parole conservatrice en matière d’immigration, ces chiffres suggèrent que le système d’asile du Canada est lourdement surchargé par des personnes qui ne sont pas des réfugiés légitimes.

L’important retard dans le traitement des demandes inciterait des ressortissants étrangers à en tirer profit, sachant qu’ils pourraient attendre en moyenne 20 mois avant que l’on examine leur dossier, prétend Mme Rempel.

Elle exhorte de nouveau le gouvernement à renégocier l’Entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis, considérée comme un facteur important dans le récent afflux de demandeurs d’asile au Canada. L’accord empêche les demandeurs d’asile déjà présents sur le territoire américain de demander la protection du statut de réfugié à un point d’entrée officiel du Canada.

Le saviez-vous?
– Le gouvernement consacre 74 millions de dollars au cours des deux prochaines années pour permettre à la commission indépendante qui traite les demandes d’asile d’embaucher plus de personnel.
– De plus, Ottawa collabore avec des consulats et des ambassades à l’étranger pour faire comprendre que traverser la frontière de manière irrégulière ne permet pas une « entrée gratuite au Canada. »

À la frontière canadienne Crédit photo : Paul Chiasson La Presse canadienne

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada

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Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique
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