Selon le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer (au centre) les États-Unis et le Mexique sont prêts à signer un accord sans le Canada. REUTERS/Yuri Gripas

ALENA : le Canada sur la touche?

Faut-il y voir une tactique de négociation ou une menace réelle? Mardi, le secrétaire américain au Commerce, Robert Lighthizer, a fait savoir que les États-Unis et le Mexique poursuivraient leurs démarches pour adopter une nouvelle version de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) sans le Canada.

Les discussions entre Washington et Ottawa sur la renégociation de l’ALENA sont au point mort. Le problème, selon Robert Lighthizer, est que le Canada ne fait pas de concessions dans des secteurs essentiels. Même si, selon le responsable américain, « le Canada aimerait bien être dans l’accord ».

M. Lighthizer n’est pas découragé pour autant et précise que, pour l’instant, la Maison-Blanche n’a pas encore mis une croix sur le Canada, qu’il a qualifié, à la Chambre de commerce américaine, de partenaire commercial crucial pour les États-Unis. Il a toutefois souligné que Washington entendait conclure un accord de « grande qualité ».

Robert Lighthizer estime que le Canada est ferme sur des enjeux clés. (REUTERS / Edgard Garrido

La gestion de l’offre : le nœud gordien?

Rappelons que les États-Unis et le Mexique se sont entendus le mois dernier. Mais l’inclusion du Canada dans cette entente se bute encore à un certain nombre d’embûches comme la gestion de l’offre, une politique mise en place en 1972 par Ottawa. L’objectif de cette politique était de protéger le secteur agricole canadien contre les industries étrangères du lait, des œufs et de la volaille. Donc, elle permettait à la fois de stabiliser les prix au pays et aussi de limiter les importations.

Les adversaires de la gestion de l’offre y voient une mauvaise ingérence gouvernementale dans un secteur économique censé être régi par les règles du marché. Pour eux, le maintien des industries agricoles au sein d’un quasi-monopole n’est rien d’autre que du protectionnisme. Les Américains exhortent le Canada à y mettre fin. Mais jusqu’à présent, Ottawa a fait la sourde oreille aux demandes de Washington.

Les ministres du gouvernement Trudeau multiplient les contacts avec les membres de l'administration Trump. Photo Credit: (Adrian Wyld / Prensa Canadiense)

Le premier ministre Justin Trudeau et sa ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, disent privilégier les intérêts du Canada. Crédit photo : Adrian Wyld / La Presse canadienne)

Le président Donald Trump a informé le Congrès le mois dernier de son intention de signer un nouvel accord, avec ou sans le Canada, avant la fin novembre. Il voudrait boucler le dossier avant l’entrée en fonction du nouveau président mexicain. Le texte du nouvel accord est censé être dévoilé d’ici à la fin de la semaine pour assurer le respect d’un certain nombre de procédures et de délais administratifs.

Ottawa résiste

De l’aveu même de Robert Lighthizer, les négociateurs, qui s’efforcent de rester dans ce délai imposé par l’administration Trump, manquent de temps. Mais, ajoute-t-il, si les points de divergence entre Canadiens et Américains persistent, l’administration Trump demandera au Congrès d’approuver l’accord avec seulement le Mexique.

Peu impressionné par ce nouvel avertissement de l’administration américaine, le premier ministre Justin Trudeau et sa ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland ont une nouvelle fois rappelé mardi à New York qu’ils signeraient l’accord que s’il est dans l’intérêt des Canadiens.

(Avec l’AFP)

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